Le Congrès américain va décider aujourd’hui d’accorder ou non une aide militaire substantielle pour trois conflits qui pourraient dégénérer en guerre mondiale. Il s’agit de la guerre en Ukraine, de la guerre à Gaza et de l’éventuelle guerre contre Taiwan. Personne ne veut que ces guerres débordent, mais la plupart des pays concernés s’arment de plus en plus pour dissuader les pays belliqueux de se lancer dans des conquêtes téméraires. Ces trois pays sont principalement la Chine, l’Iran et la Russie. Trois pays alliés qui cherchent à renverser l’ordre mondial de l’après-Seconde Guerre mondiale. Bien entendu, leurs adversaires ne sont pas innocents. Mais ce ne sont pas non plus des dictatures. Les milliards de dollars devraient être votés sans trop de problèmes. Cependant, deux représentants républicains pro-russes et libertaires tentent de faire dérailler le projet de loi.
1) Qui veut réduire les aides financières et pourquoi ?
La Chambre des représentants doit voter trois projets d’aide militaire : un de 8 milliards de dollars américains, destiné à la politique « Indo-Pacifique », un de 26 milliards pour Israël, dont 9 pour l’aide humanitaire à Gaza, et un de 61 milliards destinés à pour l’Ukraine. C’est le troisième projet de loi qui pose problème. La représentante Marjorie Taylor Greene, républicaine de Géorgie, et Thomas Massie, républicain du Kentucky, qui ont tous deux adopté des positions pro-russes dans le passé, n’en veulent pas. Ils affirment que tant que la frontière entre les États-Unis et le Mexique n’est pas sécurisée, le gouvernement américain ne devrait pas donner d’argent aux pays étrangers pour les aider. Ils sont à la tête d’un petit groupe d’élus républicains qui pensent comme eux.
2) En quoi les manœuvres des opposants à l’aide à l’Ukraine sont-elles extraordinaires ?
Les élus républicains ne disposent que d’une seule majorité à la Chambre des représentants. Greene et Massie savent qu’une majorité d’élus des deux partis voteront probablement en faveur des projets de loi. Ils ont donc décidé de faire chanter le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, en menaçant de le faire tomber s’il soumettait au vote le projet de loi sur le financement de l’Ukraine. Peine perdue. Johnson a soumis au vote le plan ukrainien. Les démocrates ont décidé de soutenir Johnson. De sorte que, tout aussi extraordinaire, 165 d’entre eux ont voté en faveur du dépôt des projets de loi, alors que seulement 151 républicains ont voté en faveur du dépôt.
- Écoutez l’expert en politique internationale Loïc Tassé dans l’émission de Benoit Dutrizac via QUB :
3) Ce genre de vote est-il de bon augure ?
Il est rassurant de voir qu’une grande majorité d’élus, tant démocrates que républicains, ont décidé d’aller au-delà des querelles partisanes inutiles pour travailler ensemble. En ce sens, Donald Trump, en forte baisse dans les sondages depuis la mi-février, fait peut-être un peu moins peur à la majorité des élus républicains. Cela est de bon augure pour les alliés américains.
4) L’argent américain suffira-t-il ?
Les alliés des États-Unis auront toujours besoin d’argent pour défendre les États-Unis et leurs autres alliés contre la Chine, l’Iran ou la Russie. En tout cas, jusqu’à ce que ces dictatures soient remplacées par des démocraties.
5) L’isolationnisme américain est-il en train de résurgir ?
C’est tout le contraire qui semble se produire, notamment face à la montée en puissance de la Chine, de l’Iran et de la Russie. Ce retour au réalisme politique est le bienvenu.
