Les Etats-Unis ont mis fin au minuscule espoir des Palestiniens d’une pleine adhésion à l’ONU, en opposant sans surprise au Conseil de sécurité une demande fustigeée par leur allié israélien, en pleine guerre à Gaza.
Depuis plusieurs semaines, les Palestiniens, au statut inférieur depuis 2012 État observateur non membre
ainsi que les pays arabes ont imploré le Conseil d’accepter qu’un État palestinien
déjà reconnu par la majorité des capitales prend sa place légitime
au sein des Nations Unies.
Accorder à la Palestine l’adhésion à part entière à l’ONU atténuerait une partie de l’injustice historique subie par des générations de Palestiniens.
Ziad Abu-Amr, un haut responsable de l’Autorité palestinienne, a plaidé jeudi devant le Conseil.
Les Etats-Unis, qui ont tout fait pour retarder le vote, n’ont pas hésité à user de leur droit de veto dont ils usent régulièrement pour protéger leur allié israélien.
Le projet de résolution présenté par l’Algérie, qui recommande à l’Assemblée générale que l’État de Palestine soit admis comme membre des Nations Unies
a obtenu 12 voix pour, 1 contre et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse).
Ne pas agir serait une erreur grave et impardonnable. Ne pas se réveiller aujourd’hui permettrait la continuation de l’injustice et de l’impunité, une honte éternelle
a lancé l’ambassadeur d’Algérie Amar Bendjama juste avant le vote.
Ziad Abu-Amr, membre de la délégation palestinienne, quitte la salle après le vote des États-Unis contre l’adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU, le 18 avril 2024.
Photo : Reuters / Eduardo Muñoz
L’admission d’un État à l’ONU doit recevoir une recommandation positive du Conseil (au moins 9 voix sur 15 favorables, sans veto d’un membre permanent), puis être approuvée par l’Assemblée générale, à la majorité des deux tiers. .
Les Etats-Unis estiment que l’ONU n’est pas le lieu idéal pour la reconnaissance d’un Etat palestinien, qui devrait selon eux être le résultat d’un accord entre Israël et les Palestiniens. Ils soulignent également que la législation américaine les obligerait à réduire leur financement de l’ONU en cas d’adhésion palestinienne en dehors d’un tel accord bilatéral.
Le dernier veto à l’adhésion d’un État à l’ONU remonte à 1976, lorsque les Américains bloquèrent l’entrée au Vietnam.
Action immoral
selon Israël
Les Israéliens ont également dénoncé avec virulence l’initiative palestinienne, critiquant le simple fait que le Conseil examine la demande palestinienne que leur ambassadeur à l’ONU Gilad Erdan a jugé immoral
.
Un état paisible, quelle blague !
a-t-il déclaré, en référence à la Charte des Nations Unies qui stipule que l’une des conditions d’adhésion est d’être un État. pacifique
.
Le gouvernement israélien s’oppose à la solution à deux États, soutenue par une grande majorité de la communauté internationale, y compris les États-Unis.
Et la majorité des 193 États membres de l’ONU (137 selon le décompte de l’Autorité palestinienne) reconnaissent unilatéralement un État palestinien.
Au bord du précipice
Dans ce contexte, le secrétaire général de l’ONU a dressé devant le Conseil de sécurité un tableau effrayant de la situation au Moyen-Orient.
Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Ces derniers jours ont été marqués par une dangereuse escalade, par les paroles et les actes.
a déclaré Antonio Guterres.
Un mauvais calcul, une mauvaise communication, une erreur pourraient conduire à l’impensable, à un conflit régional généralisé qui serait dévastateur pour toutes les personnes impliquées et pour le reste du monde.
a lancé le secrétaire général, réitérant sa condamnation notamment de l’attaque sans précédent de l’Iran contre Israël le week-end dernier.
Il est grand temps de mettre fin au cycle sanglant des représailles
il a plaidé, appelant à éloigner la région du précipice
.
À commencer par Gaza
Ou six mois et demi d’opérations militaires israéliennes ont créé un enfer humanitaire
a-t-il déploré, décrivant deux millions de Palestiniens endurant mort, destruction, refus d’une aide humanitaire vitale
.
La guerre a été déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre contre Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de 1 170 personnes, pour la plupart des civils, selon un rapport du ministère de la Défense.AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Les opérations de représailles israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 33 970 morts, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.