Alexandre de Moraes. Le puissant juge brésilien vilipendé par Musk

Alexandre de Moraes. Le puissant juge brésilien vilipendé par Musk
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Puissant, diviseur et implacable, Alexandre de Moraes mène depuis la Cour suprême du Brésil une croisade contre la désinformation qui l’a mis en conflit avec l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro et, plus récemment, le magnat Elon Musk.

Une Source proche du magistrat assure que M. Moraes « a toujours des ambitions politiques ». Et pourquoi ne pas « devenir président », même si l’intéressé n’en a jamais parlé publiquement

Chauve avec une tête lisse qui brille sous les projecteurs, des sourcils épais, un regard sévère : son physique participe à son image de juge fort. Mais en coulisses, ce magistrat de 55 ans qui préside également le Tribunal électoral supérieur (TSE) est décrit comme un homme plein d’humour.

Pour Elon Musk, c’est un « dictateur » qui musele la liberté d’expression. Depuis le 6 avril, le patron de Tesla et SpaceX multiplie les attaques à son encontre sur sa plateforme X (anciennement Twitter). Il a menacé de ne plus se conformer aux ordonnances du tribunal.

« Xandao », comme on le surnomme au Brésil, a réagi en ordonnant l’ouverture d’une enquête à son encontre, invoquant une prétendue « exploitation criminelle de X ».
Dans un pays très polarisé, certains accusent ce juge de censure et d’abus de pouvoir, tandis que d’autres vantent sa défense intraitable de la démocratie, face aux attaques répétées de Jair Bolsonaro et de ses partisans contre les institutions.

Rien ne semblait pourtant prédestiner ce spécialiste du droit constitutionnel à devenir la bête noire de l’extrême droite brésilienne.
Alexandre de Moraes a été nommé à la Cour suprême en 2017 par l’ancien président de centre-droit Michel Temer (2016-2018), où il était ministre de la Justice.

Et lors de son passage comme secrétaire à la Sécurité d’État de Sao Paulo, entre 2015 et 2016, il a été critiqué par la gauche, qui l’accusait de réprimer les mouvements sociaux.
“C’est un animal politique”, a déclaré à l’AFP Antonio Carlos de Freitas, expert en droit constitutionnel, décrivant une “ascension fulgurante” au plus haut tribunal du pays.

« Il entretient de bonnes relations dans plusieurs domaines, y compris avec les militaires », confie une Source au sein du TSE.
En juin 2023, la justice électorale présidée par Alexandre de Moraes a déclaré Jair Bolsonaro inéligible pendant huit ans pour diffusion de fausses informations sur le système électoral brésilien.

Aujourd’hui, il reste en charge des enquêtes les plus sensibles visant l’ancien chef de l’Etat (2019-2022).
L’un d’eux concerne un prétendu coup d’État prévu pour empêcher le retour au pouvoir de Luiz Inacio Lula da Silva, qui l’a battu aux élections d’octobre 2022.
Ce plan prévoyait, selon les enquêteurs, l’arrestation d’Alexandre de Moraes.

Une autre enquête sous la responsabilité de ce magistrat tente d’établir si l’ex-président a été l’instigateur des émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia, lorsque des milliers de ses sympathisants, refusant d’accepter la victoire de Lula, ont saccagé les lieux de pouvoir.

Le juge Moraes avait déjà ordonné l’ouverture d’enquêtes contre M. Bolsonaro et ses proches lorsqu’il était président, ce qui lui avait valu d’être qualifié de « canaille » par l’intéressé en 2021.
“Il est devenu l’ennemi des bolsonaristes (…) en s’attaquant à la désinformation”, a déclaré Antonio Carlos de Freitas.
Au nom de la lutte contre les fake news, le magistrat a ordonné le blocage des comptes de personnalités influentes des mouvements ultraconservateurs brésiliens sur les réseaux sociaux.

Elon Musk a récemment laissé entendre qu’il allait les débloquer. Mais il n’a, pour l’instant, pas pris de mesures. Mieux : les représentants de X au Brésil ont informé le juge Moraes qu’ils se conformeraient aux décisions de la justice brésilienne, dans une lettre datée du 13 avril et consultée mardi par l’AFP.

Le bras de fer a inspiré les plaisanteries des internautes espérant qu’il se transformerait en un véritable combat sur un ring, à l’image de celui qui était censé opposer M. Musk au patron du Meta Mark Zuckerberg, mais qui n’a finalement jamais vu le jour.
Le juge Moraes aurait des arguments à faire valoir : c’est un passionné de muay-thaï.

Avare de commentaires dans la presse ou sur son compte X intitulé « @Alexandre », qui compte un million d’abonnés, le magistrat préfère s’exprimer lors des séances de la Cour suprême.
“La liberté d’expression n’est pas la liberté d’agression”, a-t-il tonné la semaine dernière.

 
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