Pas d’écran avant 3 ans, pas de téléphone avant 11 ans… des propositions choquantes pour limiter les usages chez les enfants

Les conséquences des écrans sur la santé des enfants restent sujettes à débat. Mais “ il existe un consensus très clair sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans sur (…) le sommeil, la sédentarité » qui favorise le surpoids et l’obésité, et « myopie « . ” Concernant le développement des enfants et de leur cerveau, il est important d’être vigilant quant aux effets des écrans sur les plus jeunes. », écrivent les experts. ” En matière de santé mentale, notamment de dépression et d’anxiété, l’utilisation des médias sociaux semble être un facteur de risque lorsqu’il existe une vulnérabilité préexistante. « . Enfin ” les dépistages ne sont pas à l’origine de troubles du développement neurologique, notamment des troubles de l’attention ou des troubles du spectre autistique, mais une vigilance est de mise quant à leur utilisation excessive pour éviter l’amplification des symptômes. « .

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D’autre part, “ le niveau d’exposition des enfants et adolescents à des contenus inappropriés (pornographique et violent) paraît alarmant. » Sans parler de la mise en danger directe (cyberharcèlement, pédopornographie). Mais aussi, ce dont on parle moins, c’est la construction d’une société sans imaginaire commun et le risque d’un moindre accès au pluralisme de l’information à cause des algorithmes enfermants.

Face à la marchandisation de nos enfants, la commission propose de reprendre le contrôle de nos écrans. » Voici ses propositions.

Un âge, un usage

Recommandation des experts : pas de dépistage avant trois ans et accès » sévèrement limité “, “ occasionnel “, ” avec un contenu pédagogique de qualité et accompagné d’un adulte », avant six ans. ” Limiter au maximum l’usage du téléphone portable dans les maternités ” et à avoir ” utilisation la plus modérée possible des téléviseurs dans les chambres « . La commission propose d’interdire les jouets connectés destinés aux enfants de moins de 6 ans, hors boîtes à histoires connectées. Pas d’écrans dans les crèches, pas d’ordinateurs ni de téléviseurs dans les classes maternelles. Et la commission suggère « actions renforcées » avec des assistantes maternelles pour qu’il n’y ait pas d’écran en présence de jeunes enfants, même « en arrière-plan ».

Pour les plus grands, pas de téléphone avant 11 ans. Entre 11 et 13 ans, la commission recommande d’équiper les jeunes d’un téléphone sans internet. A 13 ans, mon premier smartphone mais sans accès aux réseaux sociaux. Les experts recommandent que la déclaration « Ne convient pas aux moins de 13 ans » apparaît sur les smartphones et que la déclaration de la date de naissance de l’utilisateur est fournie lors de l’achat d’un smartphone et de la souscription à un forfait. Enfin, la commission recommande un soutien politique fort pour accompagner les acteurs à investir sur ce marché en développant des téléphones et des forfaits adaptés aux jeunes selon des recommandations par âge.

La fascination du smartphone. – PHOTO SÉBASTIEN COURDJI

Dès 15 ans, pourquoi pas un accès aux réseaux sociaux, mais éthiques, précise la commission. C’est-à-dire des réseaux comme Mastodon ou Bluesky, très peu utilisés aujourd’hui.

Lutte contre les « services prédateurs »

Le groupe d’experts appelle à être plus offensif contre « services prédateurs » acteurs économiques. Il s’agirait, comme pour les médicaments, d’exiger qu’ils démontrent, avant leur mise sur le marché, « l’absence d’effets néfastes et une balance bénéfice-risque favorable » de leurs algorithmes. Déjà, insiste la commission, il faut « mettre fin aux éléments de conception les plus nocifs », comme les mécanismes de « fil à déroulement infini “, de ” lancement automatique et sans fin » vidéos ou hyper-notifications.

En plus de favoriser l’émergence de modèles plus éthiques, le groupe souhaite exiger des opérateurs qu’ils offrent la possibilité aux utilisateurs de prendre plus facilement le contrôle de la configuration des fonctionnalités des applications. Les paramètres par défaut visant à protéger la vie privée, la santé et la sécurité des enfants seraient renforcés.

Concernant les jeux vidéo, la commission appelle à une interdiction stricte des ventes en fonction des catégories d’âge, sur le modèle du Royaume-.

Mieux protéger

Contrôle parental? Un échec pour les experts, qui constatent que les acteurs économiques l’utilisent cyniquement pour rassurer les parents, sans en apprécier la réelle efficacité. ” L’idée serait qu’une seule interface (non lié à une seule plateforme ou opérateur de service) vous permet de contrôler toutes les protections disponibles pour accompagner et protéger votre enfant », plaide le rapport. L’ambition, poursuit le rapport, est d’accompagner l’émergence d’un modèle économique viable, garantissant l’accès aux familles à des solutions de protection sans lourdeur ni complexité.

Concernant les contenus pornographiques, les experts placent leurs espoirs dans « le déploiement ferme du DSA “, LE loi sur les services numériques européen, qui devrait permettre de sécuriser l’accès aux sites internet. Mais, insistent-ils, c’est nécessaire » en même temps investir dans la production de ressources adaptées aux interrogations légitimes des enfants sur leur vie affective et sexuelle » : « repeupler les bibliothèques de romans et de livres pédagogiques ; mettre des ressources à disposition des jeunes en ligne, à la télévision, en séries, en podcasts »… pour ne pas laisser le champ libre aux contenus pornographiques.

Former, accompagner, déconnecter

Le groupe d’experts propose de renforcer l’éducation numérique et ses dangers dès l’école primaire. Mais, au-delà, il estime nécessaire de proposer aux jeunes des mesures pour compenser au maximum certains des effets néfastes des écrans sur la santé.

Sur le sommeil, le rapport appelle à des actions fortes de sensibilisation, voire à modifier les horaires scolaires » par exemple en repoussant à 10 heures le début des cours au collège et au lycée » pour s’adapter aux besoins physiologiques des jeunes.

Sur le sport, les membres du groupe recommandent d’aller au-delà de l’objectif de 30 minutes par jour pour les moins de 10 ans. Pour lutter contre la myopie, il faudrait, ajoutent-ils, augmenter le temps passé dehors (au moins 2 heures par jour).

Plus généralement, le comité milite pour « investir massivement dans le développement du réelalternatives» sur les écrans », trop souvent considéré comme un « investissement sûr « . Pour ce faire, il s’agirait d’aménager des espaces de jeux (sans écrans) et de lecture dans toutes les zones d’attente, ainsi que de s’appuyer sur des seniors retraités et des bénévoles pour proposer des activités.

Pour les parents, le rapport prône une information plus complète dès la période de grossesse et un temps d’échange” l’état d’exposition de l’enfant aux écrans » à certaines étapes clés du parcours de santé.

Enfin, les experts plaident pour un droit à la déconnexion. Cela passerait par la création de lieux « zéro connexion » dans les espaces publics, les commerces et les bars-restaurants. Et pourquoi pas, demandent-ils, des rituels de déconnexion à certaines dates ou heures de la journée ?

Deux jeunes filles face à leurs écrans, à Estaires, pendant les vacances scolaires.
Deux jeunes filles face à leurs écrans, à Estaires, pendant les vacances scolaires. – PHOTO SÉBASTIEN COURDJI

Et maintenant ?

Les experts de la commission doivent être reçus ce mardi à 16 heures à l’Élysée par le président de la République. Emmanuel Macron va « s’imprégner des mesures », acceptons-nous d’expliquer au Château, sans présumer des conséquences qui seront données. “ Il peut y avoir des interdictions, des restrictions », y compris sur le contenu, avait toutefois prévenu le président le 16 janvier.

Relevé à plusieurs reprises, le sujet tient à coeur au chef de l’Etat. Certains ministères pourraient donc être chargés d’étudier les modalités de mise en œuvre des pistes ouvertes par le rapport, soit sous forme réglementaire, soit par le biais d’un projet de loi. Les parlementaires, qui pourront entendre les membres de la commission, auront également la possibilité de s’en saisir en vue de proposer des lois.

Sans attendre, certains députés se sont lancés. Début avril, les Républicains Annie Genevard et Antoine Vermorel-Marques ont déposé une proposition de loi interdisant toute exposition aux écrans pour les enfants de moins de 3 ans gardés par une assistante maternelle ou dans une crèche.

(1). La compilation de toute la littérature scientifique et l’audition de 150 jeunes et d’une centaine d’experts

 
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