Mali : les médias désormais interdits de couvrir les partis politiques

Mali : les médias désormais interdits de couvrir les partis politiques
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A la Une du quotidien gouvernemental malien L’Essor, la politique nationale fait la Une, mais il n’y a que la Une du pouvoir militaire et de ses organes, du chef de l’Etat au Conseil national de transition en passant par le gouvernement. Si l’on retrouve en page intérieure le communiqué du conseil des ministres, le titre « Le président Goïta appelle à une participation forte au dialogue inter-malien » traverse la Une du journal.

(Re)lire Mali : après la « suspension » des activités des partis politiques, l’interdiction faite aux médias d’en parler

Mais l’information cruciale à retenir est que les activités des partis politiques et des associations à caractère politique sont « suspendu jusqu’à nouvel ordre ». “C’est une mesure impersonnelle qui ne vise aucun parti en particulier” selon le colonel Maïga, porte-parole du gouvernement cité par L’Essor. « Pour lui, il s’agit plus précisément de maintenir un climat de sérénité pour la tenue du Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale. En un mot, la mesure vise à préserver l’ordre public”commentaires sur cette publication gouvernementale.

Mais le couperet de la censure qui s’abat sur le Mali ne se limite pas aux organisations à caractère politique. Moins de 24 heures plus tard, la Haute Autorité de la Communication (HAC) « invite tous les médias (radio, télévision, journaux écrits et en ligne) à cesser toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités politiques des associations » rapporte le journal qui publie l’intégralité du communiqué de la HAC sur son site.

Pour le site d’information malien Maliweb, « Cette mesure de la HAC crée un grand émoi au sein de l’espace médiatique au Mali. Cette fermeture des bureaux politiques créera un immense vide informationnel et détournera l’opinion publique du débat démocratique à un moment crucial de la vie de la nation malienne. »constate un journaliste politique d’un grand quotidien.

« Une fuite en avant dangereuse »

Le journal privé L’Indépendant du 11 avril consacre sa Une à la suspension de tous les partis politiques au Mali. Conscient du tournant liberticide qui s’opère, le quotidien se démarque par son éditorial intitulé « Une fuite en avant dangereuse ». “Il s’agit d’une réponse inattendue au constat de ‘fin de la transition’ fait le 26 mars par des acteurs politiques et sociaux parmi les plus représentatifs du pays et à leur demande de tenir des discussions urgentes pour décider d’un troisième et dernier calendrier électoral pour le retour à l’ordre constitutionnel », écrit le journaliste Saoudi Haidara qui signe cet éditorial.

Voir Mali : polémique autour de la durée de la transition

Pour L’Indépendant, “la peur [qui] s’installe parmi les véritables maîtres du pays face à la « mobilisation » annoncée de la classe politique et des organisations de la société civile dans un contexte de déliquescence sociale (coupures d’électricité, cherté de la vie, chômage, etc.) propice à tous les dérapages ».

« dérive autoritaire » du pouvoir malien « aura une double conséquence dans peu de temps, commente le journal en conclusion. La première est que les partis politiques et associations victimes vont s’organiser davantage pour résister au pouvoir en place. la seconde est l’accentuation de la campagne de discrédit contre la transition malienne à l’échelle mondiale, conduisant à plus d’isolement, plus de désinvestissement, plus de pauvreté. Jusqu’a quand ?”

Vers une confrontation

Publié intégralement en première page, ce texte est d’autant plus courageux qu’il est signé. Au moment où nous terminons ce numéro, le chroniqueur politique Saoudi Haidara ignore probablement qu’il ne pourra peut-être plus exercer son métier, après la censure imposée par la HAC.

Une impasse commence. Dans un communiqué du 11 avril, la Maison de la Presse, après consultation des organisations faîtières réunies à son siège, “appelle l’ensemble de la presse malienne à ne pas se soumettre aux injonctions de la HAC et invite ses médias à rester debout, unis et mobilisés pour défendre le droit du citoyen à l’information.” Et cette organisation de se réserver « le droit de mener toute action pour respecter la liberté de la presse au Mali ».

 
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