La torture mafieuse était déjà pratiquée au néolithique

La torture mafieuse était déjà pratiquée au néolithique
Descriptive text here

Trois squelettes femelles gisaient dans une fosse construite comme un silo à grains, avec des murs tapissés de paille. L’un placé au centre, enterré avec un vase, les deux autres poussés contre le mur, les genoux fléchis.

Une position inhabituelle laissant penser que les deux malheureuses avaient été tuées lors d’un sacrifice. “Mais nous n’avions pas de diagnostic précis”, a déclaré à l’AFP Eric Crubézy, professeur à l’université Toulouse III-Paul Sabatier et au Centre d’anthropologie et de génomique de Toulouse, qui a coordonné l’étude publiée dans Avancées scientifiques.

Lire aussi : Pascal Picq : « Avec les premières sociétés agricoles du Néolithique, la condition des femmes s’est dégradée »

Pas d’effusion de sang

Il y a trois ans, ce chercheur en anthropologie biologique a voulu élucider le mystère et a décidé d’utiliser les données des fouilles de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), entreprises dans les années 1980 et conservées depuis dans son laboratoire. Une nouvelle analyse des os, réalisée avec le directeur de l’Institut médico-légal de Paris, Bertrand Ludes, a révélé que les victimes étaient décédées par asphyxie.

La position des squelettes suggère clairement aux scientifiques la torture de l’incaprettamento, dont une forme a été découverte dans les années 1950 sur des ossements humains vieux de 10 000 ans dans une grotte en Sicile.

La torture consiste à placer la victime sur le ventre, les genoux fléchis le plus possible, avec une corde nouée autour du cou et des chevilles. Avec la fatigue, les jambes se détendent, mettant inévitablement la corde sous tension conduisant à l’auto-étranglement.

« Un supplice particulier en raison de sa cruauté mais aussi parce que l’officiant n’a pas besoin de mettre à mort le sujet sacrifié, et aucun sang n’est versé », observe le professeur Crubézy. L’acte peut même être interprété comme “un suicide symbolique où la victime provoque sa propre mort”, ajoute l’étude.

Lire aussi : Dans les sous-sols valaisans, la naissance de l’humain moderne

Rituels de récolte

La forme en cloche de la fosse où reposaient les deux victimes évoquait l’idée d’un silo, mais sans contenir la moindre trace de graine, soulignant la dimension sacrificielle de la tuerie. Autre indice : la fosse était placée dans une structure en bois dont les ouvertures étaient volontairement orientées vers les solstices d’été et d’hiver, en lien avec le cycle des saisons.

Au Néolithique, Saint-Paul-Trois-Châteaux était un « lieu de rassemblement », où des groupes agro-pastoraux venaient de loin pour des rituels liés aux récoltes, comme le bris des meules, le sacrifice de chiens, de bétail, plus rarement de l’humain, développe le chercheur.

Des études comparatives menées sur 14 autres sites similaires, en Europe centrale et en Catalogne, ont révélé la marque du même meurtre rituel sur une vingtaine de squelettes, signe que la pratique était largement diffusée au sein des sociétés agraires. Et ce depuis au moins 2000 ans, le premier cas remontant à 5500 ans avant notre ère, détaille l’étude.

Ces rites ont fini par disparaître au moment de l’expansion de la culture mégalithique des côtes atlantiques vers les zones méditerranéennes. Les communautés ne se rassemblaient plus autour de silos mais de dolmens, « où certains morts étaient reçus avec des rites différents », sans trace de torture, conclut le professeur Crubézy.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Guerre en Ukraine | Washington appelle ses alliés à donner des systèmes Patriot à l’Ukraine