Jacob Zuma est candidat sur la liste du petit parti radical récemment créé Umkhonto We Sizwe (MK, « Lance de la Nation » en zoulou). Ancien pilier de l’African National Congress (ANC) au pouvoir depuis 30 ans, cet acteur majeur de la lutte contre l’apartheid a créé la surprise en annonçant en décembre son soutien au MK.
Une économie plombée par le chômage
L’ANC, embourbé dans les affaires et tenu pour responsable d’une économie plombée par un chômage endémique et une pauvreté croissante, craint de perdre pour la première fois sa majorité parlementaire et d’être ainsi contraint de former un gouvernement de coalition.
En annonçant sa décision d’exclure Jacob Zuma, la commission électorale a rappelé les conditions d’éligibilité prévues par la Constitution et souligné notamment qu’une personne condamnée à une peine de prison de plus de 12 mois ne peut se présenter.
Toujours poursuivi pour corruption, l’ancien président (2009-2018) a été condamné en 2021 à 15 mois de prison pour outrage. Il a été libéré sous condition moins de trois mois après son incarcération pour des raisons de santé. La plus haute juridiction du pays avait alors statué que Jacob Zuma devait retourner en prison, mais l’actuel président Cyril Ramaphosa a finalement réduit sa peine.
Lors d’une audience à Johannesburg lundi, l’avocat de MK, Dali Mpofu, a soutenu que « la peine finale, après la remise, est de trois mois ».
Présent au tribunal, Jacob Zuma a déclaré à une centaine de partisans brandissant des pancartes « Libérez Jacob Zuma » : « Si la majorité veut que je sois président, qu’est-ce qui pourrait les arrêter ?
“Le président Zuma figurera sur les bulletins de vote”, a posté triomphalement mardi l’une des filles de l’ancien chef de l’Etat, Duduzile Zuma-Sambudla, en louchant derrière de fines lunettes.
La tension monte
Depuis le début de la campagne, les tensions sont montées entre l’ANC et le MK. Fin mars, la justice a rejeté une demande du parti au pouvoir exigeant que MK soit retiré des listes des partis enregistrés pour les élections.
Une décision est toujours attendue après que l’ANC a déposé un autre recours, exigeant cette fois que MK change son nom et son logo. MK était lors de la lutte contre le régime blanc le nom de la branche armée de l’ANC, qui dénonçait un « vol de propriété intellectuelle et de patrimoine ».
Les autorités ont récemment appelé au calme, craignant d’éventuels troubles. Les membres du MK ont promis ces dernières semaines sur les réseaux sociaux « l’anarchie dans le pays » et « des émeutes comme jamais auparavant » si la justice « sous contrôle » mettait des obstacles au MK avant les élections.
L’incarcération de Jacob Zuma en 2021 a été suivie d’une vague d’émeutes et de pillages sans précédent en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid, faisant plus de 350 morts.
Selon les sondages, l’ANC pourrait plonger jusqu’à environ 40 % dans les sondages, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), dépassant les 30 % et le MK atteignant plus de 10 %. Les listes définitives des candidats doivent être publiées mercredi.