Le Mexique portera l’affaire devant la Cour internationale de Justice

Le Mexique a annoncé lundi son intention de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, après la descente de police dans son ambassade en Équateur, qui a déclenché une rupture des relations diplomatiques et un tollé international.

Le personnel diplomatique mexicain basé à Quito a quitté l’Equateur dimanche, deux jours après la descente de police à l’ambassade pour arrêter un ancien vice-président qui y avait trouvé asile.

Dès demain, nous irons devant la Cour internationale de Justice, où nous présenterons ce triste cas. Nous pensons que nous pouvons gagner notre cause rapidement.

Une citation de Alicia Barcena, chef de la diplomatie mexicaine

Les diplomates et les membres de leurs familles ont embarqué sur un vol commercial à Quito après avoir été accompagnés à l’aéroport par les ambassadeurs allemand, panaméen, cubain et hondurien, selon le ministère des Affaires étrangères.

L’intrusion – sans précédent récent dans le monde – de policiers équatoriens dans l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ancien vice-président équatorien accusé de corruption Jorge Glas, qui y avait trouvé refuge, suscite depuis vendredi une avalanche de critiques.

Les forces spéciales de la police équatorienne sont entrées dans l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ancien vice-président équatorien Jorge Glas le 5 avril 2024.

Photo : Getty Images / AFP / ALBERTO SUAREZ

Dans la foulée, le Mexique a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec l’Équateur, suivi du Nicaragua.

L’Équateur critiqué de toutes parts

Le raid a été condamné par les gouvernements de gauche de toute l’Amérique latine, du Brésil au Venezuela en passant par le Chili et même par l’Argentine du président ultralibéral Javier Milei, ainsi que par l’Organisation des États américains, l’Union européenne et l’Espagne.

Alarmele secrétaire général deONU, Antonio Guterres, a déclaré qu’il estime que toute violation des forums diplomatiques compromet la poursuite de relations internationales normalesselon son porte-parole.

Les Etats-Unis – qui condamnent toute violation de la Convention de Vienne – a encouragé le Mexique et l’Équateur résoudre leurs différends conformément aux normes internationales. Cette convention de 1961 prévoit que les ambassades et consulats sont inviolables.

La présidente du Honduras, Xiomara Castro, qui assure la présidence provisoire de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a convoqué lundi une réunion d’urgence.

Enfin, le président bolivien Luis Arce a annoncé dimanche que son gouvernement avait rappelé son ambassadeur en Equateur et convoqué l’ambassadeur équatorien en Bolivie pour des explications.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé un violation flagrante du droit international et de la souveraineté mexicaine et a déclaré qu’il avait l’intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice.

Jorge Glas détenu dans une prison de Guayaquil

Jorge Glas, 54 ans, a été transféré samedi dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (sud-ouest de l’Equateur), selon des sources gouvernementales.

C’est totalement hors norme. J’ai très peur qu’ils tuent Jorge Glas.

Une citation de Roberto Canseco, chef de la mission diplomatique mexicaine en Équateur
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Le chef des Affaires étrangères et politiques mexicaines en Équateur, Roberto Canseco Martínez, a déclaré dimanche

Photo : Reuters/Quetzalli Nicte-Ha

Le Mexique a accordé vendredi l’asile à Jorge Glas, réfugié dans son ambassade à Quito depuis le 17 décembre et faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour corruption présumée.

Quito a décrit cette décision commeillégal en dénonçant un abus des immunités et des privilèges accordés à l’ambassade ainsi que l’ingérence dans ses affaires intérieures. Jorge Glas a fait l’objet d’une condamnation exécutoire et d’un mandat d’arrêt délivré par les autorités compétentesa commenté le ministère équatorien de la Communication.

Qui est Jorge Glas?

Jorge Glas, vice-président entre 2013 et 2017 sous la présidence du socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction des villes côtières après un tremblement de terre en 2016.

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Jorge Glas, ancien vice-président équatorien (photo d’archives)

Photo : Presse associée / Dolores Ochoa

Il avait déjà été condamné en 2017 à six ans de prison pour corruption dans un vaste scandale impliquant le géant brésilien du BTP Odebrecht et il avait été libéré en novembre dernier.

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