pourquoi les températures battent tous les records depuis mi-2023

pourquoi les températures battent tous les records depuis mi-2023
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Avec une moyenne de 14,98°C sur l’ensemble du globe, 2023 est classée comme l’année la plus chaude enregistrée depuis 1850. Et les températures enregistrées dans les premières semaines de 2024 suivent la même tendance : de 1euh De janvier au 20 février, la moyenne terrestre affiche +0,55°C par rapport à la même période de 2023. Ces niveaux exceptionnels sont le résultat d’une combinaison de facteurs.

2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée

Température journalière moyenne à la surface de la Terre depuis 1940.


Moyenne 1991-2020


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Sources : CEPMMT (Réanalyses ERA5) via Climate Reanalyzer

Le principal coupable : le réchauffement lié aux gaz à effet de serre d’origine humaine

Les températures exceptionnelles enregistrées à travers le monde depuis début 2024 sont avant tout la conséquence des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. Depuis 2013, le climat de la Terre s’est réchauffé de 0,21°C en raison des émissions anthropiques, ce qui en fait le principal contributeur à la situation record enregistrée en 2023. « Rien de ce que nous avons vu en 2023 n’aurait été possible sans la prise en compte des gaz à effet de serre émis »résume Carlo Buontempo, climatologue et directeur du département changement climatique au sein du programme Copernicus de l’Union européenne.

L’invité majeur, attendu par les climatologues : El Niño

Le deuxième facteur du réchauffement climatique est le phénomène naturel El Niño, qui se produit tous les deux ans. Après deux années d’événements La Niña, qui ont à l’inverse légèrement refroidi l’atmosphère, El Niño a débuté au printemps 2023, comme l’attendaient les scientifiques. Les températures terrestres ont alors décollé, dépassant tous les niveaux enregistrés précédemment.

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« C’est assez classique. En 2016, c’était pareil. C’est plutôt durant l’hiver boréal (de novembre à mars) que l’effet d’El Niño sur la température globale est le plus fort.commente Christophe Cassou, climatologue, directeur de recherche au CNRS et auteur principal du sixième rapport du GIEC (groupe 1). « Depuis plusieurs années, nous sommes dans une phase plus froide que la normale, liée à une configuration La Niña dans le Pacifique tropical. A partir de juin 2023, nous sommes passés, avec El Niño, dans une configuration chaleureuse de variabilité interne »confirme Julien Cattiaux, chargé de recherche CNRS au Centre national de recherches météorologiques (CNRM).

Les eaux chaudes de l’est de l’océan Pacifique ont progressivement augmenté la température de l’atmosphère dans une vaste zone tropicale. Finalement, El Niño 2023-2024 a été jugé fort “modéré”. Il a réchauffé le Pacifique tropical et l’Amérique latine d’environ 1,14°C et la moyenne mondiale de 0,16°C, soit un peu plus que ce qui est habituellement observé (+1°C dans la zone touchée, + 0,1°C au niveau mondial), mais moins qu’en 2016 (respectivement + 2,12°C et + 0,17°C). El Niño culmine normalement à la fin de 2023 et devrait s’atténuer d’ici le milieu de 2024, ce qui devrait faire baisser légèrement la température mondiale moyenne.

Les eaux de surface des océans battent des records de température

Température quotidienne moyenne à la surface des océans de la Terre depuis 1981.


Moyenne 1982-2011


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Sources : CEPMMT (Réanalyses ERA5) via Climate Reanalyzer

L’invité surprise : chaleur extrême dans l’Atlantique Nord

Si El Niño était anticipé, ce n’est pas le cas des fortes anomalies de température enregistrées dans l’océan Atlantique Nord depuis l’été 2023. Les scientifiques ont constaté des vagues de chaleur marines sans précédent entre l’été et l’automne 2023, avec des températures qui ont largement dépassé les niveaux précédents. atteinte dans cette partie de l’océan (plus de 0,5°C). Du jamais vu depuis au moins le milieu du 19e sièclee siècle.

Ces épisodes de chaleur extrême en 2023 ont moins à voir avec le développement d’El Niño qu’avec les conditions anticycloniques de la région. « Nous avons observé une baisse assez forte des vents sur l’Atlantique Nordexplique Christophe Cassou. Cependant, lorsqu’il y a moins de vent, il y a moins d’évaporation, ce qui entraîne un réchauffement des eaux de surface. Ces eaux se réchauffent également car elles se mélangent moins avec des eaux plus profondes et plus froides. »

Aujourd’hui, ce phénomène météorologique a disparu, mais les eaux de surface de l’Atlantique Nord continuent de battre des records de chaleur en raison du phénomène El Niño, qui a fini par réchauffer progressivement les eaux océaniques pendant l’hiver.

Dans l’Atlantique Nord, 2024 est près d’un demi-degré plus élevé que toutes les autres années

Température quotidienne moyenne de surface de l’Atlantique Nord depuis 1981.


Moyenne 1982-2011


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Sources : CEPMMT (Réanalyses ERA5) via Climate Reanalyzer

Facteurs naturels supplémentaires : le cycle solaire et l’éruption du Hunga Tonga

Plusieurs autres phénomènes ont contribué à pousser un peu plus les températures depuis l’été 2023. Tout d’abord l’activité du soleil. Cette dernière entre progressivement dans son apogée jusqu’à mi-2025. Il augmente temporairement et légèrement l’intensité du rayonnement reçu par la Terre. Ce phénomène fait partie du cycle solaire, qui dure environ onze ans. « Le pic solaire joue un rôle marginal mais il s’agit encore d’un petit incrément »commente Christophe Cassou.

Autre facteur de réchauffement : l’éruption du volcan Hunga Tonga dans le Pacifique en janvier 2022. Les éruptions volcaniques ont généralement un effet refroidissant sur le climat, en raison de la grande quantité d’aérosols qu’elles projettent dans l’atmosphère. Une fois en suspension, les fines particules réfléchissent les rayons du soleil et font baisser les températures. Cependant, le Hunga Tonga a la particularité d’être un volcan sous-marin. De ce fait, il envoyait essentiellement de la vapeur d’eau à très haute altitude et en grande quantité (environ 150 millions de tonnes). Cette vapeur a un effet de serre très faible lorsqu’elle se situe dans les basses couches de l’atmosphère (moins de 10 km d’altitude), car en fonction des vents et du cycle de l’eau, elle se condense naturellement et finit par retomber au sol. A l’inverse, lorsqu’il est envoyé dans la stratosphère, il y persiste beaucoup plus longtemps et finit par avoir un léger pouvoir réchauffant.

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Parmi les facteurs de réchauffement, on peut également citer le déclin spectaculaire subi par la banquise de l’Antarctique depuis plus d’un an, avec un maximum enregistré le 10 septembre à 16,96 millions de kilomètres carrés, soit une baisse de 8,8 % par rapport à la période 1981-2010. médian. La fonte des glaces de mer affecte la circulation des eaux océaniques et contribue à réduire la quantité d’énergie solaire renvoyée à la surface de la Terre.

2023, le résultat d’une combinaison de facteurs

L’année 2023 a largement battu le record de chaleur détenu avant elle par l’année 2016 (+ 0,17°C), frappée par un phénomène El Niño particulièrement fort. « Nous ne sommes pas surpris en tant que telombre Christophe Cassou. Le bond des températures a pu surprendre certains mois de 2023, comme en septembre, où des records ont été battus de manière très significative. Mais nous n’avons pas quitté le domaine des modèles possibles climat en moyenne sur un an. »

Les facteurs du réchauffement climatique au cours des dix dernières années établis par Berkeley Earth, une organisation américaine à but non lucratif. Le réchauffement anthropique est responsable de la majeure partie du réchauffement de 2023, mais El Niño a également eu un effet très net. Le cycle solaire, l’éruption du Hunga Tonga et la réduction de la pollution atmosphérique d’origine maritime pourraient également avoir joué un petit rôle dans les records de 2023. TERRE DE BERKELEY

Ce qui a peut-être davantage surpris la communauté scientifique, ce sont les marges très importantes avec lesquelles les records ont été battus. L’année 2023 a vu ce que les anglophones appellent événements battant tous les records, des événements climatiques qui « brisent » les précédents records. Le réchauffement climatique s’accélère-t-il plus rapidement que ne le prédisent les modèles scientifiques ? La question est posée avec prudence par les climatologues.

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Avantage

« Il y a des observations émergentes dans la littérature scientifique qui suggère une accélération du réchauffement climatique au moins en termes de bilan radiatif [la différence entre l’énergie reçue et l’énergie perdue dans l’espace par la Terre]explique Carlo Buontempo. La possibilité d’assister à une accélération du réchauffement en termes de températures n’est donc pas exclue. » Mais pour l’instant, il n’y a pas de consensus sur cette idée. « Le caractère simultané d’événements chauds en différents endroits du globe ne remet pas nécessairement en cause toutes les estimations qui ont été faites sur le rythme du réchauffement actuel, et sur ce qu’il sera dans les décennies à venir »tergiverse Aurélien Ribes, chercheur au Centre national de recherches météorologiques.

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Même si elles se situent dans la fourchette haute, les températures de 2023 et 2024 restent cohérentes avec les projections des modèles climatiques. « Il y a une tendance à long terme relativement bien estimée et, en plus, il y a la variabilité interne qui fait son travail et qui de temps en temps va générer des records qui sont nettement au dessus de ce qu’on a vu précédemment »explique Aurélien Ribes.

Et même s’il ne s’accélère pas, le rythme actuel du réchauffement est déjà suffisamment rapide pour que des années « normales » dépassent 2023 en quelques années seulement. « En sept ans, le climat s’est déjà tellement réchauffé que 2023 aurait battu le record de 2016 même si elle avait été une année normale, sans El Niño »illustre Julien Cattiaux.

 
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