l’Institut Pasteur ouvrira un « centre de recherche sur les infections liées au climat et à l’environnement » en 2028

l’Institut Pasteur ouvrira un « centre de recherche sur les infections liées au climat et à l’environnement » en 2028
l’Institut Pasteur ouvrira un « centre de recherche sur les infections liées au climat et à l’environnement » en 2028

L’Institut Pasteur a annoncé mardi qu’il investirait 90 millions d’euros pour construire un « centre de recherche sur les infections liées au climat et à l’environnement », qui sortira de terre en 2028 au cœur de son site historique à Paris et abritera des solutions innovantes. recherche dans des laboratoires sécurisés.

Zika, dengue, paludisme, fièvre jaune, chikungunya : favorisée par le réchauffement climatique, la déforestation et l’urbanisation effrénée, la transmission de ces maladies infectieuses par les moustiques est de plus en plus scrutée par les chercheurs de l’Institut Pasteur.

« Les températures augmentent, les conditions de vie se dégradent : nous créons les conditions du développement de moustiques adaptés à la vie avec les humains »souligne l’entomologiste (spécialiste des insectes) Anna-Bella Failloux, qui dirige l’unité Arbovirus et insectes vecteurs à l’Institut Pasteur.

Son équipe travaille sur « les espèces de moustiques qui vivent avec nous en ville : au départ, ils se sont développés dans les forêts tropicales, en prélevant le sang des animaux ; aujourd’hui, ils pondent en ville dans un seau d’eau en plastique, à côté des gens qu’ils piquent”résume-t-elle.

Aujourd’hui, 80 % de la population mondiale court le risque d’être exposé à une ou plusieurs maladies infectieuses, longtemps considérées comme tropicales, qui tuent plus d’un million de personnes par an, principalement des enfants, selon l’Organisation mondiale de la santé. Transmis par un moustique de la famille des Anophèles, le plus mortel, le paludisme, a causé 608 000 morts en 2022.

Pour les étudier, l’Institut Pasteur a annoncé mardi qu’il investirait 90 millions d’euros pour construire un « centre de recherche sur les infections liées au climat et à l’environnement »qui sortira de terre en 2028 au cœur de son site historique à Paris et abritera des recherches innovantes dans des laboratoires sécurisés. “Cela nous permettra d’avoir toutes les espèces de moustiques en même temps, au même endroit”explique Anna-Bella Failloux en nous faisant visiter les locaux beaucoup plus modestes qui hébergent, pour le moment, son insectarium.

Vingt-huit degrés et 80 % d’humidité : dans une pièce exiguë du sous-sol, les conditions sont idéales pour l’élevage, dans des bacs en plastique, sur des étagères, de moustiques du monde entier : Floride, Gabon, Nigeria, Thaïlande, Taïwan, Nouvelle-Calédonie…

Sur 3 500 espèces de moustiques, seules 15 % piquent les humains. “Ceux qui nous intéressent sont l’Aedes aegypti et l’Aedes albopictus (le moustique tigre), qui vivent là où il y a une concentration humaine importante et de l’eau qui stagne autour des maisons faute d’évacuation, comme dans les favelas de Rio”décrit l’entomologiste. Si ces deux espèces sont responsables de la transmission de plusieurs maladies à l’homme, de nombreuses questions restent en suspens.

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« Aujourd’hui, le moustique du paludisme, Anopheles gambiae, ne peut pas transmettre les virus de la fièvre jaune, de la dengue, du chikungunya, du zika… même s’il coexiste avec Aedes aegypti qui, quant à lui, transmettent »poursuit Mme Failloux.

« Ils vivent au même endroit, piquent les humains de la même manière, alors comment se fait-il qu’un seul des deux transmette le paludisme ? Nous aimerions répondre à ce genre de questions »dit-elle.

Pour étudier la transmission de ces virus, les chercheurs infectent des moustiques femelles, les seules à piquer. Ils sont les premiers « faim pendant 24 heures »Alors « on remplit une capsule recouverte de peau – généralement de l’intestin de porc – avec un mélange de sang et de virus, que la femelle moustique va venir piquer ».

Le moustique tigre, principal vecteur de la dengue, du zika et du chikungunya

©Pixabay

“La difficulté”explique le chercheur avec un sourire malicieux, « Il s’agit de les forcer à manger, car ce n’est pas très appétissant. Alors on a plein d’astuces pour les attirer : on porte des chaussettes qui sentent mauvais, du CO2, ou encore l’odeur des pommes”. Et “Certains ne piquent que la nuit : il faut les infecter dans le noir, donc c’est compliqué”.

D’ici trois ans, ces recherches devraient permettre d’élaborer « cartes à risque » pour le moustique tigre, présent dans les années 80 % du territoire français, par tests « différentes populations de moustiques vis-à-vis de 12 virus distincts ».

“Cela nous dirait que dans cette région donnée, avec une telle densité de moustiques et un tel virus venant de Martinique ou d’ailleurs, nous sommes en alerte rouge”. « Aujourd’hui, on ne sait pas si toutes les régions ont le même risque d’avoir le chikungunya, la dengue ou le zika, s’il y a un cas importé »explique Mme Failloux. Si les moustiques ont développé des résistances aux insecticides, notamment dans les territoires d’outre-mer, « il faut mener un combat le plus ciblé possible »conclut-elle.

 
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