Par Benoît Collet
Sinistre, la structure en béton délabrée plonge ses pieds dans la Seine. Abandonnée depuis des années, la jetée des Mariniers, à cheval sur Gennevilliers et Villeneuve la Garenne, face à l’Île-de-Saint-Denis, fait couler son amas de béton sur plusieurs centaines de mètres au milieu de la végétation. Après s’être en partie effondrée, la jetée a été fermée à la circulation il y a plusieurs années, pour le plus grand plaisir des oiseaux et des chauves-souris, qui trouvent refuge sous l’ouvrage, en bordure de la zone Natura 2000. de l’Île-Saint-Denis.
La collectivité imagine une promenade surélevée, utilisant des pontons sur pilotis, qui offrirait de belles vues sur la Seine. Coût total : 15 millions d’euros.
En octobre, le département des Hauts-de-Seine a annoncé la déconstruction du barrage et la « renaturation » des berges de Seine à cet endroit. La collectivité imagine une promenade surélevée, grâce à un système de pontons sur pilotis, qui offrirait aux promeneurs de belles vues sur la Seine. Coût total du projet : 15 millions d’euros, avec le concours financier de l’agence de l’eau Seine-Normandie et de la région Ile-de-France.
« Des pistes piétonnes et cyclables seront créées pour favoriser des modes de déplacement doux et durables. La consolidation des berges permettra, quant à elle, de sécuriser le site tout en protégeant les habitats naturels », explique le département, qui ambitionne d’inscrire son projet dans une promenade bleue, un projet régional visant à relier les berges des Hauts-de-Seine. à travers un réseau continu de sentiers.
Lancé en enquête publique en décembre, le projet s’est déjà heurté à l’opposition de plusieurs associations écologistes locales, déjà très en colère contre le projet du méga-entrepôt de Greendock, à deux pas de la jetée des Mariniers.
Une renaturation basée sur le déracinement des arbres
« Dans l’esprit, nous sommes évidemment favorables à la destruction du béton. Mais ce projet de renaturation consiste à déraciner 47 arbres pour replanter des espèces non adaptées à ce milieu humide. Cela va complètement déstabiliser un écosystème très riche », dénonce Florence Léger, présidente des Amis de Port Sisley, une association de bateliers membres du collectif Préservons les berges de Seine. « Des études naturalistes menées par nos associations ont documenté le déplacement de nombreuses espèces d’oiseaux d’une rive à l’autre. La surpopulation du site va perturber cette vie sauvage, si précieuse en Ile-de-France. Tout cela pour que le département puisse afficher sa vitrine à 15 millions d’euros », poursuit Florence Léger.
Mesures annoncées pour la faune
Dans le cadre de l’enquête publique, qui a eu lieu en décembre dernier, la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) a recommandé « de mieux prendre en compte la préservation des fonctions écologiques des espèces existantes et associées à la ceinture fluviale riveraine ». , et garantir le maintien des zones de tranquillité pour la faune, particulièrement protégées ».
« Si les pouvoirs publics persistent sur ce projet, il n’est pas impossible que les Earth Uprisings montent au créneau, comme avec Greendock. »
“Afin d’offrir des espaces paisibles pendant et après la phase de travaux, des mesures environnementales adaptées à la faune locale seront mises en place : hibernacles pour le lézard des murailles, nichoirs artificiels pour chauves-souris et nichoirs pour oiseaux nicheurs”, a répondu Egis, le public. entreprise de travaux mandatée par le département des Hauts de Seine pour diriger le chantier. « Si les pouvoirs publics persistent sur ce projet, il n’est pas impossible que les Earth Uprisings montent au créneau, comme ils l’ont fait pour Greendock », répond Florence Léger. À suivre…