Cette création fait suite à une « augmentation alarmante de 40 % des admissions d’adolescents en crise depuis la pandémie. Nous avons atteint un plateau qui n’a jamais diminué. Cette détresse doit être prise en compte en urgence», insiste le docteur Alice Letessier, chef du centre 4 de pédopsychiatrie.
« Soyez présent dans les meilleurs moments »
Le CHP disposait déjà de deux chambres réservées aux mineurs, aménagées depuis un an, au sein de la cellule d’accueil de crise et d’admission. Dans cet espace d’hospitalisation globale, les jeunes arrivant en crise sont vus par une infirmière et un psychiatre.
Ils sont ensuite redirigés vers les Tamaris, installés juste en face. Ce centre de crise prend en charge des adolescents de 13 à 17 ans en situation de crise aiguë correspondant notamment à des actes suicidaires, des troubles anxieux-dépressifs ou des décompensations psychologiques (lire ci-dessous).
Cette unité permettra aux professionnels « d’être là pour les grands moments, notamment pendant la période préscolaire qui est toujours problématique », souligne le docteur Alice Letessier.
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L’objectif de ce centre de crise est de favoriser une prise en charge rapide, de réaliser une évaluation clinique approfondie et de proposer une prise en charge adaptée dans un cadre thérapeutique structuré.
Si leur état nécessite le maintien d’une hospitalisation, les adolescents peuvent être admis dans l’unité Capucines déjà existante. Il dispose de 9 lits.
Enfin, l’institut Mont-Vert à Jurançon s’adresse à des jeunes apaisés, âgés de 13 à 21 ans, qui ont besoin de temps pour se remettre sur pied. Venant de toute la région, ces adolescents peuvent y séjourner entre 1 et 3 ans. Soins et études se conjuguent dans cette unité qui n’accueille pas plus de 17 personnes admises « sur lettre de motivation ».
« Le centre de crise était vraiment le chaînon manquant, qui nous permettrait une prise en charge immédiate. Cela devrait fluidifier les déplacements», espère Jamel Fedlaoui, responsable sanitaire du centre infanto-juvénile. Qui n’oublie pas les 3 000 jeunes accompagnés par différentes structures ambulatoires du Béarn et de la Soule.
Financement spécifique de l’ARS
Le centre de crise pour adolescents du centre hospitalier des Pyrénées a bénéficié d’un financement spécifique de l’agence régionale de santé (ARS) à hauteur de 878 000 euros. “C’est la première unité de ce type sur le territoire des Pyrénées-Atlantiques”, se félicite Alain Guinamant, le directeur départemental de l’ARS.
Ce montant comprend la rénovation du bâtiment pour 465 000 euros TTC. Les travaux, débutés en mai, se sont achevés juste avant Noël. Le projet a été réalisé par des équipes des services techniques de cogénération et des sociétés extérieures.
A quoi ressemble l’unité Tamaris ?
L’unité Tamaris, située à l’entrée du Centre Hospitalier des Pyrénées (CHP) s’étend sur 200m2. Il dispose de quatre chambres. Un cinquième sera prochainement aménagé dans ce qui est actuellement un bureau. Ces derniers déménageront au centre de gestion médicale dont la rénovation devrait s’achever fin 2025.
Les jeunes de 13 à 17 ans auront accès à un parc. Télévision et salles d’activités leur permettront de se retrouver, « même si les soins se font dans la salle, tout comme les repas, pour un suivi véritablement individualisé. Certains jeunes en arrivant au CHP oublient pourquoi ils sont venus lorsqu’ils se réunissent en groupe », a déjà constaté Jamel Fedlaoui, cadre supérieur de santé. « Ce qui compte, c’est la sortie. Nous devons aider ces jeunes à faire face à leurs propres ressources et à leurs difficultés. Cet environnement est tellement éloigné de la réalité que certains oublient que la réalité est à l’extérieur », ajoute la Dre Alice Letessier. L’unité n’est donc accessible que pour des courts séjours, de 10 jours, renouvelable une fois.
En cas de crise, un espace sensoriel équipé de sons et de lumières a été conçu pour favoriser le calme.
Pour prévenir les tensions, des techniques spécifiques seront mises en œuvre, comme des ateliers d’expression et de gestion des émotions ou encore des approches corporelles (yoga, relaxation).
La prise en charge des adolescents en crise sera intensive et individualisée, mobilisant une équipe de neuf professionnels (dont deux recrutés en externe) composée d’un pédopsychiatre, d’un éducateur spécialisé et d’infirmières, tous spécialement formés à la gestion de crise. « Cette équipe est formée, adaptée à cette population. Qui a besoin de réassurance, de reconnaissance», constate le responsable du centre 4 de pédopsychiatrie.