Par
Laura Bourven
Publié le
26 décembre 2024 à 19h30
Voir mon actualité
Suivre la Marne
Faire santé mentale une priorité nationale. C’est le souhait affiché par Jean-François Copé, maire de Meaux, il y a un an au lendemain du quintuple murder. Le 25 décembre 2023, au petit matin, les corps sans vie de Béatrice et de ses quatre enfants ont été retrouvés dans un immeuble du quartier de Beauval.
Ils étaient âgés de 9 mois, 4, 7 et 10 ans, deux des enfants avaient de multiples coups de couteau, comme leur mère, âgée de 35 ans.
Le mari et le père violemment a tué sa famille avant de s’enfuir vers la Seine-Saint-Denis pour tenter d’attaquer son père. Il sera arrêté juste avant un nouveau drame. L’enquête révélera rapidement qu’il souffre de troubles psychiatriques et n’avait pas pas suivi son traitement la veille de son action.
Ce quintuple meurtre a créé l’émotion à Meaux et dans toute la France, mettant en lumière un véritable problème de société : soutien et prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux.
Près d’un an jour pour jour, la ville de Meaux signait et enregistrait le création d’un conseil local de santé mentale (CLSM), lundi 9 décembre 2024.
Réunir tous les acteurs du territoire
A Meaux, il y aura un avant et un après le drame du 25 décembre 2023. “Nous n’avons pas découvert l’existence de ces troubles, mais c’est une illustration de quoi, vers quoi, une maladie qui ne peut conduire” n’est ni surveillée ni soignées», réagit le docteur Christian Allard, adjoint au maire chargé de la Santé. « Si cette tragédie avait lieu, ça doit au moins être utileque c’est utile et qu’on construit quelque chose d’efficace. »
La Ville a donc envisagé de mettre en place solutionsstructurer opérationnellement tous les acteurs du territoire qui ont un rôle à jouer dans le domaine de la santé mentale.
Depuis maintenant six mois, je réunis régulièrement les acteurs de la psychiatrie, de la sécurité et du parquet. Avant que le CLSM ne soit pleinement opérationnel, cette unité spécifique et unique en Seine-et-Marne permet d’identifier et de traiter des situations préoccupantes qui nécessitent une intervention rapide et coordonnée.
En mai 2024, apla psychiatrie avaient déjà été présentées, visant à améliorer la prise en charge des troubles psychologiques à travers plusieurs axes : une meilleure identification des troubles, la facilitation des parcours de soins, la création de communautés d’accompagnement et une lutte active contre la stigmatisation.
Ce plan, qui constitue une véritable feuille de route pour le territoire, est actuellement en cours de déploiement. La gestion de ses différentes actions sera désormais assurée dans le cadre du CLSM, garantissant une mise en œuvre efficace et concertée.
Parce qu’à Meaux, les acteurs ne manquent passelon le docteur Christian Allard. « Il s’agit avant tout de les mettre face à leurs responsabilités et de les faire travailler ensemble. Une autorité doit imposer un cadre avec des objectifs et un calendrier. […] Compte tenu de l’enjeu, il n’y a aucune raison pour que chacun reste dans son coin. »
La ville rassemble des professionnels de la santé, avec le Grand Hôpital de l’Est Ile-de-France, les services de la ville, les associations, les services sociaux, les forces de l’ordre… « Cela fait beaucoup de monde. L’idée est de se rassembler et de partager des données. Pas question de ne pas respecter le secret médical. En revanche, lorsqu’il y a suffisamment d’arguments pour démontrer qu’une personne est dangereuse pour elle-même et pour les autres, il faut le signaler », poursuit l’adjoint au maire.
C’est avec tous ces acteurs, et avec ce constat en tête, avec le terrible quintuple meurtre en tête, que la Ville a décidé d’aller plus loin et signez ce conseil local de santé mentale (CLSM).
Une entité particulière, en complément des contrats locaux de santé
La Ville de Meaux n’est pas la seule commune de Seine-et-Marne à avoir développé ce CLSM. Dans le sud, Nemours a déjà profité de ce système. « Il était opportun pour l’Agence régionale de santé (ARS) qu’on la mette également en place à Meaux. Il vient en complément de notre 3ème contrat local santé. Sa spécificité réside dans les troubles qui conduisent aux drames. Il convenait de créer cette entité particulière», poursuit le docteur Christian Allard, qui affirme que la santé mentale sera la priorité. grand projet de santé publique à Meaux en 2025.
Depuis la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST) du 21 juillet 2009, qui encadre entre autres les contrats locaux de santé (CLS) et les « plans santé mentale » (2005-2008 et 2011-2015) qui encouragent la création des Conseils locaux de santé mentale (CLSM), les politiques de santé cherchent à promouvoir une vision globale et adaptée de la santé mentale considérée dans son sens large et non comme le seul traitement des maladies psychiatriques.
Au niveau national, la santé mentale a également été décrétée cause majeure de l’année 2025 par le gouvernement qui a présenté vendredi 11 octobre 2024, le quatre objectifs prioritaires promouvoir la santé mentale : déstigmatisation, afin de changer le regard des Français sur les troubles mentaux et les troubles mentaux, améliorer l’accès aux soins partout en France, à travers la gradation des parcours, le développement de nouveaux métiers de la santé mentale en assurant la prise en charge des plus fragiles personnes et présentant les troubles les plus complexes, accompagner les personnes concernées dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne, comme la formation, l’emploi, le logement, l’accès aux loisirs… et le développement de la prévention et du dépistage précoce, par la sensibilisation et la formation dans tous les domaines. de la société.
L’importance de la sensibilisation
Ce dernier point sera également développé à Meaux dans le cadre du conseil local de santé mentale, qui sera coordonné par Audrey Charleux, choisie par la Ville, et qui a déjà géré des contrats locaux de santé, pour un durée de trois ans. « Il faut un système bien établi, mais cela ne prendra pas des siècles, car il y a une urgence » prévient le docteur Christian Allard, qui propose d’organiser une soirée dédiée à la santé mentale au Théâtre du Luxembourg pour présenter au grand public les enjeux de santé mentale et les structures existantes.
Christian Allard souhaite également détenir des permanences téléphoniques au sein du Domaine Santé et Prévention, situé au 10 rue des Vieux Moulins à Meaux, pour réorienter les habitants en question et en détresse et répondre au mieux à leurs besoins.
En 2024, la Ville de Meaux va également formé 80 acteurs locaux aux premiers secours en santé mentale. « Nous avions des gens de tous les domaines, des conseillers, des animateurs, des bénévoles associatifs… » Ces formations continueront de se développer avec le CLSM. « C’est l’une des armes armées du système. »
Attirer de nouveaux professionnels à Meaux
Si les acteurs sont diversifiés à Meaux, il faut toujours plus de professionnels de santé dans la commune, comme partout en Seine-et-Marne, l’un des plus importants déserts médicaux de la France. « Au Ghef, comme partout, le maillon faible, c’est le personnel », concède le docteur Christian Allard. Et en dehors du milieu hospitalier aussi. A Meaux, aujourd’hui, il n’y a pas plus de psychiatres libéraux.
Et en matière de psychologie de l’enfant, qui est un pivot essentiel de la santé mentale, on est proche du désert de Gobi.
Le CLSM doit également travailler à attirer la ville de Meaux vers inciter les professionnels à s’y installer et à les fidéliser.
Parallèlement, la mairie souhaite créer un nouvelle maison d’adolescentsuite à une proposition de l’Adjoint au Maire chargé de la Santé il y a maintenant plus d’un an.
Le précédent, fermé après la crise du Covid-19, était situé dans un petit local de l’agence France Travail de Meaux. «C’est totalement invisible. Pour un jeune en détresse, il faut une structure avec vitrine. » Aujourd’hui, les adolescents doivent se rendre à Lagny-sur-Marne pour consulter dans un centre dédié aux jeunes.
Pour aller plus loin, le docteur Christian Allard aimerait également développer un centre pour les femmes. « Nous ne prétendons pas résoudre les problèmes mais remettre les gens dans un équilibre psychologique. C’est le rôle d’une communauté moderne », conclut l’adjoint au maire.
Si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous souhaitez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.