Héma-Québec veut améliorer l’identification

Héma-Québec veut améliorer l’identification
Héma-Québec veut améliorer l’identification

Afin d’assurer la sécurité des patients qui reçoivent une greffe de tissus humains, mais également d’avoir une traçabilité des tissus, Héma-Québec a été nommé seul maître d’œuvre de ce processus complexe par le ministère de la Santé. Au cours des prochains mois, l’organisme prévoit concentrer ses énergies à accroître l’identification de donateurs potentiels.

On sait déjà qu’Héma-Québec gère les produits sanguins de la province. Il est également impliqué dans les activités d’échantillonnage et de traitement des tissus depuis plus de 20 ans. Mais depuis le 2 décembre, l’organisme est devenu seul responsable de la distribution des tissus humains pour tous les hôpitaux du Québec.

Avant ce mandat, certains centres hospitaliers avaient la responsabilité de trouver des donneurs à l’extérieur de la province, notamment aux États-Unis, pour s’approvisionner en tissus dont les stocks québécois ne répondent pas à la demande.

Un peu plus de la moitié de tous les tissus utilisés en milieu hospitalier proviennent de donneurs recueillis et préparés par Héma-Québec, le reste provenant principalement du marché américain. L’organisme contrôle désormais entièrement les approvisionnements de l’ensemble du réseau hospitalier québécois.

Le risque de contamination des tissus n’est pas seulement théorique, a soutenu le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales et à l’innovation chez Héma-Québec. Il a évoqué des cas récents de contamination aux Etats-Unis.

En 2021, une épidémie de tuberculose s’est produite aux États-Unis en raison du décès d’un seul donneur. Des produits de greffe osseuse contenant des cellules vivantes ont été distribués à 37 hôpitaux dans 20 États, et 113 receveurs ont reçu un greffon contaminé.

Le Dr Germain précise que l’exemple de la contamination osseuse n’est pas possible au Québec puisque les tissus osseux sont irradiés par les rayons gamma. Mais il existe d’autres types de tissus qui ne sont pas entièrement stérilisés, comme les valvules pulmonaires qui sont trempées dans un liquide antibiotique mais non irradiées.

« Le risque zéro n’existe pas car ce sont des produits biologiques d’origine humaine et il y aura toujours un risque. C’est pourquoi la traçabilité est essentielle, souligne le Dr Germain. La première motivation pour demander à Héma-Québec de prendre en charge la distribution des tissus est d’assurer la qualité et la traçabilité des tissus.

Processus complexe

Comparativement aux organes qui doivent être prélevés lorsque la circulation est encore fonctionnelle ou vient de s’arrêter, les tissus humains disposent de beaucoup plus de temps, ce qui permet à Héma-Québec de s’occuper du prélèvement dans ses laboratoires.

Certains tissus font exception, comme les valvules cardiaques qui doivent être disséquées dans les 24 heures. Même chose pour les cornées qui ne sont conservées que 12 jours et qui sont habituellement retirées directement de l’hôpital, puis acheminées à la Banque d’yeux du Québec. A titre de comparaison, les os et les tendons sont conservés jusqu’à cinq ans.

Dans les laboratoires d’Héma-Québec situés sur le campus de l’Université Laval à Québec, le personnel peut recevoir directement les donneurs décédés. C’est là que nous procédons ensuite à la préparation du corps avec un examen minutieux pour valider qu’il n’y a aucun signe d’infection. « Une fois le corps prêt, le personnel entre dans le sas. Le personnel sort, se change, se nettoie, se prépare à entrer dans la salle de collecte. Là, ils prélèveront des échantillons des différents tissus», décrit le Dr Germain.

Les tissus sont placés dans un emballage stérile puis placés dans une « salle de quarantaine », en attendant les résultats de tous les tests de maladies transmissibles et analyses bactériologiques. Une fois que les tissus sont déclarés aptes à la transplantation – ce qui peut prendre plusieurs semaines – ils sont prêts à être traités et préparés. Ils sont amenés dans une salle blanche dédiée à la transformation tissulaire. Nous les découpons, nous les préparons, nous les mettons dans leur emballage final, puis ils sont mis en zone « produits conformes prêts à être envoyés aux hôpitaux ».

Les salles de prélèvement et de préparation sont dotées de systèmes de ventilation spéciaux dotés de filtres performants, qui fournissent un air plus pur que dans les salles d’opération, soutient le Dr Germain. Tout risque de contamination est minimisé.

Améliorer l’identification des donneurs

« Le grand défi du don de tissus est d’être informé de l’existence d’un donneur potentiel », explique le Dr Germain. Pour accroître l’identification, il croit qu’il faut sensibiliser les gens du réseau de la santé.

La majorité des Québécois et des familles sont favorables aux dons d’organes et de tissus, indique-t-il. « Le problème, c’est que lorsqu’un décès survient, si nous n’en sommes pas informés et si nous n’avons pas la possibilité d’offrir la possibilité de donner des organes ou des tissus, nous perdons ces opportunités », explique-t-il. Comme pour le don d’organes, les personnels du réseau doivent absolument participer, que ce soit dans les hôpitaux ou chez les médecins qui déclarent les décès à domicile par exemple.

Des employés d’Héma-Québec sont déjà en poste dans des centres hospitaliers où il existe un grand potentiel pour réaliser des activités d’identification, de qualification et d’échantillonnage.

Par ailleurs, le Dr Germain a indiqué que certains tissus ne sont pas collectés présentement en raison du manque de capacité à les préparer selon certains besoins des médecins. Par exemple, la peau est greffée pour soigner les grands brûlés, mais elle pourrait également être utilisée pour la chirurgie de reconstruction mammaire chez les femmes ayant eu un cancer du sein. « Il existe des produits préparés à partir de peau provenant de donneurs de tissus qui sont beaucoup utilisés et que nous n’avons pas la capacité de fabriquer. Nous nous approvisionnons donc auprès de fournisseurs américains. A terme, ce que nous aimerions, c’est profiter de nos donneurs pour pouvoir préparer ces tissus au lieu de les acheter sur le marché extérieur”, explique le spécialiste.

La demande de valvules pulmonaires a également augmenté ces dernières années. « Nous parvenons à nous approvisionner pour répondre aux besoins, mais une partie de l’approvisionnement vient des États-Unis. Nous sommes toujours à la merci de cela car s’il y a beaucoup de demandes, à un moment donné, les États-Unis pourraient nous dire : « désolé, nous n’en avons plus pour vous ». Nous souhaitons donc accroître notre autosuffisance pour ce type de tissus, ce qui implique d’identifier encore plus de donneurs potentiels.

Le contenu sur la santé de la Presse Canadienne est financé grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable des choix éditoriaux.

 
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