Abandonnée par l’État, une association d’aide aux malades du sida ferme ses portes à Bordeaux

Abandonnée par l’État, une association d’aide aux malades du sida ferme ses portes à Bordeaux
Abandonnée par l’État, une association d’aide aux malades du sida ferme ses portes à Bordeaux

«Je me sens vraiment comme un gâchis», raconte Guylène Madeline, la directrice de Gaps (groupe d’aide psychologique et sociale). L’association qui soutient les personnes vivant avec le VIH fermera définitivement ses portes fin décembre 2024. Dans un communiqué aujourd’hui, la direction écrit :

« L’ARS porte la responsabilité du démantèlement d’une association qui œuvre depuis 38 ans dans l’agglomération et de la perte d’une précieuse expertise collective. »

Les directions régionales et départementales de l’Agence régionale de santé « ont décidé de supprimer la totalité de la subvention accordée au GAPS, représentant 70 % de son budget ». Ce qui a été fatal à la structure installée cours Aristide-Briant à Bordeaux.

“Aucun projet”

La crise couve depuis l’année dernière. En novembre 2023, l’ARS Nouvelle-Aquitaine a réuni tous les partenaires du GAPS – CHU Pellegrin, Département de Gironde, DAC 33 (Coordination des systèmes d’aide) – pour « un point de situation ». A l’équipe Gaps, il a été annoncé “que les crédits alloués dans le cadre de la prévention santé n’existent plus et qu’en 2024 toutes les missions devraient être réalisées par des concubins”, a rapporté la présidente de l’association Isabelle Faure.

Après plusieurs réunions, la décision de maintenir le financement pour 2024 a redonné une lueur d’espoir à l’équipe :

«C’était un sursis pour nous permettre, en un an, de transférer l’activité au CHU», explique Guylène Madeline à Rue89 Bordeaux. La collaboration avec le CHU sur décision unilatérale de l’ARS n’a pas permis l’élaboration d’un projet. Pour nous, le CHU n’était pas le bon interlocuteur. Ils ont des compétences en matière de santé, mais ce qui est psychosocial, c’est-à-dire tout ce que propose notre association, n’est pas leur cœur de métier. »

En 2023, 434 personnes ont bénéficié de l’accompagnement de Gaps, qui comprend des assistantes sociales, une agente d’insertion, des médiateurs de santé et des psychologues. Celui-ci « garantit leur accès et leur maintien aux soins ainsi que leurs droits sociaux ».

« Grave inquiétude » pour les associations

« La décision de l’ARS de transférer les usagers du GAPS vers le CHU ne prend pas en compte cette réalité de terrain et constitue une insulte au travail des professionnels du GAPS. Cela met également en danger la vie des personnes vivant avec le VIH qui dépendent de ce soutien spécifique », souligne le communiqué.

L’équipe Gaps constate des « violences institutionnelles envers les utilisateurs », mais aussi « les salariés, administrateurs et partenaires ». Les salariés rencontrés en vue de leur intégration dans le service du CHU ont décliné, préférant le licenciement économique.

« Le CHU n’avait pas la capacité financière pour prendre en charge toute l’équipe. Pour accompagner les gens sur le terrain, nous disposions de l’équivalent d’environ 6 équivalents - plein. De leur côté, le CHU disposait d’un financement de l’ARS leur permettant d’en prendre 4. C’était une équipe tronquée », ajoute Guylène Madeline.

Partageant une « forte inquiétude » et se considérant « comme un exemple de ce qui pourrait arriver pour d’autres associations », les Gaps appellent à se rassembler devant l’ARS Nouvelle Aquitaine ce jeudi 19 décembre à partir de 12 heures, rejoint par Act Up Sud-Ouest.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV une première application de l’iPS en fécondation in vitro ?
NEXT de simples changements de style de vie pour l’éviter