entre résurgences et avancées vaccinales

entre résurgences et avancées vaccinales
entre résurgences et avancées vaccinales

De la résurgence de la rougeole à l’innovation dans la lutte contre le VRS, 2024 a été une année charnière pour les maladies infectieuses. Le Dr Benjamin Davido fait le point sur les défis rencontrés et les progrès réalisés. Alors que la se positionne face à la résistance aux antibiotiques, de nouvelles stratégies vaccinales pourraient redéfinir l’approche des maladies infectieuses.

TRANSCRIPTION

Bonjour à tous, bienvenue sur Medscape, je suis Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré, et médecin-conseil auprès de la DGS sur la mission résistance aux antibiotiques.

Je suis ravi de vous faire le point sur les principaux développements en 2024 dans le domaine des maladies infectieuses. Alors évidemment, il y a beaucoup de choses à dire, j’ai dû faire un choix, mais je voulais d’abord revenir avec vous sur l’augmentation inquiétante des cas de rougeole.

Augmentation des cas de rougeole

Cette augmentation des cas de rougeole a été marquée par une campagne de vaccination qui, on le sait, a été insuffisante ces dernières années, et pas seulement en France, mais aussi dans le reste du monde. Et ils sont finalement presque surprenants, ces chiffres en 2024 de reprise de la rougeole. Car il faut rappeler qu’en 2023, d’après les données du bulletin de santé publique français, on s’était félicité d’un chiffre record historiquement bas que l’on attribuait principalement à l’obligation vaccinale de 2018. Et on voit encore l’importance de disposer de chiffres les plus exhaustifs possibles. On sait que pour la rougeole, plus de 95 % de la population doit être vaccinée pour obtenir ces résultats. Dans un monde post-pandémique où nous sommes en contact entre différents pays, l’importance, si l’on veut réduire ce risque, est d’avoir une politique de santé globale.

Ces données sont d’autant plus intéressantes que cette vaccination contre la rougeole et cette crise de reprise de la maladie ont eu lieu en 2024 à la période dont on craignait beaucoup en raison des Jeux Olympiques. Et il faut admettre que sur le plan contagieux, les JO se sont plutôt bien déroulés. La situation a été relativement calme.

Récupération estivale après le COVID-19

Autre fait intéressant : une résurgence estivale importante, comme chaque année, du COVID-19, qui est, entre guillemets, une « nouvelle maladie » à laquelle on n’était pas vraiment habitué et qui est apparue lors du Tour de France, mais aussi lors de la Des JO avec parfois certains athlètes qui ont choisi de s’absenter des épreuves pour laisser passer cet épisode de COVID.

Le retour de la coqueluche

De même, on a eu une résurgence tout à fait inédite qui s’expliquait par un cycle de coqueluche tous les 5 ans, donc cinq ans. Mais en fait, on ne sait pas vraiment comment expliquer ce cycle de coqueluche puisqu’une fois de plus, on sait que le risque est majeur chez les enfants – et on est sur des stratégies larges de vaccination des enfants. On sait qu’il y a évidemment un délai avec idéalement 3 vaccins pour les enfants pour éviter de se retrouver dans le vide du calendrier vaccinal. Mais nous savons aussi qu’il faut le féliciter. Depuis 2023, nous préconisons l’indication vaccinale avec des rappels à chaque grossesse chez la femme enceinte pour permettre une immunisation passive chez l’enfant pendant ses 5 premiers mois de vie. Et on sait malheureusement que dans ce « trou de racket », on a des situations familiales, des centres de loisirs, des communautés d’enfants qui font que les plus grands – caricaturés au bout de 2 ans, les plus de 5 ans et les adolescents – ont souvent cet écart dans la vaccination. calendrier et cela conduit à des épidémies de coqueluche… une autre maladie oubliée qui revient d’une manière sans précédent.

Cas importés de dengue

On peut aussi rapidement dire un mot sur les arbovirus. Nous étions très inquiets puisque : par exemple, du 1er janvier 2024 au 1er mai 2024, nous avons eu plus de 1 680 cas de dengue qui étaient en fait des formes essentiellement importées de la maladie. Et malgré l’implantation très généralisée en France du moustique tigre et la crainte des rassemblements lors des Jeux Olympiques, on n’a pas assisté à une situation de rebond ; même s’il faut quand même admettre que du 1er mai au 26 novembre 2024, nous avons eu à peu près autant de cas (soit 2028 cas), mais principalement des cas d’importation (principalement pour le trio Guadeloupe, Martinique et Indonésie).

Les cartes sont à nouveau redistribuées pour 2025, on verra dans quelle mesure ces arbovirus, principalement la dengue et le chikungunya, peuvent s’installer et faire une résurgence.

Maladies respiratoires : grippe, RSV, pneumocoque

Je terminerai sur l’aspect général des maladies respiratoires. On parlait plus tôt, rapidement du COVID-19 qui a surtout créé des formes bénignes cet été, y compris chez les sportifs ; dans la même veine de ces maladies respiratoires, il faut souligner que nous avons un grand besoin de nous protéger de ces triples épidémies que sont le COVID, la grippe et le VRS.

Justement sur la grippe, l’Allemagne a une longueur d’avance sur nous en Europe puisqu’elle a commencé cette année à vacciner avec un vaccin « simplifié », c’est-à-dire un vaccin trivalent (vs un quadrivalent habituellement) de souche A incluant les souches H1N1 et 2. B cette fois. Exit la souche B-Yamagata. Pour quoi ? Car on constate depuis la surveillance avec le COVID-19 que les gestes barrières ont complètement chassé et déplacé ces souches. C’est assez intéressant. L’OMS a donc choisi de dire qu’on peut désormais proposer un vaccin trivalent plutôt qu’un vaccin quadrivalent.

Je souligne le fait qu’on supprime des souches quand elles ne sont pas nécessaires, et c’est quelque chose de bien et qui va s’étendre à tous les pays, y compris la France, dès l’année prochaine dans cette vaccination contre la grippe. Ce que l’on peut constater cependant, et qui n’est pas forcément une bonne nouvelle, c’est que l’année dernière et cette année, nous n’avons pas pu bénéficier du vaccin à haute dose chez les personnes de plus de 65 ans. que nous devrions avoir, je l’espère, pour la saison 2025-2026 et qui permet de réduire, chez les personnes les plus vulnérables, les hospitalisations pour maladies respiratoires jusqu’à 25 %.

Nous avons également évoqué le RSV, ce fameux virus de la bronchiolite, une des grandes nouveautés de 2024. Il y a eu la mise à disposition de 3 vaccins dont un à ARN messager qui est en cours de validation. Et la bonne nouvelle, c’est qu’un de ces vaccins a obtenu une autorisation de mise sur le marché pour la vaccination préventive chez la femme enceinte afin de couvrir par une immunisation passive, pour les mêmes raisons que celles de la coqueluche, du COVID ou de la grippe, le VRS des enfants à naître. Ainsi les femmes enceintes, entre la 32ème et la 36ème semaine de grossesse sont éligibles à ce type de vaccin. Il s’agit d’une nouvelle stratégie qui permet de soutenir des anticorps monoclonaux dont on sait que la réserve est limitée. Et nous savons malheureusement que cette année, nous avons encore un lourd fardeau de bronchiolite chez les enfants. On a cet effet domino, de pouvoir protéger à la fois les femmes enceintes et d’autre part les plus fragiles, selon les recommandations de la HAS dès 65 ans avec un nouveau vaccin. La limite, sans doute, sera de voir comment on arrive à monter ces vaccins, qui ont pour l’instant des données sur 2 à 3 ans et qui, grâce à une dose unique, assurent une couverture contre une maladie essentiellement saisonnière. L’un des défis pour 2025 sera de trouver la bonne période et comment organiser ce vaccin.

Nous avons eu la mise à jour du schéma vaccinal contre le pneumocoque avec, pour les enfants, un PREVENAR 15 qui laisse la place au PREVENAR 13 et pour les adultes, un PREVENAR 20 qui est déjà disponible en 20 valence et qui facilite grandement l’administration avec un vaccin conjugué en une dose unique jusqu’à nouvel ordre (jusqu’à nouvelles recommandations) et qui sera complétée, on l’espère, l’année prochaine par un vaccin 21 valent afin d’avoir un maximum de stratégies pour protéger contre les infections respiratoires.

Mise à jour du calendrier de vaccination contre le méningocoque

Enfin, je terminerai par un mot pour dire qu’il y a également eu une mise à jour du schéma vaccinal antiméningococcique chez les enfants face à une évolution des souches circulantes, notamment au bénéfice de W et Y, et cela globalement chez les enfants, les souches ACY ont été remplacées dès l’origine dans la vaccination des enfants de moins d’un an par un vaccin ACWY.

Et cette vaccination, que l’on sait obligatoire chez les enfants, deviendra ACWY. Chez les adolescents, elle sera recommandée compte tenu du risque d’infections méningococciques invasives graves et de la mise en œuvre de ces vaccins efficaces.

Lutte contre la résistance aux antibiotiques

Pour clôturer ce débat, on peut se féliciter que la France, au niveau européen, soit un acteur majeur dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques en 2024. La France coordonne en effet l’action commune du JAMRAI ( J. point UNaction sur l’anti-Microbienne R.résistance et soins de santé-UNassocié jeinfections) qui a débuté cette année et qui durera 4 ans, donc jusqu’en 2027. La France est partie prenante des décisions, des engagements à l’échelle européenne face à la résistance aux antibiotiques. Rappelons que dans cette 2ème édition, la France coordonne et joue un rôle au sein du ministère sur la pérennisation de l’action ; L’Anses participe également aux réseaux de surveillance. Cette première action commune s’est soldée par la création d’un symbole fort, qui fut celui de [emblème] de la résistance aux antibiotiques.

Je vous remercie de votre écoute et j’espère vous revoir bientôt en 2025, avec autant de nouveautés riches en actualité et prévention du contrôle des infections. Très bonne journée à toi.

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