l’essentiel
La cour d’assises du Gers est revenue ce lundi 16 décembre sur les lieux du meurtre de France Piechocki, avec le témoignage de plusieurs experts. Un moment particulièrement éprouvant pour la famille de la victime.
Deuxième journée du procès en appel concernant le meurtre de France Piechocki devant la cour d’assises du Gers, lundi 16 décembre au palais de justice d’Auch. Cette infirmière à la retraite, habitant Passage-d’Agen, a été tuée à son domicile le 10 mars 2020. Les auteurs présumés, Jean-François Narbalas et ses deux fils Abraham Garcia et John Narbalas, ont été condamnés respectivement à 28 et 22 ans de prison. une peine d’emprisonnement en première instance par la cour d’assises du Lot-et-Garonne, en septembre 2023.
Ce lundi, la scène du crime a été une nouvelle fois décortiquée par deux médecins légistes et trois experts en génétique et pathologie. Les jurés ont découvert des photos du corps de la victime, âgée de 76 ans au moment de son décès, projetées sur un grand écran. Les éclaboussures de sang sur le mur et la tête tuméfiée du retraité leur ont permis de prendre conscience de la violence de l’attaque. Car France Piechocki avait, entre autres, « une mâchoire fracassée, de multiples fractures au niveau des zygomatiques, du front, de l’os temporal, de la pommette droite et de la zone périorbitaire droite, ainsi que des lésions et une hémorragie cérébrale ». Des blessures commises principalement « à l’aide d’un objet contondant muni d’un appendice, pouvant ressembler à un morceau de bois ou à un outil de jardinage comme une petite pioche ».
La victime est décédée « par étouffement »
Têtes baissées, pour ne plus revoir l’horreur de la scène, les membres de la famille de la victime ont une nouvelle fois affronté ces images macabres avec beaucoup de dignité. Dans le box des accusés, Jean-François Narbalas, le plus impliqué dans ces violences, n’a pas non plus pu regarder les photos de la scène du crime. La tête baissée, il a regardé ses chaussures pendant les longues minutes de l’intervention du médecin légiste arrivé le premier sur les lieux. Ses deux fils, Abraham Garcia et John Narbalas, sont restés impassibles en revoyant le visage défiguré de France Piechocki.
Dans son rapport, le deuxième médecin légiste décrit « une action d’hyperviolence dont les cibles étaient la tête et le cou ». « Dès les premiers coups, elle a été rapidement incapable de se défendre », ajoute cette dernière. La dame âgée est décédée « par étouffement » suite à « un acte d’hyperpression cervicale au niveau de la thyroïde, qui peut être liée à une clé de bras ». Cette action a eu lieu « après les coups reçus par la victime ».
L’expert est clair que ce meurtre pourrait être l’œuvre d’une ou plusieurs personnes. « On ne peut pas éliminer l’hypothèse selon laquelle plusieurs personnes auraient participé. En raison de la typologie des lésions, qui sont très différentes.
« Dans cette famille, les téléphones sont présents »
Cette journée était également consacrée à l’étude des données issues de la téléphonie. Données téléphoniques importantes dans ce dossier pour tenter de retracer la journée des trois accusés. « C’est bien que nous ayons ce débat, car il a été complètement caché du procès en première instance », a déclaré Me Martial, l’un des avocats de la défense.
Cependant, les témoignages de l’expert, de plusieurs témoins et des accusés à ce sujet n’apportent pas grand-chose. Sauf à accroître le flou dans l’esprit des jurés autour de l’usage des différents smartphones, eux-mêmes limités au Passage-d’Agen, Agenais et Villeneuvois le jour des épreuves. Surtout quand on apprend que dans la famille des trois accusés, issus de la communauté des Gens du voyage sédentaires, tout le monde avait accès à tous les téléphones.
“Dans cette famille, les téléphones se circulent et il n’y a pas de confidentialité car tout le monde les échange”, a expliqué Me Mira, conseil de Jean-François Narbalas. “C’est comme ça que ça se passe au quotidien.” Ce qui explique en partie pourquoi John Narbalas n’avait pas son téléphone avec lui lorsqu’il s’est rendu à Villeneuvois avec son frère pour utiliser la carte bancaire volée au défunt. Il l’a confié à Jean-François Narbalas, son père, qui a passé plusieurs appels avec.
Interrogés au téléphone, les trois accusés ont changé plusieurs fois de version sur des petits détails de temporalité. Mardi 17 décembre, ils seront interrogés sur les faits. La question de la photo de la tortue de compagnie de France Piechocki, retrouvée dans le téléphone d’Abraham Garcia, sera étudiée par le tribunal.