Le fruit d’une collaboration entre deux équipes du CRCI2NA

Les chercheurs du CRCI2NA (Université de Nantes, Université d’Angers, Inserm, CNRS) est parvenu à guérir des souris atteintes de glioblastome, le plus agressif des cancers du cerveau. Le traitement, basé sur l’administration d’anticorps marqués par un radioélément, a protégé les animaux sur le long terme, empêchant la progression et les éventuelles rechutes de la maladie. Leur découverte vient de faire l’objet d’une publication dans la revue eBioMédecinepublié par The Lancet.

Chaque année, quelque 3 500 nouveaux cas de glioblastome sont diagnostiqués en France. Le cancer du cerveau le plus courant est également extrêmement agressif. Même après un traitement chirurgical et/ou médicamenteux et radiothérapeutique, la récidive est la règle. La médiane de survie est inférieure à 2 ans après application des traitements conventionnels (une avancée récente combine l’utilisation d’un dispositif médical portable générant des champs électriques).

Une des équipes du Centre de Recherche Intégrée en Cancérologie et Immunologie de Nantes-Angers (CRCI)2NA), baptisée « Gliad », est spécialisée dans la recherche d’alternatives innovantes pour le traitement locorégional (dans le cerveau) des glioblastomes. Basée à Angers, elle travaille plus spécifiquement sur la résistance aux traitements, et s’articule autour de deux approches : le développement de la radiothérapie interne vectorisée associée à la radiosensibilisation sur siteet, d’autre part, le développement d’implants interventionnels capables de modifier l’écosystème tumoral et/ou d’interférer avec le comportement des cellules tumorales.

Travail en équipe

L’une de leurs dernières avancées a fait l’objet d’un article, publié en ligne en libre accès le 20 juin 2024, dans l’une des revues du groupe The Lancet, eBioMédecine qui met en lumière des découvertes prometteuses avant qu’elles ne soient testées cliniquement sur l’homme. Ces résultats sont le fruit d’une collaboration qui s’est renforcée en 2019 entre Gliad, dirigée par Emmanuel Garcion, et une autre équipe de la CRCI.2NA, Oncologie Nucléaire, dirigée par Michel Chérel, dans le cadre du Labex Iron (Produits radiopharmaceutiques innovants en oncologie et neurologie). Les travaux ont été confiés à Loris Roncali, pour sa recherche doctorale, réalisée entre Nantes et Angers.

Dans ce contexte, les cerveaux de souris ayant développé un glioblastome ont été traités localement « avec un anticorps monoclonal marqué avec un isotope radioactif de l’astate, l’astate 211, l’élément naturel le plus rare sur terre, explique Emmanuel Garcion, directeur de recherche Inserm en neuro-oncologie. Le traitement ciblait une molécule de surface du glioblastome associée à l’agressivité tumorale, le syndécan 1.

Radiothérapie vectorisée


François Hindré, Michel Chérel et Emmanuel Garcion sont les promoteurs et Loris Roncali, l’auteur principal de l’étude.
Chaque test était une course contre la montre. Nous avons utilisé le cyclotron Arronax Nantes pour produire de l’astate 211, indique le chercheur angevin. Mais c’est un élément qui perd rapidement sa radioactivité, de moitié toutes les 7 heures. Il a donc fallu le fixer rapidement sur l’anticorps, puis transporter la molécule radiothérapeutique jusqu’à la salle expérimentale pour application. Cela a demandé beaucoup de coordination entre les deux équipes, avec parfois une quinzaine de personnes mobilisées pour une même expérimentation, ce qui est rare.

Résultats : « Nous avons obtenu une survie de 70 % des souris du meilleur groupe, avec éradication des tumeurs, note Emmanuel Garcion. Nous avons également observé une réduction des sites tumoraux secondaires et une protection immunologique à long terme. Lorsque nous essayons de réimplanter la maladie, la souris ne la développe pas. Elle est protégée. Pas de rechute. « Il s’agit d’un résultat extrêmement prometteur pour une application chez l’homme, qui démontre l’intérêt des radiopharmaceutiques et de la radiothérapie vectorisée. »

Le développement de cette stratégie va se poursuivre, en vue d’un éventuel essai clinique. « Il va falloir humaniser l’anticorps, étudier la toxicité du traitement… Le chemin est encore long mais les résultats suscitent un réel espoir. »

Téléchargez l’article complet publié dans eBioMedicine

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV une plateforme de biomarqueurs numériques pour le diagnostic différentiel – .
NEXT Innovations organisationnelles au service de la santé des femmes – .