Peut-être avez-vous le réflexe, pour tuer le temps, de sortir votre téléphone pour défiler (ou dérouler, en bon français) des vidéos sur les réseaux sociaux. Et dans ce cas, changez probablement (changer : switch, même si le « scintillement » serait plus joli). C’est-à-dire qu’on ne regarde même pas les vidéos jusqu’à la fin, survolant 24 secondes d’Aya Nakamura, ricochant sur le dernier éclat de Donald Trump puis apercevant quelques instants un lapsus ministériel et une influenceuse qui se mouche.
Un conseil : levez le pied, ou plutôt le pouce, vous vous faites mal ! Une équipe canadienne vient de le démontrer. Les chercheurs ont d’abord confirmé que l’ennui pousse les gens à faire défiler. Mais ce n’est pas tout : plus on s’ennuie, plus on regarde des vidéos courtes sans forcément aller au bout. C’est ce qu’on appelle la commutation numérique.
Cependant, en moyenne, les personnes à qui l’on demande de regarder une vidéo sans interruption pendant dix minutes s’ennuient moins que celles qui peuvent parcourir sept vidéos, expliquent les chercheurs. Non seulement les imbéciles se sentent encore plus oisifs qu’avant, mais ils ne se souviennent pas non plus de grand-chose de ce qu’ils ont vu puisqu’ils n’y étaient pas impliqués. De même, sur YouTube, on s’ennuie généralement moins lorsqu’on est obligé de regarder une vidéo en continu que lorsqu’on peut faire des pauses, accélérer ou revenir en arrière pour mieux picorer, croyons-nous, les contenus les plus juteux. Et ce, même lorsque vous avez composé votre propre menu avec les vidéos de votre choix ! C’est comme au cinéma : on sera plus absorbé par un film regardé en continu que par des extraits d’œuvres diverses présentées tour à tour et sans chronologie. Avec votre téléphone, lorsque vous vous ennuyez, vous ne laissez pas votre attention bondir comme un enfant : vous la sécurisez. Sinon, le remède sera pire que le mal.
Source
Katy YY Tam et Michael Inzlicht, « Avance rapide vers l’ennui. Comment changer de comportement sur les médias numériques rend les gens plus ennuyants », Journal de psychologie expérimentale générale, vol. 153, 2024/10.
Santé