« Depuis le début de l’année, au moins quarante cas de grippe H5N1 ont été signalés aux États-Unis. La majorité des cas concernaient des personnes qui travaillaient dans des fermes laitières et qui ont été infectées parce que le virus était présent dans le lait. Généralement, ces personnes ont développé une conjonctivite après avoir reçu des éclaboussures de lait dans les yeux, ce qui est un peu inquiétant car ces cas donnent au virus une opportunité de s’adapter. aux humains. En revanche, « les nouveaux cas documentés au Canada et aux États-Unis n’étaient pas causés par des bovins, mais par le virus circulant chez les oiseaux ». explique Steven Van Gucht, virologue et président du comité scientifique scientifique. “Pour ces deux cas, nous n’avons pas pu retrouver la chaîne de transmission. On ne sait donc pas comment ces deux personnes ont été contaminées.précise-t-il.
Risque de mutation
Le flou autour de ces deux nouvelles contaminations inquiète les scientifiques. Ils craignent particulièrement qu’un variant transmissible d’humain à humain puisse émerger. “À l’heure actuelle, nous n’avons pas encore observé de transmission du H5N1 entre humains. Le virus ne s’est pas encore suffisamment adapté à l’homme pour être capable de provoquer une épidémie humaine. Mais nous devons continuer à suivre la situation de près. Au Canada, des tests seront effectués pour vérifier si la famille ou d’autres contacts ont également été contaminés afin d’exclure qu’il y ait eu une contamination entre humains. Pour que le virus soit transmissible d’humain à humain, il faut que le virus mute, c’est pourquoi il faut limiter au maximum les infections dans la population humaine car cela augmente le risque que cette mutation se produise.indique Steven Van Gucht.
« Cela m’inquiète beaucoup. Si le virus développe la capacité de se transmettre d’humain à humain, cela pourrait être le début d’une pandémie. »
A cet égard, le virologue se montre très critique à l’égard de la gestion de l’épidémie par les Etats-Unis. «Ils n’ont pas pris les choses au sérieux et à cause de cela, la transmission du virus a très fortement augmenté. Aujourd’hui, ils sont beaucoup plus stricts, ils testent beaucoup le lait et il y a des restrictions sur le transport. J’espère qu’ils réussiront à contrôler cette épidémie mais je regrette qu’il ait fallu plus de six mois alors que face au début d’une épidémie il y a une tendance naturelle à minimiser les risques mais la crise du Covid nous l’a appris. « nous devons agir vite pour pouvoir garder la situation sous contrôle »se souvient le scientifique.
Renforcer la sécurité en Belgique
En Belgique, aucun foyer de grippe aviaire n’a encore été détecté cette année mais le virus circule intensément le long des routes migratoires vers et à travers notre pays. Des cas de grippe aviaire ont été récemment détectés aux Pays-Bas, en Allemagne et en France. Ce samedi, l’Afsca a donc annoncé un renforcement des mesures de protection contre la maladie. Les volailles et oiseaux issus d’élevages professionnels doivent désormais être confiés. Il est également interdit d’utiliser de l’eau de surface non traitée ou de l’eau de pluie pour les volailles et les oiseaux.