Le moustique tigre gagne du terrain en France depuis près de 10 ans, il pique de jour comme de nuit et peut être vecteur de maladies comme la dengue, le chikungunya ou le Zika. Mieux vaut donc se protéger. Adélaïde Robert de 60 millions de consommateurs comparé 15 anti-moustiques.
- : Nous parlions de la dengue, qui est une maladie virale. Connaît-on le nombre de cas en France ?
Adélaïde Robert : Oui, Santé Publique France a dénombré 662 cas importés en France métropolitaine entre le 1er mai et le 25 juin, dont quelques autres venus des Antilles où sévit une énorme épidémie depuis plusieurs mois, et en cumulé depuis le début de l’année, on dépasse 2 700 cas, soit 10 fois plus que ces cinq dernières années. C’est énorme.
Comment se protéger des moustiques ? Y a-t-il des choses à faire et à ne pas faire ?
Donc le plus important est d’éviter la prolifération des moustiques en limitant les eaux stagnantes où se développent les larves. Ensuite, on peut se protéger des piqûres, on peut porter des vêtements amples et longs, installer des moustiquaires aux fenêtres autour du lit, puis à l’extérieur, utiliser des répulsifs.
Alors, justement, les répulsifs, vous en avez testé une quinzaine ce mois-ci, en 60 Millions. Sont-ils efficaces ou non, notamment contre le moustique tigre ?
Oui, la plupart le sont. En tout cas, ils respectent leurs allégations. Dans le banc d’essai, nous avons tous ceux basés sur le DEETRI 3535 qui offrent une protection d’au moins 8 heures contre le moustique commun et le moustique tigre. Ensuite, l’efficacité est plus variable pour les produits qui ont un principe actif d’origine végétale. Il y en a qui s’en sortent très bien, et d’autres qui protègent moins de 5 heures.
Y a-t-il des recommandations pour les utiliser ? Faut-il les appliquer sur toute la peau par exemple ?
Oui, il y a des recommandations, il y a des quantités et des fréquences d’application à respecter, selon les zones du corps, qui sont précisées par le fabricant sur l’emballage, et qui peuvent varier selon l’âge. Et il existe également des restrictions pour les femmes enceintes. Donc il faut vraiment bien lire l’étiquette, sinon en mettre partout, non ça ne sert à rien. Il faut le mettre surtout sur les parties exposées. A une exception près cependant. Au niveau des chevilles, on peut le mettre, même si on porte des chaussettes, car c’est vraiment une zone qui les attire.
Avez-vous également essayé des produits en spray ? Est-ce un bon choix ?
Alors oui, la plupart des produits que nous avons testés sont des sprays. Et oui, les autorités sanitaires recommandent des laits ou des crèmes, justement pour éviter les risques d’inhalation. Nous avons fait ce choix car c’étaient ceux qui étaient les plus présents dans les rayons au moment où nous avons réalisé le test. Et de fait, il est toujours aussi apprécié des utilisateurs, car il est facile à appliquer.
Avons-nous une idée de la durée d’action d’un produit répulsif ? Les informations sur les étiquettes sont-elles fiables ?
Oui, en effet, comme je l’ai dit, les allégations sont respectées dans nos tests. Mais ce qui est trompeur, c’est que certains affichent le temps de tenue pour une application, et d’autres pour deux applications. Et c’est indiqué avec un petit astérisque, qu’on ne verra pas forcément au moment de choisir le produit en rayon. Donc ce qui serait mieux serait encore d’harmoniser ce type de présentation des allégations, et ce serait plus fair-play pour les concurrents aussi.
Il existe des répulsifs cutanés, mais il existe aussi des produits que l’on peut appliquer sur les vêtements. Encore une fois, sont-ils efficaces ?
Alors oui, nous en avons testé cinq, qui protègent tous plus de 6 heures et répondent à leurs promesses. Sauf un, qui annonçait en réalité deux semaines de protection, ce qui était plutôt inattendu et qui en fait ne tient pas du tout cette promesse.
Combiner les deux, est-ce une bonne chose ?
L’argument de vente des répulsifs textiles est donc que les moustiques peuvent piquer à travers les tissus. Alors plutôt que de mettre du répulsif sur tout le corps, mieux vaut en mettre sur les parties exposées comme on le disait, puis sur vos vêtements. Après, ce n’est pas utile pour tous les textiles. C’est peut-être plus utile pour des vêtements légers avec une maille aérée, qu’avec un tissu denim épais qui se suffit probablement à lui-même.
Mais existe-t-il des textiles qui attirent les moustiques et d’autres qui les repoussent ?
Ainsi, les moustiques seraient plus attirés par les couleurs vives ou foncées, bleu, rouge, et ils nous remarqueraient un peu moins dans les couleurs beige, kaki, savane, mais ils sont quand même beaucoup plus sensibles aux odeurs qu’aux couleurs. Donc même si vous vous habillez tout en beige, cela ne suffira pas à vous faire passer inaperçu.
Ensuite, il y a tout un tas de recherches sur les textiles anti-moustiques, à maille impénétrable. Mais pour l’instant, ce qui est impénétrable n’est pas très respirant, et peu agréable à porter, quand il fait chaud.
De manière générale, peut-on utiliser en France métropolitaine des produits que l’on utilise sous les tropiques ? Ils doivent être plus efficaces ?
Les produits destinés aux tropiques contiennent donc souvent une dose plus élevée de principes actifs. Ces concentrations plus élevées ont l’inconvénient d’exposer plutôt les personnes à davantage de risques. Il y en a qui sont également limités aux enfants. Tous les produits tropicaux ne peuvent pas être utilisés sur les enfants. Cela se justifie donc par le fait que le risque de maladies vectorielles est plus élevé sous les tropiques, mais donc, en France métropolitaine, ce n’est pas forcément la peine de prendre des produits très concentrés. Car même si nous avons des moustiques tigres, nous ne courons pas forcément le risque qu’ils transmettent la maladie.
Donc la meilleure note de 60 Millionsest-ce cinq sur cinq ?
Oui, jeu de mots mis à part, en fait, c’est bien cette marque qui arrive en tête du podium, aussi bien pour les répulsifs cutanés que pour les répulsifs textiles.
