A l’école primaire de ma fille, le vendredi précédant l’ouverture de la chasse, il y a une petite mer d’orange fluo dans la cour de récréation. En plus des traditionnels messages matinaux, un concours d’appel à l’orignal a été ajouté ce jour-là.
Depuis deux semaines, les « mamelles, tu as tué ? remplacez le « comment vas-tu ? »
Les veuves en chasse se rassemblent. Et à 11h, depuis plus de 40 ans, on écoute la radio locale pour l’émission La réunion des chasseurs. Une heure d’appels pour communiquer dans les bois, où il n’y a que la radio qui hurle.
Menace sérieuse
Or, nous apprenons dans une étude récente que cette partie de notre histoire pourrait bien être avortée bien plus rapidement qu’on ne le pense.
La tique hivernale profite de plus en plus de nos hivers plus doux et de notre complaisance dans la lutte efficace contre le changement climatique.
Il s’accroche aux cerfs par milliers pour boire leur sang jusqu’à siphonner la moitié de leur corps, tuant parfois jusqu’à 90 % des veaux. Et chaque année, elle progresse vers de nouveaux territoires.
Rituel de notre part
Dans plusieurs régions du Québec, la chasse est un rituel automnal sacré. Quand on pense à notre culture, sans tomber dans les clichés, on peut dire que c’est un gros morceau.
Quand le monde part en forêt pendant deux semaines, bavoir sur le dos, ce n’est pas seulement pour tuer du gibier, c’est aussi pour se reconnecter. Avec silence. L’odeur des feuilles mouillées. Le cri des grues et des outardes.
Dans l’escalade de la menace contre l’identité québécoise, on parle peu de ces choses-là. Immigrés, demandeurs d’asile, c’est beaucoup plus facile. On peut les pointer du doigt et les juger dans l’espace public pour qu’ils comprennent qu’ils ne sont pas les bienvenus.
Intimider une tique est une autre histoire.