Coqueluche, rougeole, tuberculose… Pourquoi ces maladies oubliées refont-elles surface ? – .

Coqueluche, rougeole, tuberculose… Pourquoi ces maladies oubliées refont-elles surface ? – .
Coqueluche, rougeole, tuberculose… Pourquoi ces maladies oubliées refont-elles surface ? – .

Des maladies oubliées qui reviennent

La coqueluche fait son grand retour en France. Près de 6.000 cas de cette infection respiratoire ont été enregistrés au cours des cinq premiers mois de l’année, soit cinq fois plus qu’en 2023.

Le nombre de cas de rougeole explose. En 2023, 117 cas (dont 31 importés) ont été signalés en France, contre 15 en 2022. Cette maladie virale très contagieuse est souvent bénigne mais peut entraîner de graves complications respiratoires et neurologiques, parfois mortelles chez les bébés.

La tuberculose, bien que restant à un niveau faible, a connu un rebond des cas en France en 2023 après trois années de crise sanitaire, avec 4 728 cas déclarés. Transmise par voie aérienne, il s’agit d’une infection bactérienne très contagieuse qui touche le plus souvent les poumons, mais qui peut se propager au cerveau.

La syphilis, infection sexuellement transmissible tristement célèbre dans le monde entier pour avoir infecté des artistes comme Baudelaire et Schubert, a longtemps été reléguée au second plan des politiques publiques, notamment face à l’épidémie de VIH. Son incidence a bondi de 110 % entre 2020 et 2022.

Avaient-ils vraiment disparu ?

« Jamais vraiment, mais elles se sont transformées, espacées dans le temps », souligne Mikael Askil Guedj, docteur en sciences médicales et chirurgien ophtalmologiste, qui s’est penché sur toutes les maladies du siècle dans un livre « Médecins malgré vous, Portraits maladies du XXIe siècle » (Grasset, 2023). « C’est le génie des épidémies : il y a des cycles de quelques années, parfois de quelques décennies, où les maladies s’oublient, mutent un peu, puis réapparaissent sans prévenir. »

Ces maladies « ont toujours été latentes », note Philippe Sansonetti, professeur émérite à l’Institut Pasteur et au Collège de France.

« La syphilis, on l’a vue resurgir avec le sida puis rechuter en même temps que les mesures de prévention ; la tuberculose avait suffisamment reculé pour qu’on arrête la vaccination ; quant à la rougeole et à la coqueluche, on vit avec des épidémies irrégulières », explique-t-il.

Comment expliquer leur résurgence actuelle ?

Comme pour d’autres germes, les scientifiques y voient une conséquence de l’arrêt des mesures barrières contre la pandémie de Covid-19, ou d’une baisse de l’immunité collective. Mais c’est souvent une couverture vaccinale insuffisante qui est en cause.

Le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) avait notamment été victime d’une forte méfiance de la part des parents en raison de fausses nouvelles lui attribuant des cas d’autisme. Les cas avaient tellement augmenté dans les années 2000 que cette vaccination est passée de recommandée à obligatoire pour tous les nourrissons en 2018 pour tenter d’endiguer le phénomène. Mais « il y a des cas de rougeole chez les adultes et les adolescents parmi ceux qui ne sont pas ou mal vaccinés (une seule injection au lieu des deux obligatoires) », souligne Mikael Askil Guedj.

Pour la tuberculose, qui touche surtout des personnes en situation de grande précarité, « il existe un vaccin, le BCG, qu’on ne trouve plus nulle part en pharmacie ». Et qui, de plus, « ne protège pas très bien », ajoute-t-il.

Concernant la coqueluche, il faudrait « revacciner à l’âge adulte, en particulier les femmes enceintes » pour protéger les futurs bébés, car « le vaccin actuel ne protège pas à vie contre l’infection », souligne Philippe Sansonetti.

Quant à la syphilis, son retour s’explique par la diminution de l’usage du préservatif, les antirétroviraux ayant fait diminuer la peur du sida. « De nombreuses personnes en sont porteuses sans le savoir, et continuent de propager la syphilis car les premiers symptômes sont assez discrets ou mal identifiés », ajoute le Dr Guedj.

Recommandations pour s’en débarrasser

« Certains pays ont une politique vaccinale plus robuste que la France », note Philippe Sansonetti, qui fonde de grandes attentes sur le futur carnet de santé numérique de vaccination. “Aujourd’hui, il existe des lacunes et des incertitudes sur la couverture vaccinale réelle” des adultes, constate-t-il.

Sans nécessairement prôner la vaccination obligatoire pour tous, comme c’est le cas en pédiatrie, le chercheur s’interroge sur la mise en place d’une meilleure politique vaccinale chez les adolescents et les adultes.

 
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