Un deuxième marqueur pour améliorer le dépistage du cancer de la prostate

Un deuxième marqueur pour améliorer le dépistage du cancer de la prostate
Un deuxième marqueur pour améliorer le dépistage du cancer de la prostate

Les personnalités publiques qui exhortent tous les hommes à se faire tester pour le cancer de la prostate sont bien intentionnées, mais sont-elles sages ? La question se pose, entre autres, car le test actuellement utilisé pour détecter cette maladie amène une proportion importante d’hommes à croire qu’ils sont atteints de ce cancer alors que ce n’est pas le cas.

Le manque de spécificité de ce test a également amené une équipe de chercheurs de l’Université Laval, dirigée par Étienne Audet-Walsh, à publier, au cours des derniers mois, deux articles scientifiques dans lesquels ils plaident en faveur de l’utilisation d’un deuxième marqueur, le citrate. , pour améliorer le dépistage du cancer de la prostate.

Rappelons que le test actuellement utilisé pour dépister le cancer mesure la concentration d’antigène prostatique spécifique (PSA). « C’est une protéine produite exclusivement par les cellules de la prostate, qu’elles soient saines ou cancéreuses. Lorsque le taux de PSA dépasse 4 ng/ml de sang, on estime qu’un cancer de la prostate pourrait être présent », rappelle le professeur Audet-Walsh, rattaché à la Faculté de médecine de l’Université Laval et au Centre de recherche du CHU de Québec. –Université Laval.

Un bon biomarqueur a deux qualités, poursuit-il. « Premièrement, il doit avoir une sensibilité élevée, c’est-à-dire donner un résultat positif lorsque la maladie est réellement présente. Ensuite, il doit avoir une spécificité élevée, c’est-à-dire qu’il doit donner un résultat négatif en l’absence de maladie. Le test PSA a une sensibilité supérieure à 90 %, ce qui est très bon. En revanche, sa spécificité est d’environ 35%, ce qui signifie que deux non-patients sur trois reçoivent quand même un test positif. Cela crée beaucoup d’anxiété, de détresse et des tests supplémentaires inutiles.

En effet, les hommes dont le taux de PSA est anormal doivent subir d’autres examens dont une biopsie de la prostate. Cette procédure consiste à retirer du tissu de la prostate à l’aide d’une aiguille insérée dans la paroi du rectum. L’intervention peut provoquer des douleurs, des saignements, des infections, des problèmes urinaires et une inflammation.

«En raison de la faible spécificité de l’APS, il faut envisager l’utilisation d’autres molécules produites par la prostate comme biomarqueurs de ce cancer», argumente le professeur Audet-Walsh. Nous proposons le citrate car son métabolisme est fortement reprogrammé en cas de cancer. Il s’agit d’un marqueur qui avait déjà été étudié dans le passé, mais qui avait été écarté au profit de l’APS dont on ne connaissait pas les limites à l’époque.

Chez les patients en bonne santé, explique-t-il, le citrate est sécrété vers la lumière (l’espace creux au centre de la glande) de la prostate où il se mélange au liquide séminal. En cas de cancer, l’excrétion du citrate est considérablement réduite. « Le citrate sécrété par la prostate diminue alors entre 10 et 100 fois. La différence est très marquée.

Il existe déjà des kits permettant de mesurer la concentration de citrate dans le sang et l’urine. « En revanche, pour le dépistage du cancer de la prostate, nous ne pouvions pas procéder avec ces fluides biologiques car le citrate qu’ils contiennent provient de toutes les parties du corps et non exclusivement de la prostate. Idéalement, les analyses devraient être réalisées à partir d’un échantillon de sperme. L’acceptabilité de cette approche par les patients reste à vérifier, mais étant donné qu’elle permet d’éviter une biopsie transrectale, ils pourraient y voir un avantage certain.

« Les résultats seraient plus fiables, les inquiétudes et les examens inutiles des patients seraient évités, en plus de réduire la pression sur le système de santé. »

— Étienne Audet-Walsh, sur l’idée d’utiliser deux marqueurs, l’APS et le citrate, pour détecter le cancer de la prostate.

Le professeur Audet-Walsh et ses collègues ne proposent pas de remplacer le test PSA par le test citrate, mais plutôt de les combiner. « De cette manière, nous atteindrions des niveaux de sensibilité et de spécificité très élevés », souligne le chercheur. Les résultats seraient plus fiables, les inquiétudes et les examens inutiles des patients seraient évités, en plus de réduire la pression sur le système de santé. Nous travaillons actuellement au développement d’une méthode de dosage du citrate adaptée au dépistage du cancer de la prostate. Si cet outil devenait accessible aux médecins, je pense qu’ils n’hésiteraient pas à l’utiliser en association avec l’APS.

L’équipe de recherche a publié ses analyses du PSA et du citrate comme marqueurs du cancer de la prostate dans Nature Reviews Urologie et dans le Journal de biochimie des stéroïdes et de biologie moléculaire. Les auteurs sont Lucas Galey, Herman Nabi, Jean-Sébastien Paquette, Frédéric Pouliot et Étienne Audet-Walsh, de l’Université Laval, et Ayokunle Olanrewaju, de l’Université de Washington.

 
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