une approche unique en pharmacie des Alpes-Maritimes

une approche unique en pharmacie des Alpes-Maritimes
une approche unique en pharmacie des Alpes-Maritimes

Six pharmacies volontaires et bien réparties dans le département des Alpes-Maritimes se lancent actuellement dans le dépistage du VIH par test rapide d’orientation diagnostique (TROD). A l’origine de cette initiative, le Comité régional de lutte contre le VIH et les IST (Corevih Paca-Est) et la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Côte d’Azur* qui regroupe les communes de Menton, Roquebrune-Cap-Martin et Cap- d’Ail. Ils ont établi un protocole de coopération locale. Mais pourquoi ce territoire ? Elle est active dans la lutte contre le VIH (expérimentations de prophylaxie pré-exposition ou PrEP dès 2012, dépistage du VIH sans ordonnance dans les laboratoires de biologie depuis 2019) et la CPTS Côte d’Azur est reconnue pour son dynamisme, souligne son président, le médecin généraliste Jean- Louis Gerschtein. « Nous sommes dans une zone frontalière avec l’Italie qui reçoit beaucoup de touristes. Il existe également un flux de migrants transfrontaliers. Pour des raisons différentes, ces deux populations sont considérées comme à risque. » explique Kathleen Waeytens, coordinatrice du CPTS.

Comportements à risque identifiés

En pratique, le pharmacien doit identifier les personnes éligibles au HIV TROD et le réaliser dans l’espace confidentialité de l’officine. Il peut s’agir d’une femme prenant une pilule du lendemain ou d’un homme achetant des préservatifs, présentant une ordonnance de sildénafil et discutant d’une situation avec plusieurs partenaires. En général, les personnes qui adoptent des comportements à risque le savent et ont envie d’en parler.témoigne Cyril Colombani, vice-président de la CPTS et pharmacien participant au dépistage. Selon lui, l’objectif ne se mesure pas seulement par le nombre de tests réalisés mais par le nombre de personnes sensibilisées et orientées vers les structures appropriées. “ Le test peut être reporté mais l’information sera transmise. De même, si celui-ci s’avère négatif, la personne n’est pas relâchée dans la nature. Elle reçoit une trousse de prévention et un répertoire de solutions de recours. Un rendez-vous peut également être pris avec Corevih”ajoute le pharmacien. L’entretien qu’il réalise permet donc de renseigner sur les situations d’exposition au VIH, de faire connaître les différentes solutions de prévention et de proposer, si nécessaire, une vaccination de rappel (hépatite B, HPV…).

S’approprier un arbre de décision

Pour s’impliquer, les pharmaciens ont reçu une formation théorique et une autre avec des éléments pratiques, une demi-journée pour chacun d’eux. Il est essentiel de comprendre l’arbre de décision et les critères d’exclusion. “Il s’agit notamment d’une détérioration de l’état général, d’un jeune de moins de 16 ans ayant un comportement à risque et sans la présence d’un représentant légal, d’une infection connue au VIH, d’un traitement post-exposition au VIH ou d’une PrEP en cours”, énumère Kathleen Waeytens. Si nécessaire, la personne peut être orientée vers une consultation médicale, notamment en cas de doute sur une préinfection symptomatique au VIH. Après la formation, l’entretien d’annonce est maîtrisé, notamment dans sa dimension psychologique : le pharmacien aborde le rapport quel qu’en soit le résultat. Une personne infectée contacte alors Corevih Paca-Est. Il y a trois médecins spécialisés en maladies infectieuses et rattachés à cette structure qui sont délégués aux pharmaciens. Les tests fournis par le laboratoire AAZ-LMB sont optimaux en termes de qualité et de fiabilité, souligne Cyril Colombani.

Un possible dédoublement

Pour faire connaître cette initiative, une affiche et des dépliants sont placés dans l’espace de vente annonçant un dépistage confidentiel et anonyme, sans ordonnance et sans paiement préalable. Cabinets médicaux, mairies et presse locale relaient l’opération. Côté financier, le pharmacien perçoit 12,50 € pour chaque traitement. Une somme prélevée sur le fonds CPTS qui pourrait être augmentée en obtenant d’autres financements. A terme, ce protocole local pourrait être dupliqué dans d’autres territoires.

* Avec l’association « Objectif Sida Zéro », Nice et les Alpes-Maritimes s’engagent ! »

 
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