“Dites-moi, est-ce que faire pipi assis est vraiment meilleur pour la prostate ?” L’hôpital cantonal de Baden (AG) répond depuis peu aux questions médicales de ses patients grâce à l’intelligence artificielle (IA). Et ce, grâce à une chatbox santé, lancée sur son site Internet. Une première en Suisse.
Ce bot n’est pas comme ceux que nous avons l’habitude d’utiliser, avec plus ou moins de succès, auprès des services clients des entreprises. « KS_Bot » a été développé sur mesure et formé pendant un an pour répondre de manière claire et concise, mais sans empiéter sur le rôle des professionnels de santé : il ne propose ni diagnostic, ni traitement, ni prescription.
KS_Bot puisera ses connaissances dans les milliers de pages web du site de l’hôpital, développées au fil des années avec l’aide de médecins et d’infirmières. «Les recherches fastidieuses de page en page appartiennent désormais au passé», déclare Adrian Schmitter, directeur général de l’hôpital cantonal de Baden.
Aux HUG de Genève, l’idée est observée de très près puisqu’il est prévu qu’un bot similaire soit lancé courant hiver. Testé depuis l’été 2024, il remplacera le robot proposé depuis 2021, qui se limitait à répondre aux questions liées au covid. « On y trouvera beaucoup de données de médecine générale, sur un grand nombre de pathologies », explique Franck Schneider, du service communication. Afin d’éviter que la machine ne commence à s’auto-diagnostiquer, des « mécanismes de précaution » sont prévus, explique-t-il. Par exemple, les utilisateurs devront choisir eux-mêmes, dans un premier temps, la pathologie pour laquelle ils souhaitent obtenir des informations.
Je n’ai même pas peur des médecins
L’intégration progressive de l’IA dans le domaine des soins n’effraie pas la faîtière des Hôpitaux Suisses H+, même s’il faut “bien entendu prendre en compte des questions importantes liées à la sécurité et à la protection des données”, note sa directrice Anne-Geneviève Bütikofer. . La Fédération des médecins suisses estime que l’IA «doit permettre de développer et d’améliorer de manière judicieuse et adéquate tous les processus qui jalonnent le parcours du patient». Mais selon elle, il est peu probable qu’elle assume un jour pleinement les rôles de médecin.