Une déambulation dans Paris, entre défilé des étudiants de l’IFM, Voyelles et Kartik Research

Traduit par

Anne SCHILLING

Publié le

19 juin 2024

En cette journée riche en grandes premières, nous avons assisté à la cérémonie de remise des diplômes de l’Institut Français de la Mode (IFM), au lancement de la marque japonaise Vowels et au premier défilé Kartik Research.

Remise des diplômes à l’IFM : avant-première mode : T-Shirts « Ceasefire Now »

Juger un concours de fin d’études, c’est un peu comme aller à primeurau pèlerinage annuel des acheteurs et des amateurs de vin pour acquérir du vin à Bordeaux.

IFM

Il faut goûter beaucoup d’alcool pour trouver les bonnes bouteilles. Comme lors du défilé des diplômés mardi à l’IFM, la plus grande école de mode de Paris située sur les quais de Seine. Trente et un jeunes talents ont défilé, présentant chacun six looks, avant de partager une finale commune, chaque créateur arborant un t-shirt blanc sur lequel était écrit « Ceasefire Now ».

On dit qu’un bon film doit commencer par une explosion et se terminer par un dénouement dramatique, et c’est exactement ce qui s’est passé avec cette parade. Notamment grâce à une ouverture en force de Noah Almonte, un Suisse qui a imaginé des tenues surréalistes savamment sculptées dans du nylon matelassé, aux carreaux audacieux, et qui a visiblement le talent nécessaire pour entrer dans un atelier de haute couture parisien. Sa prestation a été suivie par celle de Théophane Sorin, créateur français dont les fronces, la finesse technique et la rencontre finale inattendue entre la soie plissée et les modèles témoignent une nouvelle fois de son talent.

Avec son utilisation des rembourrages et ses découpes espiègles, la Slovène Nika Mocnik est aussi un talent à surveiller. Tout comme la Sud-Coréenne Victoria Yujin Kwon, qui a fait preuve d’audace et de dextérité technique en créant une dame à l’aspect cireux, avec une jupe en plexiglas et un pénis éléphantine.

Mentions honorables pour les mariées farfelues de Dani Reto (Irak), les robes claustrophobes de Gwen Bodiu (France), les fantaisies magiques des dessins animés découpés d’Emanuel Simmerle (Italie) et surtout les tomes « cool cowboy » d’Anthony Icons (France). ).

Enfin, on peut souligner la belle performance de Hyeonseo Yoo, offrant un mini-show intitulé « Today’s Uniforms » au panache cinématographique admirable.

Par ailleurs, il nous est arrivé de rappeler aux étudiants que le but de l’exercice n’était pas d’habiller un groupe gothique ouzbek qui arriverait quinzième au Concours Eurovision de la Chanson l’année prochaine, tant leurs idées étaient ridicules. On dit que la jeunesse est parfois gâchée par les jeunes ; il arrive que les écoles de mode le soient aussi.

Cela dit, cette année a-t-elle été une belle année en termes de nouveauté mode ? Sans doute pas tout à fait comme un Bordeaux de 1989, mais il y avait quand même beaucoup de talent qui valait le détour.

Tous les jeunes espoirs ont partagé une finale avec deux looks, chaque créateur portant ostensiblement « Ceasefire Now ». A Milan, ces quatre derniers jours, personne lors de la Fashion Week masculine n’a fait la moindre allusion à Gaza, tandis que Paris s’est exprimé dès le premier jour de ces six jours de défilés, qui ont débuté aujourd’hui.

Voyelles : quand New York rencontre Tokyo autour du streetwear cool

Vowels, nouveau concept streetwear cool qui a fait ses débuts européens mardi matin à Paris, est une marque qui élargit le vocabulaire de la mode.

Voyelles SS25

Présentée sur un sol poussiéreux du Musée des Arts et Métiers, une vingtaine de personnes ont déambulé pour présenter la collection japonaise, imaginée par Yuki Yagi, un habitué des marques de streetwear américaines.

Tout est question de détails et de savoir-faire dans une collection unisexe qui met l’accent sur le savoir-faire – comme ce superbe pantalon cargo en coton à fossettes brodé de petites fleurs en tissu, ou ce jean patchwork porté avec élégance.

Rien de très révolutionnaire, mais beaucoup de produits astucieux : des cardigans en tricot à col, des vestes de travail en coton au tissage serré et de superbes vestes en tissu à mémoire de forme, qui changent de couleur au toucher de la main.

Fait révélateur, on pouvait sentir que les mannequins appréciaient ces vêtements. Tendance, pas trop discret. Une première batte mémorable de Yuki, jusqu’au lookbook réalisé au Japon par Nigel Shafran. Il a parcouru la maison de la grand-mère de Yuki, les friches industrielles et les montagnes près de Tokyo. Une vision que l’on retrouve dans la collection parisienne, composée de troncs d’arbres, de sculptures en pierre et de fleurs en papier.

Vowels n’a pas encore de magasin, mais une bibliothèque de recherche construite au 76 Bowery Street dans le quartier de Chinatown à New York.

Son objectif : construire un modèle économique autonome, avec 100 grossistes et un chiffre d’affaires annuel de 30 à 40 millions d’euros d’ici cinq ans. L’entreprise est soutenue par des investisseurs indiens brillants et férus de technologie : Ritvik Kulshrestha, sa femme Anshita et son frère Shivam Kulshrestha. Vowels a pris un bon départ.

Kartik Research : le rêve indien aux portes de Notre-Dame

Le troisième lancement de la journée était Kartik Research, demi-finaliste du prix LVMH, réalisé par Kartik Kumra, une ode à tout ce qui est indien, y compris sa ténacité en matière de développement durable.

Collection Kartik Research Printemps/Été 2025 à Paris – Avec l’aimable autorisation

Présentée dans un magnifique bâtiment, le Philanthro-Lab récemment restauré sur la Seine près de Notre-Dame, cette collection fut une admirable rencontre d’artisans indiens et de recycleurs audacieux.

Parmi les meilleures inspirations, on retrouve un fabuleux ensemble de blazers confectionnés à partir de couettes de lit recyclées, de fines matières indiennes aux multiples surpiqûres et une coupe agrémentée de nombreuses poches militaires. Le tout décoré de superbes broderies et d’une touche hippie chic très tendance.

“L’idée est de créer des vêtements sans utiliser d’électricité”, explique le fondateur Kartik Kumra.

Les broderies à paillettes de plusieurs mini-vestes en lin Nehru s’inspirent des maillots de l’équipe indienne de cricket de 1999, dirigée par le légendaire batteur Sachin Tendulkar.

“C’est le Lionel Messi du cricket”, a déclaré Kartik Kumra.

Ce printemps, Kartik Kumra a ouvert sa première boutique dans sa ville natale de Delhi. À l’automne, une deuxième boutique devrait ouvrir ses portes sur Orchard Street, dans le Lower East Side de New York. Sa marque est sans aucun doute en mouvement.

Même le lieu du défilé lui a semblé approprié, de l’autre côté de la Seine, à proximité de la grandiose cathédrale qui se remet à peine du terrible incendie qui l’a ravagée. Sans doute l’attirance de Kartik Kumra pour ce mélange de pièces anciennes, restaurées et neuves, à l’image de sa marque de mode.

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