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Projet de Catherine Picart

L’un de ses projets de recherche, financé par la Fondation pour la Recherche Médicale, vise à réparer les os à l’aide de biomatériaux.

Ali Rebeihi

  • Thierry, ce mois-ci vous êtes allé à Grenoble rencontrer l’équipe de Catherine Picart, professeur à l’Institut Polytechnique de Grenoble. Elle dirige le Laboratoire de Biosanté et son équipe s’appelle « Biomimétisme et médecine régénérative ».
  • L’un de ses projets de recherche, financé par la Fondation pour la Recherche Médicale, vise à réparer les os à l’aide de biomatériaux.

Thierry Lhermitte

  • Exactement. Tout le monde connaît la fracture. Des membres à la colonne vertébrale, il existe de nombreux sites de fractures dans le corps.
  • Dans la majorité des cas, l’os se répare naturellement, par immobilisation.
  • Mais dans 5 à 10 % des cas, la réparation naturelle ne se produit pas, et elle peut être plus fréquente en cas de complications, chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, en cas d’ostéoporose, etc.

Ali Rebeihi

  • Avons-nous encore des prothèses pour réparer une articulation ou remplacer un os manquant ?

Thierry Lhermitte

  • Oui, il existe des prothèses fabriquées dans différents matériaux, comprenant souvent du métal (notamment du titane). C’est le cas des prothèses de hanche par exemple.
  • Pour remplacer les os, nous utilisons également des matériaux céramiques, dont la composition se rapproche le plus de celle des os naturels (qui sont constitués de phosphates de calcium). C’est ce que nous utilisons pour les dents, par exemple. Mais les céramiques ont un inconvénient : elles sont fragiles et se brisent facilement en cas de choc.
  • Il existe également des matériaux polymères, naturels ou synthétiques, mais rien n’est aussi parfait que l’os naturel.
  • Et en plus, quand le cas est plus complexe, on fait une greffe osseuse… Mais c’est assez lourd.

Ali Rebeihi

  • L’objectif de Catherine Picart est donc de trouver une solution plus naturelle et plus simple à mettre en œuvre ?

Thierry Lhermitte

  • Oui, cela fait presque 20 ans qu’elle a commencé ce travail.
  • Avec son équipe et celle du professeur Georges Bettega, à l’hôpital d’Annecy, elle a développé un film biomimétique, c’est-à-dire qui mime une matrice naturelle. Il est fabriqué notamment à partir d’acide hyaluronique.
  • Il forme une sorte de maillage qui lui permet d’attacher un facteur de croissance spécifique qui stimule la formation osseuse par les cellules.
  • Les expériences ont montré que grâce à ce biomatériau, l’os lésé était reconstitué correctement et qu’en plus, il était vascularisé, comme l’os natif !

Ali Rebeihi

  • D’accord, quelle est la prochaine étape ?

Thierry Lhermitte

  • En 2016, l’équipe s’est fixé pour objectif de réparer les lésions osseuses les plus importantes, celles que le simple film biomimétique était incapable de réparer.
  • Pour ce faire, elle a développé un nouveau matériau permettant de combler le vide laissé par la lésion. Il s’agit d’une sorte d’architecture réalisée sur commande grâce à l’impression 3D, qui pourra être colonisée par les cellules qui fabriquent l’os et qui ont besoin de support.
  • Cette architecture est recouverte du célèbre film biomimétique imprégné de facteur de croissance initialement développé par le laboratoire de Catherine Picart.

Ali Rebeihi

Thierry Lhermitte

  • Bien ! Le concept a été breveté en 2020.
  • L’équipe travaille aujourd’hui deux autres partenaires, à Annecy et Bordeaux, pour développer une solution prête à l’emploi qui remplacerait la greffe osseuse, parfois nécessaire avant la pose d’un implant dentaire.
  • Et ça s’annonce bien, puisque les chercheurs tablent sur un premier essai clinique chez une dizaine de patients en 2026.

 
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