Rencontre avec Elie Chapuis, l’animateur lausannois derrière « Sauvages ! – .

Après avoir travaillé sur «Ma vie de courgette», «Interdit aux chiens et aux Italiens» ou encore les films de Wes Anderson, le Lausannois Elie Chapuis fait partie de l’équipe de «Sauvages!», de Claude Barras, en compétition au le dernier Festival d’Animation d’Annecy. Rencontre.

(Commentaires recueillis et mis en forme par Marine Guillain. Annecy 2024)

Qui es-tu?

Je m’appelle Elie, j’ai 44 ans, je viens de Lausanne et j’y vis, mais je travaille dans toute l’Europe, ce qui est une des spécificités du stop motion. Je suis animateur de marionnettes, réalisateur d’animation et producteur.

Quel a été le premier film d’animation que vous avez vu ?

“101 Dalmatiens”

Qu’est-ce que ça t’a apporté alors ?

Je me souviens avoir été complètement captivé par cette aventure, mais je me souviens surtout de l’expérience au cinéma où j’étais accompagné de ma grand-mère.

Le film d’animation que vous avez vu le plus de fois ?

Cela se joue entre « Wallace & Gromit : The Wrong Pantalons » et « Dimensions of Dialogue » : j’ai dû les voir entre 30 et 50 fois.

Quel était le premier métier que vous vouliez faire ?

J’étais fasciné par les excavatrices et, vers l’âge de quatre ans, le titre précis du métier de mes rêves était « patron des chenilles du monde ». C’était une première vocation très forte !


« Sauvages ! » de Claude Barras, en salles le 16 octobre 2024.
© Frenetic Films AG

Comment êtes-vous passé d’aspirant « responsable des pistes à travers le monde » à animateur ?

J’ai eu une révélation vers 12 ou 13 ans, en voyant des films tchèques en stop motion lors d’une journée célébrant les 100 ans du cinéma en France sur Arte. Ils étaient très simples, c’était tellement étonnant que j’ai ressenti le besoin de les comprendre et de les essayer moi-même.

Quelle a été la prochaine étape ?

J’ai commencé à faire des petits films dans le grenier de mes parents avec mes jouets ou de la pâte à modeler et une caméra Super 8. J’étais un adolescent. Plus tard, j’ai rencontré des pionniers de l’animation en Suisse, comme Nag Ansorge par exemple, qui m’a dit de me lancer et qui m’a aidé avec le réseau. Je me suis ensuite formé à l’Ecole des métiers du cinéma d’animation (EMCA) d’Angoulême.

Comment êtes-vous arrivée sur le tournage des films de Wes Anderson ?

Grâce à des collègues anglais que j’avais rencontrés sur « Max&Co », je savais que « Fantastic Mr Fox » commençait et j’ai tenté ma chance. Personne ne me connaissait à Londres. Dans le métier, cela fonctionne beaucoup en réseau.

Qui est Wes Anderson pour vous ?

C’est quelqu’un qui a établi un style dès ses premiers films, personne n’avait jamais fait ça auparavant et ça a été un choc pour moi. J’ai travaillé sur “Fantastic Mr Fox” pendant presque un an, mais je n’avais aucun contact avec lui : il ne voulait pas être sur le plateau et ne venait voir les plateaux que tous les deux ou trois mois, à la pause déjeuner, quand il y avait personne ici.

C’est très différent de ce qu’on a vécu après, par exemple sur « Sauvages ! »…

Oui, ça n’a pas été facile pour l’équipe et personnellement, je l’ai regretté, car les quelques fois où je l’ai rencontré, je l’ai trouvé adorable. En même temps, il était au travail, gérant tout avec soin, il y avait des centaines d’échanges de mails chaque jour. Il a dit que si ce qu’il voyait sur son écran lui convenait, il n’avait pas besoin de voir ce qui s’y passait.

Est-ce que cela s’est passé de la même manière pour « L’Île aux chiens » ?

Oui, c’était le même style de tournage, mais en mieux organisé et plus détendu.

« Sauvages ! » de Claude Barras, en salles le 16 octobre 2024.
© Frenetic Films AG

Comment avez-vous rencontré Claude Barras ?

Je crois que c’était dans un cinéma lausannois qui n’existe plus, lors de la projection de “Banquise”, un court métrage avec lequel il a co-réalisé Cédric Louis. J’ai ensuite travaillé avec lui sur « Sainte Barbe » et c’était génial. Je venais de faire « Max&Co », j’avais beaucoup appris, je me sentais en confiance et l’ambiance sur le plateau était géniale. Depuis, réalisation et production comprises, Claude et moi avons travaillé ensemble sur une quinzaine de projets.

Quel est votre meilleur souvenir du tournage de « Sauvages » ?

Spontanément, je dirais le premier jour, où il faut se pincer pour se dire qu’après sept ans de préparation, ça y est, il y a des sets, une équipe, et ça commence vraiment. Et le dernier jour, où, après avoir visionné le premier montage dans un cinéma loué pour l’occasion à Martigny, nous avons passé 1h30 sur le trottoir à nous serrer dans les bras et à pleurer d’émotion.

Et quel a été le plus grand défi ?

La pression constante de devoir respecter les délais impartis et terminer le film sans un seul jour de retard.

Quel est votre personnage préféré du film ?

J’ai un faible pour Selai, le cousin de Kéria, avec sa voix cassée et son côté lunaire. Il a beaucoup d’humour et il est très honnête, il est pur.

Quelle scène vous touche le plus ?

Quand le père de Kéria raconte l’histoire vraie de sa mère. Elle est très sobre, sans faste, mais elle est hyper expressive. Cette séquence est très représentative du travail extraordinaire de Claude sur les émotions.

Que signifie projeter le film ici à Annecy ?

Les séances dans la grande salle Bonlieu avec 1000 spectateurs qui réagissent sont hyper puissantes. Il y a beaucoup de respect pour les films, car tout le monde connaît le travail qui y est consacré. En même temps, c’est aussi un public exigeant, donc ça fait peur, mais quand ça se passe bien, c’est magique.

Pouvez-vous nous parler d’Helium Films ?

Il s’agit d’une société de production et d’un studio d’animation fondé par Claude Barras en 2002 avec lequel j’ai rejoint. Nous faisons principalement du développement, de la collecte de fonds, de l’écriture et de la production.

Vous avez vous-même réalisé deux courts métrages, « Imposter » en 2013 et « Canard » en 2023 : avez-vous un projet de long métrage ?

J’aimerais adapter un livre pour enfants en un film stop-motion de 26 minutes pour la télévision. C’est un format qui me passionne beaucoup, car je trouve qu’en une demi-heure, on peut raconter une histoire complexe et développer des personnages, sans l’énorme pression du long métrage, qui est compliqué à financer et doit tourner en salle. Je fais également des tests pour un projet de film inspiré du Land Art, dans lequel j’animerai des éléments naturels, la forêt par exemple. Côté long métrage, je travaillerai sur le prochain film de Claude Barras, “Ce n’est pas toi que j’attendais”adapté de la bande dessinée de Fabien Toulmé.

Plus d’informations sur « Sauvage ! »

En salles le 16 octobre.

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