Contexte
La coqueluche, une maladie respiratoire contagieuse causée par la bactérie « Bordetella pertussis », est endémique et des épidémies plus importantes sont attendues tous les trois à cinq ans. Après quelques années de circulation limitée en Europe, notamment lors de la pandémie de COVID-19, une augmentation des cas de coqueluche a été constatée en 2023 et 2024. Le risque de morbidité et de mortalité est particulièrement élevé pour les nourrissons de moins de 6 mois non vaccinés ou partiellement vaccinés. . Les programmes nationaux de vaccination contre la coqueluche dans les pays européens visent donc à réduire la morbidité et la mortalité chez les nouveau-nés. Dans ce contexte, la vaccination maternelle semble être une approche très efficace pour atteindre cet objectif, avec des réductions estimées du risque de coqueluche allant de 70 à 95 %.
Depuis 2023, la coqueluche connaît une résurgence sur le territoire national français avec des augmentations très importantes des cas observées au premier trimestre 2024, qui se sont intensifiées ces derniers mois. Afin de réduire le risque de formes graves chez les nouveau-nés et les nourrissons, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande depuis 2022 la vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche dès le deuxième trimestre de la grossesse, en privilégiant la période comprise entre 20 et 36 semaines de grossesse. aménorrhée (SA). Cette mesure est la plus efficace pour protéger le nourrisson dès la naissance grâce au transfert transplacentaire des anticorps maternels. Elle recommande également que la vaccination soit effectuée lors de chaque grossesse, même si la vaccination a déjà eu lieu auparavant. La HAS, face à ce contexte d’augmentation marquée des cas de coqueluche, avec un nombre de décès particulièrement élevé chez les nouveau-nés et les nourrissons, a été sollicitée en juin 2024 par le ministère de la Santé pour renforcer les recommandations vaccinales.
Ainsi, depuis juillet 2024, la HAS recommande une vaccination de rappel pour toutes les personnes susceptibles d’être en contact étroit avec des nouveau-nés et des nourrissons de moins de 6 mois, si la dernière injection reçue remonte à plus de 5 ans.
Objectifs
L’objectif de ce travail est d’estimer le taux de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes en France dans le contexte épidémique de 2024, ainsi que d’étudier les caractéristiques de ces femmes et les facteurs influençant la vaccination.
Résultats
Au total, en tenant compte de toutes les déclarations de grossesse enregistrées dans le tableau d’antécédents de maternité à la date du 1est En octobre 2024, 386 712 femmes avaient débuté leur grossesse entre le 1er août 2023 et le 31 mars 2024, soit près de 50 000 grossesses déclarées par mois en France. Parmi elles, 59,4% avaient accouché à la date du 1est octobre 2024. Le taux de vaccination contre la coqueluche dans cette population était de 63,2 % (soit 244 422 femmes) dont plus de 90 % avaient été vaccinées entre le 18ème et le 34ème semaine de grossesse. Les deux vaccins les plus utilisés étaient REPEVAX® (67,4%) et BOOSTRIXTETRA® (32,2%).
Parmi les 304.534 femmes ayant atteint au moins 34 semaines de grossesse à la date de fin de suivi, fixée au 1er octobre 2024, le taux de vaccination était de 65,4%. Après avoir différencié les femmes dont la grossesse a débuté entre août et décembre 2023 de celles qui ont débuté en 2024, les taux de vaccination étaient respectivement de 63,8 % et 72,4 %.
De très fortes disparités régionales ont été observées concernant la couverture vaccinale contre la coqueluche chez ces femmes. En effet, les taux étaient nettement supérieurs à la moyenne nationale dans les régions situées au nord et à l’ouest de la France comme les Pays de la Loire (80,9%), la Bretagne (80,3%), la Normandie (79,9%), la Nouvelle-Aquitaine (75,4%). et Hauts-de-France (72,5%). En revanche, les taux les plus faibles ont été observés dans les départements d’outre-mer (35,1% dont 15,9% en Guadeloupe, 8,1% en Martinique et 5,1% en Guyane), ainsi qu’en Corse (46,2%), en Provence-Alpes-Côte. d’Azur (58,7% dont 31,1% dans le département des Alpes-de-Haute-Provence), en Ile-de-France (59,3% avec des taux très variés allant de 46,6% pour le Val-d’Oise à 75,1% pour Paris) , en Occitanie (61,2%) et dans le Grand Est (61,4%)).
Par ailleurs, les indicateurs socio-économiques mettent en évidence un léger déséquilibre entre les femmes qui ont été vaccinées contre la coqueluche pendant la grossesse et celles qui ne l’ont pas été. En effet, les femmes vaccinées bénéficiaient moins de la complémentaire santé solidaire (16,7% contre 32,1%), avaient moins recours aux consultations des services de la PMI (3,9% contre 4,4%), étaient plus souvent issues de communes plus favorisées (FDep 1est quintile (moins défavorisé) : 22,1% vs. 16,6%) et résidaient dans des communes offrant un potentiel d’accessibilité mieux localisé aux médecins généralistes (APL MG 4ème quartile : 26,2% contre 22,5%).
Conclusion
Ces résultats montrent que la vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche, recommandée par l’OMS et déjà mise en œuvre par une trentaine de pays à travers le monde depuis au moins dix ans, a été largement suivie lors de l’épidémie de 2023/2024. , malgré son caractère facultatif. En effet, le taux de vaccination connaît chaque année une forte augmentation en France depuis 2021. Selon les données du registre Epi-Mères (grossesses-enfants) construit par EPI-PHARE à partir du SNDS, les taux de vaccination étaient respectivement de l’ordre de 41%, 12 %, et 2 % pour les années 2023, 2022 et 2021. Ce taux de vaccination des femmes enceintes a ensuite atteint environ 65 % dans le contexte épidémique de 2023-2024.
La forte augmentation de ce taux de couverture élevé semble démontrer l’efficacité des actions de sensibilisation de l’État et de l’Assurance Maladie auprès des femmes enceintes. Toutefois, des actions visant à la fois à réduire les disparités au niveau régional et à améliorer le niveau de couverture vaccinale dans certains départements restent nécessaires.