Sortie prochaine de « Tout le monde aime Touda », Nabil Ayouch en parle

Sortie prochaine de « Tout le monde aime Touda », Nabil Ayouch en parle
Sortie prochaine de « Tout le monde aime Touda », Nabil Ayouch en parle

« Tout le monde aime Touda », le dernier film réalisé par Nabil Ayouch, sortira en salles au Maroc en décembre 2024. En attendant, la tournée promotionnelle a débuté avec sa projection en première mondiale à Cannes Première, lors du dernier Festival de Cannes. Fidèle à sa marque de fabrique, avec les mêmes thématiques récurrentes, Nabil Ayouch veut encore prouver que son cinéma a évolué.

Le360 : Votre dernier film, « Tout le monde aime Touda », a été projeté à Cannes Première. Comment avez-vous reçu l’accueil du public par rapport à vos autres apparitions sur la Croisette ?

Nabil Ayouch : C’était notre quatrième séjour à Cannes. Mais on ne s’en lasse pas et à chaque fois c’est différent. La première fois c’était avec « Les Chevaux de Dieu », dans la rubrique Un certain regard, la deuxième fois c’était avec « Much Loved », dans la section parallèle de la Quinzaine des Réalisateurs, et la dernière fois c’était avec « Loud et clair», en sélection officielle.

C’est à chaque fois une expérience renouvelée, forte, puissante, car présenter son film en première mondiale devant le public cannois, dans la plus grande salle du Palais des Congrès, est toujours un moment unique pour un cinéaste.

Aussi, la présentation faite par Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, m’a beaucoup touché, la façon dont il a parlé de moi, du film, du cinéma marocain‚ novateur, insoumis et talentueux, m’a mis du baume au cœur .

Honorer les chikhates, honorer les aïta, c’est honorer le Maroc. Ce fut un beau moment, sous une standing ovation qui a duré une quinzaine de minutes, Nisrin Erradi a chanté un extrait d’une chanson tirée du patrimoine de l’aïta. C’était un moment unique.

« Tout le monde aime Touda » est un film sur les Shikhates, à la fois adorés et stigmatisés. Ce n’est pas la première fois que vous vous intéressez aux paradoxes de la société dans vos films…

« Tout le monde aime Touda » raconte l’histoire d’une femme qui a des rêves, qui a une ambition et qui cherche à s’élever à travers son art, l’aïta. Elle y croit, elle veut avancer dans la vie et se donner une chance, ainsi qu’à son fils sourd-muet, en étant appréciée en tant qu’artiste.

Elle débute dans son petit village, elle chante dans un cabaret où elle n’est pas forcément heureuse. Elle est en effet stigmatisée et surtout autre chose que ce qu’elle aimerait qu’on attend d’elle. Un jour, elle décide de tout abandonner et de partir pour Casablanca, la ville lumière, avec le rêve de réussir. Mais les choses ne sont pas simples.

C’est vrai que des personnages féminins forts hantent mes films depuis longtemps. De même, les personnages de chikhates, nous les avons eus dans des rôles secondaires dans « Razzia » et « Les Chevaux de Dieu ». Je m’étais toujours dit qu’un jour, j’allais leur consacrer un film, car je trouve qu’il y a une injustice entre le rôle qu’ils ont joué dans l’histoire du pays, ce qu’ils incarnent, l’art qu’ils portent et l’image. que le public a commencé à en avoir ces dernières années.

Vous avez votre marque de commerce depuis votre premier long métrage « Mektoub ». Pensez-vous que votre façon de faire votre cinéma a évolué ?

Vous savez, mon cinéma n’est que le reflet de mes blessures, de ce qui me hante, de ce qui m’a construit au fil du temps. Elle est née de mon histoire personnelle qui est particulière, qui ne ressemble à aucune autre : celle de ma double culture, de ma double appartenance.

Quand j’étais enfant et que je vivais en France, je n’ai jamais appris cette identité marocaine qui était dans mon ADN. Et c’est grâce au cinéma, à mes premiers films, que j’ai pu connaître le Maroc de l’intérieur, et que j’ai pu déceler l’âme marocaine dans toute sa diversité.

“Avec “Tout le monde aime Touda”, je suis les traces d’un seul personnage, alors que j’étais plutôt habitué à faire du cinéma d’ensemble, à plusieurs personnages.”

— Nabil Ayouch, réalisateur.

Mes premiers films étaient liés à la quête d’identité à travers des personnages qui cherchaient une identité, qui voulaient être compris, acceptés. Et petit à petit, mon cinéma a évolué vers un cinéma autour des personnages. C’est ce qui me donne envie d’écrire à travers eux.

Et avec « Tout le monde aime Touda », il y a une vraie évolution, car je suis les pas d’un seul personnage : « Touda », interprété par Nisrin Erradi, alors que j’avais l’habitude de faire un cinéma choral avec plusieurs personnages qui sont au centre. de l’histoire et du récit.

Vous avez arboré un nouveau look lors du Festival de Cannes. Qu’est-ce qui explique ce changement soudain dans votre apparence physique et vestimentaire ?

Le changement de coupe de cheveux est venu d’un pari avec mon fils. Je voulais que mes cheveux poussent et je lui ai dit qu’on verra qui les aura plus longs jusqu’au jour où je suis allé chez un ami coiffeur qui m’a proposé cette coupe, et ça m’a plu.

Pour les vêtements, c’est pareil. Je voulais rendre hommage à un styliste marocain, Ali Drissi, un homme très talentueux qui m’accompagne depuis des années. Il a proposé des tenues très contemporaines à toute l’équipe. Pour la montée, Nisrin Erradi avait un très beau caftan en cuir, Mariam, avec de très belles broderies, et il m’a confectionné une cravate brodée et un selham, que j’ai porté pour la projection de « Tout le monde aime Touda ».

Par Qods Chabaa Et Khalil Essalak

10/06/2024 à 8h30

 
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