De l’écrivain norvégien Aslak Nore, qui vit à Marseille dans la vallée des Auffes, nous avons ici salué la puissance narrative de son premier roman traduit en français, Le cimetière marin, publié aux éditions marseillaises inventives Le bruit du monde. Une saga familiale, autant qu’un thriller autour d’un manuscrit disparu, qui a autant impressionné que fasciné.
Dans « Les Héritiers de l’Arctique », qui est une sorte de suite mais qui peut se lire indépendamment, on retrouve les Falck, l’une des familles les plus puissantes de Norvège.
Après avoir fait fortune dans l’exploitation commerciale de bateaux, ils créent la fondation SAGA qui veille à la bonne conservation des archives nationales, et leur offre une place stratégique sur la scène géopolitique.
Un incident diplomatique comme point d’ancrage
Mais le clan est divisé entre ceux d’Oslo et ceux de Bergen, et la réapparition de Connie Knarvik, une cousine éloignée, va aggraver les conflits existants. Ce dernier possède en effet une concession minière au Svalbard, un archipel norvégien qui apparaît ici comme un authentique personnage du roman, objet de désir opposant les services secrets norvégiens et la Russie de Poutine.
Au début de l’histoire, Sasha Falck, récemment nommée directrice de SAGA, fait don du navire de sauvetage Falck 3 à la société de sauvetage en mer et propose de lancer une expédition de recherche au Svalbard. Tandis que Hans Falck, un médecin humanitaire norvégien grièvement blessé suite à un accident, se rétablit dans un lit d’hôpital dans le nord de la Norvège, un colonel russe meurt empoisonné après avoir révélé qu’une taupe opérait au sein de la fondation. Cet incident diplomatique menace de faire éclater tous les secrets enfouis de cette famille.
Et c’est là qu’entre en scène l’impénétrable Johnny Berg, un ancien soldat devenu journaliste de guerre qui revient du Kurdistan après avoir été emprisonné comme terroriste islamiste.
“Cela fait beaucoup d’informations à digérer.”
Il est contacté par Hans Falck pour écrire sa biographie et concentre sur sa personne la chasse à la taupe qui constitue la base d’un récit prenant et éminemment politique. “Cela fait beaucoup d’informations à digérer.», nous raconte-t-on non sans humour dans le titre du chapitre 11. Pour les protagonistes, dont Constance Falck, la bête noire de la famille amoureuse de justice, mais aussi pour le lecteur, ballotté pour son plus grand bonheur entre thriller écologique et saga. autour d’un manuscrit familial.
Une épopée nourrie de réflexions sur l’idée de miséricorde et d’un regard lucide sur le monde, où le pessimisme devient presque une force. Virtuose du storytelling adepte des longs tunnels narratifs d’où l’on ressort éclairé sur les intentions de chacun, Aslak Nore signe un roman haletant qui, certes, glace la peur, mais réchauffe le cœur en raison de l’attachement compatissant apporté à tous les acteurs du film. le drame.
Services secrets norvégiens, Russie de Poutine, taupe infiltrée dans une fondation privée… L’auteur présente « Les Héritiers de l’Arctique » le 19 juin.
