se concentrer sur les stratégies vaccinales

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Spécialistes des maladies infectieuses Paul Loubet (CHU de Nîmes) et Benjamin Davido (hôpital de Garches) évoquent les évolutions des stratégies de vaccination contre la grippe, le VRS et le COVID-19, ainsi que les cas observés « hors saison ».

TRANSCRIPTION

Benjamin Davido – Bonjour à tous, bienvenue sur Medscape. J’ai le plaisir d’accueillir le Professeur Paul Loubet de Nîmes. Aujourd’hui, nous allons parler de l’actualité des maladies de l’automne et de l’hiver, notamment le COVID-19, la grippe et le VRS.

Bonjour Paul, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas.

Paul Loubet Bonjour Benjamin, je suis en effet infectiologue au CHU de Nîmes et je suis spécialisé dans la vaccination et les infections respiratoires de l’adulte.

Cas de grippe « hors saison »

Benjamin Davido ― Ma première question à poser avec vos « ressentis ». Vous travaillez dans le sud de la , où il fait bon vivre (du moins mieux que dans le nord de Paris) : avez-vous commencé à voir des cas de grippe, et si oui, s’agit-il de cas hospitalisés ?

Nous voyons des cas de grippe en dehors de la saison habituelle de circulation de la grippe.

Paul Loubet Oui, et ce qui est intéressant, la semaine dernière, nous avons eu deux cas de grippe qui ont été hospitalisés ; Ce sont des cas de grippe A, donc je ne dirais pas qu’on est au début de l’épidémie qui est attendue un peu plus tard. Si l’on regarde les chiffres de Santé Publique France, nous ne sommes pas encore du tout en période épidémique en France métropolitaine. La circulation est même proche de 0. Mais il est assez intéressant de voir qu’aujourd’hui, alors que l’on dépiste de plus en plus largement les virus respiratoires, on voit des cas de grippe qui se situent en dehors de la saison habituelle de circulation grippale et c’était aussi le cas cette année-là. l’été et particulièrement en août. A Nîmes nous avons eu plusieurs cas de grippe B chez des personnes qui n’avaient pas voyagé, c’est donc un constat intéressant. Enfin, nous avons des virus de la grippe qui circulent et c’est également le cas d’autres virus respiratoires toute l’année.

Benjamin Davido ― Il n’est donc pas si inhabituel de se faire vacciner tôt. Pour la saison 2024-2025, quel vaccin est recommandé ?

Paul Loubet La saison de vaccination a débuté comme les autres années vers la mi-octobre, le 15 octobre plus précisément. C’est une vaccination qui est couplée « grippe et COVID-19 » comme c’est le cas depuis 2 hivers. Nous utilisons un vaccin qui est donc quadrivalent, inactivé comme les autres années, et qui cible 2 souches de grippe A (H1N1 et H3N2) et 2 souches de grippe B. Une nouveauté à souligner cette année : il existait jusqu’à présent un vaccin qui était plus Le vaccin Efflelda, hautement dosé, était destiné aux personnes de plus de 65 ans. Cette année, le vaccin n’est pas disponible pour ces patients. Nous espérons qu’il reviendra la saison prochaine.

Et en effet, la saison prochaine, une des nouveautés c’est qu’on reviendra aux vaccins trivalents étant donné qu’on constate que depuis 2020 il y a une des deux souches de grippe B qui ne circule plus (grippe B/Yamagata ne circule plus circule dans le monde) et c’est pourquoi l’OMS conseille désormais un retour aux vaccins trivalents. Dès l’hiver 2025-2026, en France, nous vaccinerons à nouveau avec des vaccins couvrant deux souches de grippe A et une seule souche de grippe B.
Benjamin Davido ― Au sujet de la grippe, aux Etats-Unis, j’ai été agréablement surpris de voir qu’il existait un vaccin nasal contre la grippe chez les enfants, qui permet un mode d’administration supplémentaire (mais malheureusement on ne l’a pas encore en France) .

Vaccination contre le VRS

Benjamin Davido ― On peut dire rapidement un mot sur cette grande nouvelle par rapport au RSV, car on a beaucoup parlé de Beyfortus chez les enfants, et maintenant les choses changent pour les adultes et pour les femmes enceintes.

Paul Loubet En effet, c’est vrai qu’on peut dire que l’année dernière (2023) mais aussi 2024 puis 2025, sont des années très importantes avec beaucoup d’actualités, beaucoup de publications et surtout beaucoup de recommandations. Si l’on catégorise en deux populations à protéger pour le moment, nous avons d’un côté le jeune enfant et de l’autre les personnes dites âgées, c’est-à-dire celles de plus de 60 ans.

Si on commence par les enfants : nous avons dès cette saison et cette année, 2 stratégies que nous laisserons au choix des parents, qui sont :

  • administrer un vaccin aux femmes enceintes entre 32 et 36 semaines de gestation. Le but est que la femme enceinte développe des anticorps qui, par voie transplacentaire, protégeront le fœtus (c’est-à-dire que l’enfant naîtra avec les anticorps de sa mère qui disparaîtront progressivement au bout de 3 à 6 mois, mais plutôt de 6 mois). ). Et nous savons que dans les premières années de la vie, où le bébé est vraiment à haut risque, il sera protégé.

  • l’alternative est de proposer Beyfortus, qui est un anticorps monoclonal anti-RSV à action prolongée. La France a été l’un des premiers pays à l’utiliser lors de l’hiver précédent (2023-2024) avec une très bonne acceptation de la part des parents. Des données réelles ont été publiées dans des revues majeures, notamment le NEJMavec des équipes françaises qui ont montré que l’efficacité était de l’ordre de 80 %. On retrouve d’ailleurs cette efficacité dans les essais de phase 3 et c’est particulièrement intéressant.

Cette année nous aurons donc, comme dans pas mal de pays maintenant, le choix de la vaccination avec le vaccin Abrysvo pendant la grossesse entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée, et si cette vaccination n’est pas choisie ou si elle ne l’est pas, les parents ont le choix de faire administrer Beyfortus aux enfants, soit avant de quitter la maternité, soit en ville. Et c’est vrai que c’est clairement quelque chose qui va probablement changer la circulation du VRS dans cette tranche d’âge et peut-être dans d’autres tranches d’âge.

Benjamin Davido ― C’est aussi une bonne nouvelle car nous allons pouvoir répondre à une demande qui était forte, justement pour ces anticorps en maternité.

Paul Loubet Exactement. On attend de voir les premières données françaises, mais aussi espagnoles qui seront très intéressantes. Nous verrons ce que l’utilisation de ce Beyfortus et de la vaccination maternelle peut réaliser à plus grande échelle.

Pour protéger les adultes de plus de 60 ans, il existe 3 vaccins (c’est la nouveauté) qui sont arrivés un peu tard et qui sont Abrysvo, Arexvy et mRESVIA ; ils sont légèrement différents dans leur plateforme vaccinale ou dans leur composition, mais en pratique tous les trois ont eu une autorisation sur le marché européen. De plus, chez les adultes de plus de 60 ans, les trois vaccins montrent dans les essais de phase 3 une très bonne efficacité (par rapport à un placebo) de l’ordre de 80 % dans la prévention des infections des voies respiratoires inférieures à RSV. et surtout, et c’est ce qui est intéressant, ils semblent afficher une durée de protection qui serait d’au moins 2 ans.

C’est véritablement une nouveauté, car ce sont les premiers vaccins à protéger contre le VRC chez l’adulte, et la HAS a décidé cet été de restreindre un peu la recommandation et de se concentrer sur les personnes ciblées que sont les plus de 75 ans et celles de plus de 65 ans. présentant une pathologie cardiaque ou respiratoire chronique. C’est tout pour l’instant. Après, la question est éventuellement d’étendre ultérieurement ces recommandations à des personnes plus jeunes mais souffrant de pathologies cardiaques ou respiratoires chroniques sévères, voire à des personnes immunodéprimées au sens large, qui ont pour l’instant été quelque peu laissées de côté dans ces recommandations.

N’oubliez pas le COVID-19

Benjamin Davido ― Vous me faites penser aux critères d’âge et à ces patients qui ont des maladies : et cette année avec le COVID-19 ? Car on semble oublier, même si nous ne sommes plus en phase pandémique, que le virus circule toujours. Que pouvons-nous dire des charges cumulées et des perspectives liées à cette maladie respiratoire ?

Paul Loubet C’est sûr que le virus circule, on l’a bien vu, il y a eu une petite vague au début de l’été, plutôt fin juin-début juillet, puis surtout septembre-octobre. En tout cas, on l’a bien vu, tous les gens autour de nous étaient malades. Et puis on a vu surtout beaucoup de gens hospitalisés, on a vu des cas de COVID sévères aller en réanimation, on a vu du COVID prolongé chez les immunodéprimés, et on a vu beaucoup de personnes âgées qui tombaient, qui avaient des difficultés à faire de la fièvre et qui étaient hospitalisées pour COVID pas forcément pneumonique, mais en tout cas hospitalisé à cause du COVID. Cela reste donc un fardeau important.

Comme vous l’avez dit, il n’y a pas encore vraiment de saisonnalité. On sait qu’il y a eu quelque chose au début de l’été, quelque chose à la fin de l’été et au début du printemps, donc ça reste quand même important de vacciner les personnes les plus à risque.

Benjamin Davido ― Il y a donc un vrai travail à faire pour faire connaître l’ensemble de ces vaccins, avec des calendriers différents, et peut-être en attendant les vaccins combinés.

Tout cela est très clair, et c’est quand même une bonne nouvelle pour la vaccination qui ne se porte pas si mal après avoir été rayée par le [polémiques autour des vaccins à ARN]. Je vous remercie beaucoup pour tous ces éclairages et nous vous reverrons peut-être l’année prochaine avec d’autres données qui, je l’espère, seront certainement rassurantes sur le bénéfice de ces vaccins.

 
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