La France compte environ 1,2 million de personnes souffrant de glaucome, c’est-à-dire de dégénérescence du nerf optique. Une maladie qui, si elle n’est pas traitée, “entraîne une perte d’acuité visuelle et réduit progressivement le champ visuel”, souligne le professeur Antoine Labbé, ophtalmologiste à l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris, et secrétaire général de la Société française d’ophtalmologie. « Le glaucome est la deuxième cause de cécité derrière la dégénérescence maculaire liée à l’âge. précise le spécialiste.
Lire aussi : Nos yeux en disent long sur notre état de santé, voici les détails à surveiller
Cette maladie est d’autant plus pernicieuse qu’elle évolue lentement et silencieusement dans la grande majorité des cas, sans provoquer de symptômes ni de douleurs avant d’atteindre un stade avancé. « Une fois découvert, il est impossible de récupérer ce qu’il a détruit, warns Professor Labbé. Il est donc crucial de le diagnostiquer le plus tôt possible. »
Tension oculaire à surveiller
Pour ce faire, certains facteurs de risque doivent être pris en compte. Le premier d’entre eux : une tension oculaire accrue. Attention toutefois, il ne peut, à lui seul, révéler la présence de la maladie. « Certaines personnes n’ont pas de pression intraoculaire anormale mais développent sans le savoir un glaucome » note le spécialiste.
Autre constat, la pression oculaire et l’hypertension artérielle sont deux phénomènes totalement indépendants. Autrement dit, avoir une tension artérielle élevée n’augmente pas le risque de souffrir de glaucome. Enfin, d’autres éléments favorisent également le glaucome : antécédents familiaux, myopie élevée, âge supérieur à 50 ans, origine ethnique africaine ou afro-caribéenne, diabète, apnée du sommeil, etc.
Lire aussi : Trop se frotter les yeux nuit à la santé, voici pourquoi
Lorsque la quarantaine approche et que les premiers signes de presbytie commencent à provoquer une gêne, un bon réflexe : consulter un ophtalmologiste tous les deux ans – tous les ans en cas d’antécédents familiaux – pour réaliser un dépistage. Le diagnostic repose sur de nombreux arguments : mesure de la tension oculaire, examen clinique du nerf optique, tomographie par cohérence optique pour quantifier l’épaisseur des fibres traversant le nerf, champ visuel pour vérifier si, dans ce que voit le patient, certains zones sont touchées ou absentes »,
summarizes Professor Labbé.
Des traitements efficaces
Lorsque le glaucome est découvert, plusieurs traitements peuvent être mis en place, tous visant à ralentir considérablement sa progression. Leur point commun : ils cherchent à faire baisser la pression intraoculaire. “Il n’est pas possible d’arrêter complètement la dégénérescence du nerf optique, notes Professor Labbé, mais un traitement précoce permet d’éviter le risque de cécité chez 90 à 95 % des patients. »
Plusieurs options s’offrent aux professionnels de santé, en fonction du patient et de l’évolution de son glaucome, à commencer par les collyres traditionnels. Ces dernières années, des recommandations ont cependant plaidé en faveur du recours en première intention à la trabéculoplastie au laser, visant à rendre plus perméable le réseau trabéculaire, sorte de filtre de l’œil qui assure l’évacuation de l’humeur aqueuse.
Lorsque les collyres et les lasers restent insuffisamment efficaces, c’est vers la chirurgie qu’il faut enfin se tourner avec la pose d’un drain permanent. « Les techniques mini-invasives sont beaucoup plus sûres et peuvent être proposées plus tôt que la chirurgie traditionnelle. » reassures Professor Labbé.