Bien qu’originaire de Poitiers, « mais de grands-parents bretons », aime-t-il souligner, le leader du groupe Obscur Feuillage, Julien Paitel, a pratiquement toujours vécu en Bretagne. D’abord entre Rennes et Nantes et, depuis environ un an, à Tréguier (22), où son associé créateur de vêtements tient une boutique. Si le musicien a choisi de venir se produire à Carhaix le 24 mai, c’est sans doute d’abord parce que Louis Pers, qui gère sa communication et ses tournées, y réside. Mais il explique en avoir aussi profité pour tester son matériel avant l’expédition qu’il débutera ce lundi 3 juin. Car c’est à vélo que le musicien envisage de rejoindre Avignon, où il doit se produire.
“Variété décevante”
C’est à l’âge de 7 ans que Julien gratte ses premières cordes. Il se souvient aussi à quel point la guitare lui « faisait mal aux doigts ». Cela ne l’a cependant pas découragé, lui qui joue aujourd’hui autant de la guitare que de la trompette ou des claviers au sein du groupe Obscur Feuillage, créé en 2018 avec son ami Varenfel. « Deux autres musiciens, trombonistes, se sont greffés sur ce noyau », souligne-t-il. Un premier album est sorti en 2021 et le second, « Ideal World », enregistré à Pontrieux chez Jacques Lehonsec, est attendu le 1er octobre. « Je compose à la guitare ou au piano, mais c’est souvent le texte qui m’amène à la musique », explique-t-il. Des textes à la « fibre sociale » revendiquée. “Je voulais parler de sujets qui me sont chers, comme les pesticides ou les services publics défaillants.” La chanson « Gingivite » raconte ainsi la mésaventure d’un Breton contraint de se rendre à Paris pour trouver un dentiste, « mais toujours sur un ton d’humour », assure-t-il… Lorsqu’il fut une fois interrogé sur sa composition, le musicien parlait d’un « chanson cinglante ». Il préfère aujourd’hui parler de « variété décevante ».
Dix-huit rendez-vous à Avignon
C’est en tandem avec Varenfel, en 2022 et 2023, que Julien a testé le concept d’un tour à vélo en Vendée. L’idée lui a tellement plu qu’il a décidé de récidiver cette année, pour un projet encore plus ambitieux, et en solo cette fois. Au départ d’Ancenis, le 3 juin, où il donnera le premier spectacle officiel de ce périple à vélo, le musicien a en effet prévu de rejoindre Avignon, où il est programmé à la Maison de la Poésie, Le Figuier Pourpre, pour trois semaines, avec une heure et demie de concert chaque soir, au cœur du célèbre Festival d’Avignon. « Nous y jouerons en trio 18 fois de suite », explique-t-il. Nous faisons partie des 5 000 spectacles qui y seront présentés sur trois semaines. » En attendant, l’artiste devra parcourir les 1 000 kilomètres qui séparent Ancenis d’Avignon.
« Un bon test ! » »
Sa « grande traversée », soutenue par le Centre National de la Musique, comprendra 25 étapes, le musicien espérant parcourir 45 km par jour, à une moyenne d’environ 15 km/h, et ce à la force de ses mollets. Car ne vous y trompez pas : le panneau solaire qui recouvre sa remorque n’alimente pas le vélo. «C’est pour recharger l’ampli», explique-t-il. Il a pris soin de préparer son matériel « avec des pros du cyclisme ». Histoire de tester son matériel qui pèse une trentaine de kilos, ampli, guitare et trompette compris, Julien a fait une tournée d’échauffement entre Trébrivan et Carhaix, le jour de son concert au camping municipal, le 24 mai : « C’était un bon test car il y a de beaux changements d’altitude ici », dit-il. Le musicien ne cache pas qu’il envisage déjà de réitérer l’expérience en avril 2025, mais cette fois en trio. «Nous l’appellerons le Breizh Trio Tour», dit-il.
