“Un accident vasculaire cérébral à 38 ans, c’est rare mais ça m’est arrivé”

“Un accident vasculaire cérébral à 38 ans, c’est rare mais ça m’est arrivé”
“Un accident vasculaire cérébral à 38 ans, c’est rare mais ça m’est arrivé”

Journée mondiale de l’AVC

“Avoir un accident vasculaire cérébral à 38 ans, c’est rare mais ça m’est arrivé”

Sonia Freda Tschumy raconte son accident vasculaire cérébral en 2008 et le combat qui a suivi. Les moins de 40 ans sont peu touchés mais, pour eux, l’impact est décuplé.

Publié aujourd’hui à 10h00

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Bref:
  • Sonia Freda Tschumy a été victime d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 38 ans en 2008.
  • Depuis l’accident, elle souffre d’hémiplégie, de fatigue chronique et de difficultés cognitives.
  • Grâce à l’association Fragile Vaud, elle a repris confiance et s’est lancée dans le bénévolat.
  • Le CHUV a observé une légère augmentation des accidents vasculaires cérébraux chez les jeunes adultes au cours des cinq dernières années, mais la tendance à plus long terme n’est pas à la hausse.

Sonia Freda Tschumy se souvient qu’elle avait très froid ce dimanche matin. Avant de partir se promener dans les bois du Jorat avec son mari et ses deux filles de 2 et 4 ans, elle prend même un bain bouillant. « C’était probablement une erreur puisque cela influence la dilatation des vaisseaux sanguins. Il s’est passé quelque chose avec le caillot », dit-elle aujourd’hui.

En préparation de la promenade en forêt, elle entreprend d’habiller une de ses filles. « Là, je suis coincé. Ma main gauche ne répond plus et je commence à me sentir mal, au point de m’appuyer sur le placard pour ne pas tomber. Mon mari entre dans la pièce et voit que mon visage est figé. Je pouvais parler mais tout le côté gauche était paralysé. Une ambulance l’emmène au CHUV, où elle est prise en charge pendant un accident vasculaire cérébral (AVC).

Une pathologie qui touche environ 20’000 personnes chaque année en Suisse et dont l’âge moyen d’apparition est de 75 ans. Sonia Freda Tschumy n’avait que 38 ans (lire l’encadré). C’était en 2008 et, depuis, elle est hémiplégique, souffre de fatigue chronique et de difficultés cognitives (attention, concentration, mémorisation).

«J’ai surtout eu d’énormes douleurs fantômes lors de mon hospitalisation, comme des coups de couteau et des brûlures», décrit le Lausannois. Cela m’a fait crier. Heureusement, j’ai été pris en charge par une excellente équipe de neurorééducation au CHUV et par Muriel Burkhard, une kinésithérapeute qui a su me faire bouger. La douleur a disparu et j’ai recommencé à marcher.

Surveillez les panneaux d’avertissement

Si Sonia Freda Tschumy témoigne aujourd’hui dans le cadre de la Journée mondiale de l’AVC, c’est parce qu’elle est convaincue d’avoir inconsciemment ignoré un panneau d’avertissement. Rappelons-les : difficultés d’élocution, problèmes visuels, problèmes d’équilibre, maux de tête ou encore problèmes moteurs comme une hémiplégie ou des engourdissements.

«J’ai eu des sensations étranges dans la région de mon cœur. Cela a retenu mon attention mais c’est passé très vite donc je n’ai pas poussé le questionnement. Les médecins m’ont alors dit qu’il s’agissait d’un accident ischémique transitoire. Il s’agit ici d’une urgence, potentiellement annonciatrice d’un futur accident vasculaire cérébral.

A posteriori, les spécialistes évoquent également deux facteurs de risque qui auraient pu contribuer à l’accident vasculaire cérébral lui-même. Premièrement, une malformation cardiaque qui fait que le foramen ovale – le trou situé entre les deux oreillettes cardiaques – reste perméable. Une anomalie qui peut être associée à un risque d’accident vasculaire cérébral si un caillot sanguin se forme. Et puis prendre une pilule contraceptive qui, de fait, augmente le risque de formation de caillot.

« Ce n’est pas un schéma automatique mais, dans mon cas, cela a provoqué un gros accident vasculaire cérébral. Le faire à 38 ans, c’est rare mais ça m’est arrivé. Quand je suis rentré chez moi, j’étais un étranger pour moi-même. J’ai vécu une période très difficile psychologiquement”, poursuit Sonia Freda Tschumy.

Après un épisode dépressif, elle participe à des réunions de l’association Fragile Vaudois (ligne d’assistance gratuite : 0800 256 256), dédiée aux patients traumatisés crânio-cérébraux. Des moments d’échange qui lui ont fait prendre conscience que d’autres personnes vivaient la même épreuve : « J’ai repris confiance au point de démarrer des activités bénévoles dans deux associations, Elles Entr’Aide et Palabres. Ne pas être seul face à mes difficultés m’a probablement sauvé.

Les jeunes sont-ils de plus en plus touchés ?

La proportion d’accidents vasculaires cérébraux touchant les personnes de moins de 40 ans est faible. En 2022, l’Observatoire suisse de la santé a enregistré 456 cas chez les 20-39 ans contre 10’222 cas chez les 70-89 ans. Des proportions qui sont stables depuis une quinzaine d’années même si le nombre total de cas augmente en raison du vieillissement de la population.

Au CHUV, Patrik Michel, médecin-chef du Centre vasculaire cérébral, constate que le nombre d’accidents vasculaires cérébraux chez les jeunes adultes est « en légère augmentation depuis cinq ans » mais qu’il connaissait auparavant « une légère baisse ». Pas de tendance générale à la hausse, donc.

Le spécialiste observe surtout que « chez les jeunes, l’accident vasculaire cérébral est non seulement moins attendu, et donc parfois diagnostiqué tardivement, mais son caractère invalidant a souvent plus d’impact avec un handicap qui peut durer des décennies et empêcher l’individu de reprendre le travail ou de se soigner. de leur famille.

Pour cette tranche de la population, les causes peuvent être divisées en deux catégories, explique Patrik Michel. D’une part, “on retrouve les mêmes facteurs de risque vasculaires que chez les personnes âgées, c’est-à-dire l’hypertension, le tabagisme, le diabète, la sédentarité, l’obésité, l’excès de cholestérol, une alimentation déséquilibrée ou encore le stress.” Ces facteurs peuvent notamment provoquer l’athérosclérose, des plaques graisseuses qui peuvent bloquer les artères.

En revanche, il existe « des causes moins fréquentes, qui sont parfois dues à la malchance : la déchirure spontanée d’une artère du cou, une petite malformation du cœur, les hormones œstrogènes ou un cancer qui épaissit le sang ».

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Romaric Haddou est journaliste à la rubrique Vaud et régions depuis 2016. Il couvre notamment le secteur de la santé.Plus d’informations

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