Remettons les protéines végétales dans nos assiettes

Remettons les protéines végétales dans nos assiettes
Remettons les protéines végétales dans nos assiettes

En un siècle, la consommation annuelle de légumes secs par les Français est passée de plus de 7 kilos à moins de deux kilos. En consommant en moyenne 85,2 kilos de viande par an, nous augmentons l’empreinte carbone de nos assiettes en ce début de 21e siècle marqué par le réchauffement climatique. Alors que le Parlement légifère au nom de la souveraineté alimentaire du pays, le moment est venu de redécouvrir les lentilles, les pois chiches, les fèves et les haricots secs.

Pour ralentir le réchauffement climatique en cours, nous devrons réduire notre empreinte carbone quotidienne, ce qui implique de produire et de consommer différemment. Cela concerne également notre alimentation quotidienne. En France, comme dans d’autres pays développés, 60 à 70 % des protéines alimentaires consommées par l’homme proviennent d’animaux contre 30 % en moyenne mondiale. Or, l’empreinte carbone des protéines animales est élevée en raison des émissions de méthane imputables aux ruminants herbivores, mais aussi à l’alimentation essentiellement granivore servie aux porcs et aux volailles. En conséquence, la production de viande représente environ 14,5 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) dans le monde.

On consomme trop peu de protéines végétales en France

Manger moins de viande et plus de protéines végétales comme les lentilles, les haricots, les pois chiches et les haricots secs est une voie à suivre sans tarder. Car ces graines sont riches en protéines et leur culture nécessite peu d’engrais, puisque leurs racines captent l’azote contenu dans l’air pour le transformer en engrais. Selon une enquête de l’Observatoire national de l’alimentation végétale réalisée en 2022, 41 % des personnes interrogées considèrent les légumineuses comme la troisième Source de protéines derrière la viande et les œufs, mais devant le poisson. Or, la part des acheteurs fréquents de protéines végétales parmi ces mêmes personnes n’était que de 11 %. En France, la consommation moyenne de légumineuses par habitant est de 1,8 kilos au début du XXIe siècle, contre plus de 7 kilos un siècle plus tôt.

Sur une consommation annuelle de 65 000 tonnes, la France ne produit que 25 000 tonnes de lentilles. Une grande partie des importations proviennent du Canada, où sont utilisés des produits de traitement des cultures interdits en Europe. D’autres objectifs importés proviennent de Turquie, de Chine, voire de Russie avant le début de la guerre en Ukraine. Il existe pourtant en France des zones de culture réputées pour la qualité de leurs lentilles. Il s’agit notamment de ceux du Berry, du Puy-en-Velay en Haute Loire et de Saint-Flour dans le Cantal. La lentille est également produite dans d’autres régions et peut y être développée.

Contracter la production dans la prochaine loi agricole

Dans le cadre de la loi de modernisation agricole que prépare le gouvernement, on pourrait encourager la signature de contrats avec des cahiers des charges relatifs aux volumes et aux prix rémunérateurs entre producteurs et transformateurs de lentilles, pois chiches, haricots et haricots secs. De tels contrats existent depuis de nombreuses années entre des producteurs de conserves de légumes de plusieurs régions de France et la société Bonduelle qui les transforme puis les revend à des distributeurs, notamment de grandes marques.

Dans notre consommation moyenne de 85,2 kilos de viande par an, il y a 31,1 kilos de porc, viande et charcuterie incluses. Pourtant, les morceaux comme le bacon sont de moins en moins consommés en France et s’exportent à bas prix vers des pays lointains, à commencer par la Chine. Consommer des lentilles avec des lardons et du cassoulet nous permettrait de promouvoir ces morceaux en France et de réduire l’empreinte carbone de notre assiette en mangeant davantage de légumes secs dans des plats appétissants.

Souvenons-nous des pénuries de moutarde

La marque « Transitions », au pluriel, désigne « verres de vision » en France. Mais l’enseigne « Transition », au singulier, propose à ses clients des lentilles en bocaux « déjà cuites et prêtes à l’emploi ». L’entreprise a signé des contrats avec des producteurs partenaires dans plusieurs départements. Dans un communiqué publié mi-avril, cette enseigne d’épicerie a indiqué qu’elle « accompagne les producteurs français dans leur conversion à l’agriculture biologique et lance une boîte de lentilles vertes cultivées et transformées en France. Cette initiative vise à accompagner les agriculteurs français vers des pratiques agricoles durables tout en proposant une alternative nutritive et respectueuse de l’environnement. lit-on dans ce communiqué.

Si les moutardiers de Dijon avaient adopté une telle approche au lieu d’augmenter massivement les importations de graines de moutarde en provenance du Canada suite à l’accord de libre-échange appelé CETA et signé en 2016 entre ce pays et la Commission européenne, on n’aurait pas connu la pénurie de moutarde de 2022 dans les magasins français, suite à la sécheresse de 2021 au Canada. En matière de produits alimentaires, les accords de libre-échange présentent le triple inconvénient d’augmenter l’empreinte carbone de notre assiette, de fragiliser la situation économique de nos agriculteurs et de remettre en cause notre souveraineté alimentaire. Voici trois bonnes raisons de reprendre le contrôle de ces enjeux.

 
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