La lutte contre les punaises de lit pourrait connaître un virage écologique. Deux produits naturels sont presque aussi efficaces qu’un insecticide pour tuer ces bestioles, montre une nouvelle étude française.
Publié à 2h03
Mis à jour à 6h00
Dessèchement
Lorsqu’on est infesté de punaises de lit, il faut désinfecter les tissus à l’eau très chaude et traiter les murs.
Ces traitements peuvent être effectués avec des insecticides chimiques, avec des produits qui dessèchent les insectes ou avec de la terre de diatomées, fossiles d’algues très pointues.
C’est une molécule asséchante naturelle que Pascal Delaunay, du CHU de Nice, a identifiée.
« Les sols de Sommières sont utilisés en France pour [chasser] taches de vin et de graisse car il est très absorbant», indique M. Delaunay, l’auteur principal de l’étude publiée l’été dernier dans la revue scientifique Parasite. « En discutant avec des collègues, nous nous sommes demandés si cela pouvait être utilisé contre les punaises de lit. »
1/2
Les parasitologues niçois ont testé trois produits : un insecticide séchant professionnel appelé dioxyde de silicone, de la terre de diatomées, qui lacère les insectes, et de la terre de Sommières. Le premier produit était efficace à 100 % lorsque les punaises de lit y étaient exposées pendant 10 minutes. La terre de diatomées et les Sommières étaient efficaces à 85 %, 10 jours après les 10 minutes d’exposition.
C’est une performance très similaire. Le dioxyde de silicone est un produit professionnel qui peut être dangereux pour la santé respiratoire, et la terre de diatomées est également problématique pour les personnes ayant déjà des problèmes respiratoires. Nous pensons que les terres de Sommières doivent être utilisées par des particuliers, voire par des exterminateurs.
Pascal Delaunay, CHU de Nice
Les chercheurs ont également vérifié si un bug exposé aux produits « contaminait » ses pairs, un test appelé « transfert horizontal ». Dans ce cas, la terre de Sommières s’est révélée moins efficace, avec une mortalité par transfert horizontal de 65 %, contre 90 % pour la terre de diatomées et 97 % pour le dioxyde de silicone.
L’ABC du pays de Sommières
Le terroir de Sommières a été décrit scientifiquement pour la première fois au début du XIXème siècle.e siècle par les géologues français. C’est une argile ultrafine. Dans un premier temps, il fut utilisé par l’industrie textile, puis par les pharmaciens.
On l’appelle aussi « sépiolite », « savon de Fès » et « marne nettoyante », selon l’Office de tourisme de Sommières, village situé près de Montpellier. La mine d’origine était située dans le village voisin de Salinelles, mais la terre était expédiée par train depuis Sommières. La mine des Salinelles a fermé ses portes en 1981 et les terres de Sommières proviennent désormais du Maroc et d’Espagne.
Le point de vue d’un exterminateur québécois
La terre de diatomées est aussi utilisée au Québec pour lutter contre les punaises de lit, souligne Marc-André Canadian, un exterminateur de Montréal. « Nous avons également trois ou quatre produits chimiques. J’utilise souvent un produit chimique et de la terre de diatomées. »
« Il est intéressant de savoir qu’il existe de nouvelles options naturelles. Certains clients aiment mieux ça», ajoute M. Canadien, qui n’avait pas entendu parler du pays de Sommières.
Un problème croissant
Les punaises de lit sont un problème depuis l’Égypte pharaonique. L’arrivée du pesticide DDT pendant la Seconde Guerre mondiale a permis de résoudre temporairement ce fléau dans les pays riches, mais son interdiction pour cause de toxicité, à partir des années 1970, a remis les infestations sur le devant de la scène.
Le troisième millénaire a vu une augmentation annuelle de plus de 100 % des infestations dans les pays riches.
Une étude publiée en 2019 dans la revue scientifique PNAS a noté une augmentation de 700 % des visites aux urgences liées aux punaises de lit aux États-Unis entre 2007 et 2010. Selon la même étude, plus de 80 % des hôtels du pays de l’Oncle Sam ont connu au moins une infestation de punaises de lit. punaises.
Les hôpitaux ne sont pas épargnés, devant parfois fermer des lits pendant quelques jours pour venir à bout d’une infestation.
Apprendre encore plus
-
- 5 %
- Proportion de ménages américains confrontés à un problème récurrent de punaises de lit. Parmi les ménages à faible revenu, cette proportion est de 12 %.
Sources : PNAS et Journal d’entomologie médicale
- 20 %
- Proportion de ménages américains, chaque année, qui subissent au moins une infestation de punaises de lit
Source : Journal d’entomologie médicale
-
- 450 millions
- Coût annuel pour la société française (300 millions d’euros) des punaises de lit
Source : CONSIDÉRÉ