À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier voyage surtout en fuite, son bureau dans son sac à dos, à la recherche de sujets et de gens fascinants. Il s’adresse à tout le monde et s’intéresse à tous les horizons dans cette chronique urbaine.
Une grand-mère perd la mémoire et prend plusieurs fois ses analgésiques… Une adolescente consomme une drogue impure et arrête de respirer… Un inconnu inerte sur le trottoir a les lèvres bleues… Il existe un grand nombre de scénarios possibles d’overdose aux opioïdes. Avez-vous déjà pensé à vous procurer de la naloxone en pharmacie ?
Si vous avez un proche à risque, ce serait une bonne idée.
« Il est temps que tout le monde dans le monde apprenne à utiliser la naloxone, car les surdoses ne se produisent pas que dans les ruelles ! s’exclame Émilie Roberge, coordonnatrice des services locaux chez Spectre de rue, un organisme communautaire du Centre-Sud.
“C’est vrai qu’il y a des overdoses plus fréquentes chez les usagers réguliers de drogues qui vivent dans la rue, mais ces gens veillent déjà les uns sur les autres”, poursuit cet ancien travailleur de rue qui a commencé à patrouiller la place Saint-Louis à l’âge de 21 ans.
“Ils sont prévenus, ils ont une trousse, ils appellent le 911 ou viennent nous voir si quelqu’un ne va pas dans un parc près d’ici.”
Des trousses de naloxone sont disponibles gratuitement dans les pharmacies du Québec.
Louis-Philippe Messier
Démocratiser la naloxone
Autrefois réservée à l’usage des médecins et des ambulanciers paramédicaux, la naloxone s’est révélée si utile et si simple d’utilisation que, depuis 2017, tout citoyen québécois de plus de 14 ans peut en faire la demande gratuitement en pharmacie.
M.moi Roberge et son organisme offrent des formations pour démocratiser la naloxone.
Je suis allée en suivre un et… c’est simple comme bonjour à administrer !
La formation est principalement utilisée à des fins de préparation psychologique.
“Voir une overdose, une personne qui ne respire plus, c’est extrêmement stressant !” », commente Marjo, une pair aidante de Spectre de rue qui accompagne les usagers de drogues et qui a été témoin de ce drame à plusieurs reprises.
« S’entraîner à administrer la naloxone vous aide à vous préparer à ce qui va arriver. »
Pour ma formation, Émilie Roberge va chercher une fiole nasale et une dosette périmées (pour ne pas gaspiller l’antidote encore bon).
Elle frotte la fiole sur la table pour faire tomber le liquide coincé dans le bouchon avant de le casser.
Émilie Roberge me montre comment casser le bouchon d’un flacon de naloxone.
Louis-Philippe Messier
« Après avoir aspiré le liquide et éliminé l’air, on le pique et on l’injecte dans le muscle de la cuisse ou du bras », explique-t-elle.
Je manipule une seringue pour la première fois, maladroitement.
Je retire l’air de la seringue… que je ne suis pas à l’aise avec. Je préfère le spray nasal !
Louis-Philippe Messier
Dans une situation d’urgence, je serais plus à l’aise avec le dispositif à gousse nasale archinienne à utiliser.
“Attention, ça sort d’un coup !” prévient mon entraîneur.
Le piston de la nacelle résiste à la pression des doigts et cède brusquement.
Un petit nuage atomique de naloxone se forme instantanément dans l’air au-dessus.
“Dans le nez, il est absorbé par les muqueuses”, m’assure Mmoi Robergé.
Cette dose nasale est simple d’utilisation : le produit sort soudainement tel un petit nuage atomique dans la narine du patient.
Louis-Philippe Messier
Ces pods ne pèsent rien et ne coûtent rien.
Désormais, j’en porterai toujours dans mon sac à dos. Et vous voudrez peut-être aussi en garder sur vous au cas où.