Petit Emile, Le Grêlé, Dupont de Ligonnès… Que révèle notre fascination pour l’actualité ? – .

Petit Emile, Le Grêlé, Dupont de Ligonnès… Que révèle notre fascination pour l’actualité ? – .
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Le JDD. Émile, Le Grêlé, Xavier Dupont de Ligonnès : c’est indéniable, les Français sont passionnés par l’actualité. Que dit de nous cet appétit pour ces histoires singulières et violentes ?

Alain Bauer. C’est l’histoire de l’humanité qui se déroule, car la mort fait partie de la vie. Sans « l’actualité », le théâtre antique, l’opéra, le roman, le cinéma, la télévision, le quotidien local ou le JDD seraient bien vides. À partir d’annonces du Forum ou d’affiches anciennes, les gens commentaient la criminalité et sa répression. L’affaire Troppmann en 1869 donne lieu à la création d’un feuilleton quotidien qui fascine l’opinion publique. l’affaire Calas, l’affaire du poison ou encore le collier de la Reine. L’extraordinaire attire l’opinion.

Les affaires criminelles sont-elles fascinantes parce qu’elles reflètent le côté obscur de l’âme humaine ?

Sans aucun doute. Le risque de passer à l’acte pour l’animal qui sommeille chez l’homme suscite l’intérêt, l’horreur, la passion.

La plupart des faits divers, disons-le, sont rarement rapportés, ou seulement par la presse locale. Toutefois, certaines « émergent » au point de prendre une dimension sociale. Comment expliquer ce phénomène ?

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Souvent parce qu’un enfant est impliqué. Parfois en raison de l’ampleur du nombre de victimes. Ou le côté spectaculaire du crime. L’absence d’autres événements peut aussi expliquer un engouement passager. Lorsqu’elle devient durable, les ressorts de cette fascination nécessitent une véritable énigme, une disparition, un événement qui dépasse l’action initiale.

Que vous soyez puissant ou misérable, rien ne vous protège du drame. N’est-ce pas précisément la transgression sociale qui suscite le plus d’émotion ou de désapprobation ?

Je ne pense pas que ce soit décisif. Au contraire, le drame des puissants attire davantage l’opinion publique pour des raisons contradictoires et pas toujours empathiques. Puis, la période de l’enquête, les révélations sur la vie privée des victimes (on se souvient du drame de l’affaire Empain), construisent de sombres légendes qui perdurent.

« Le drame des puissants attire l’opinion pour des raisons contradictoires et pas toujours empathiques »

Que dire de la fascination non plus pour le fait divers lui-même, mais pour l’auteur des crimes. Cette sorte de sacralisation des criminels n’est-elle pas dangereuse ?

Sans aucun doute, mais le syndrome de Robin des Bois conduit souvent à confondre criminel et héros, terroriste et résistant, mythification et mystification. Il est plus difficile de représenter les victimes, notamment dans la fiction, et celle-ci remplace souvent la réalité dans l’imaginaire collectif.

Les grandes affaires révèlent aussi de grands avocats. Comment contribuent-ils à cette fascination pour l’actualité ?

Moins que vous ne le pensez. Nous nous souvenons peu de Maître de Moro-Giafferri et bien plus de Robert Badinter. Au-delà de leurs clients, nous nous souvenons des avocats des grandes causes.

Aucun témoin. Aucun indice. Aucune plausibilité non plus entre le lieu et l’heure du drame. Pire, l’assassin semble avoir disparu… Le crime parfait existe-t-il ?

Sans aucun doute. Temporairement, sans doute. Des milliers de personnes disparaissent chaque année sans laisser de trace. Très peu de corps ont été retrouvés. Il y a encore trop peu d’identification du « sous X ». La probabilité d’une surmortalité non enregistrée est donc plus probable que l’inverse. DONC….


*Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), professeur associé à l’Université Fudan de Shanghai et chercheur principal au sein du Centre du Terrorisme du John Jay College of Criminal Justice à New York. Il a publié une soixantaine d’ouvrages sur les questions de sécurité, de criminalité et de terrorisme, dont Au bout de l’enquête – Saison 2. Les plus grosses affaires pénales scrutées publié par First.

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« À la fin de l’enquête. Saison 2. Les plus grandes affaires pénales passées au crible », Alain Bauer et Marie Drucker, Premières Éditions, mars 2024, 336 pages, 19,95 euros.

© Premières éditions

 
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