En vidéo – Face à son bilan carbone, le cinéma cherche sa ligne verte

En vidéo – Face à son bilan carbone, le cinéma cherche sa ligne verte
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Publié le 29 avril 2024 à 12h45 / Modifié le 29 avril 2024 à 12h54.

L’écran, la lutte et les résultats. Les calculateurs d’empreinte carbone des productions audiovisuelles (du film aux séries, en passant par les émissions de télévision) se multiplient en Europe depuis plusieurs années. En , la ZürcherFilmstiftung et la SSR ont lancé conjointement Green Shooting. Depuis le 1er avril, la fondation zurichoise demande aux entreprises de production un rapport sur les émissions générées par la production, à soumettre à sa bourse de financement.

Le Centre national du cinéma (CNC), en , s’est également saisi du sujet. A partir du 1er janvier, les créations audiovisuelles souhaitant obtenir un soutien doivent réaliser un bilan carbone prévisionnel ainsi qu’un bilan final. « Le constat du CNC est de dire qu’on ne peut pas réduire ce qu’on ne peut pas mesurer. Les productions sont désormais tenues de partager leur bilan environnemental, d’agréger les données », explique Lucas Boubel, responsable carbone d’Ecoprod. Cette association française née en 2009 a développé Carbon Clap, un autre outil de mesure destiné aux productions audiovisuelles.

L’empreinte carbone du cinéma dépend aussi de son budget

Comment mieux estimer l’empreinte carbone des films ? Le chemin est encore long. En France, on constate que la nouvelle politique du CNC donne déjà des résultats plus affinés. Par exemple, Ecoprod recense plus de 6 000 projets analysés depuis le 1er janvier. « Il y a une vraie intensification : en 2023, entre 300 et 400 projets par mois étaient soumis à CarbonClap. Depuis janvier, nous en recevons environ 800 par mois.

Des données qui ont permis à l’association de publier les premiers chiffres concernant les émissions liées aux productions audiovisuelles. « Un film au budget moyen émet en moyenne 188 tonnes de CO2, explique Lucas Boubel. Ces données peuvent cependant contenir un biais, admet-il volontiers : « les chiffres dont nous disposons sont ceux de productions qui ont fait un effort d’écoproduction. Nous n’avons pas vraiment de visibilité sur les autres projets.

En Angleterre, une étude anglaise réalisée par la British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) estime que la moyenne annuelle des émissions est de 12,8 tonnes de CO2e par heure produite. Des résultats qui incluent à la fois de grandes productions cinématographiques et des émissions de télévision moins énergivores. Mais c’est surtout la répartition des émissions qui est intéressante : les transports et les espaces de tournage représentent les plus grosses parts d’émissions.

Une tendance également observée en Suisse selon les données rapportées par Green Shooting, qu’analyse Christine Woolgar, responsable de la stratégie et de l’innovation pour la production médiatique chez SRF : « La Suisse étant assez petite, les distances sont généralement courtes. Cependant, les émissions liées aux voyages et aux transports représentent toujours la plus grande partie de notre empreinte, quelle que soit la production. En outre, la Suisse a la chance « de disposer d’un bon mix énergétique. L’empreinte énergétique de notre production est donc plutôt bonne.

L’institut britannique BAFTA s’est également penché sur les grandes productions cinématographiques. L’organisation estime qu’« un film doté d’un budget de plus de 70 millions de dollars génère 2 840 tonnes d’équivalent CO2 ». Un budget proche de films comme Basterds sans gloire Ou Ne cherchez pasmais qui est loin d’être le dernier Avatar (460 millions de dollars) ouAvengers : Fin de partie (400 millions). Or, le budget d’une production est un élément central dans l’estimation de son impact environnemental. Autrement dit, plus le film est cher, plus son empreinte carbone est importante, révèle une étude réalisée pour l’Université de Caroline du Sud à l’automne 2023.

Cette corrélation entre budget et empreinte carbone est également observée par Carbon Clap : « Les grosses productions émettent plus parce que les appareils sont plus importants. Un tournage, c’est une petite ville qui se déplace, qui mange et qui loge. Donc plus il y a de monde, plus c’est important », constate Lucas Boubel. Or, « la mesure carbone ne mesure que le carbone », regrette-t-il « on pourrait s’intéresser aux impacts sur la biodiversité ou à la question de l’eau ».

Un nouveau métier et de fausses solutions

« Pour que l’écoproduction fonctionne, c’est le résultat d’un travail commun entre la production, le réalisateur et le directeur de production qui doit être convenu au passage », explique Lucas Boubel. Ce triptyque peut aussi s’appuyer sur quelques transformations du secteur, qui ont permis, avec l’arrivée des calculateurs de CO2, de voir apparaître des solutions :

  • Embauchez des consultants pour promouvoir des alternatives plus respectueuses de l’environnement. « Le responsable d’éco-production est un métier qui est en train d’émerger. C’est la personne qui prend en charge le volet environnemental du film. Quand les productions adoptent ce métier, on constate que le résultat final est meilleur », constate-t-on chez Ecoprod.
  • Décarboner l’énergie des lieux de tournage: « Se passer de groupes électrogènes est l’un des leviers qui ont le plus d’impact », explique par exemple Lucas Boubel. En effet, selon une étude réalisée par Ecoprod, supprimer le groupe électrogène diesel et adopter une énergie majoritairement composée de branchements de filières, complétée par une solution batterie permettrait de réduire ce poste d’émissions de 94%. Un des plus gros leviers d’action, avec le passage à des repas majoritairement végétariens (réduction de 76 % des émissions de CO2).
  • Limiter les transports, l’une des plus grandes sources d’émissions. Pour limiter le budget carbone d’une production, les tournages en studio peuvent permettre de limiter les déplacements.

Mais attention, certaines technologies en développement peuvent avoir un impact bien plus important qu’estimé : « dans certains studios de production, de grands murs LED remplacent les fonds verts. Nous l’avons utilisé pour la série Le Mandalorien Par exemple. Les acteurs sont directement filmés dans un décor : les artistes sont plongés dans des lumières en cohérence avec le reste du décor. En revanche, la consommation énergétique est gigantesque : sur un tournage que nous avons analysé, un ensemble d’écrans LED avait une demande énergétique quotidienne équivalente à deux semaines de tournage en extérieur », précise Lucas Boubel.

 
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