Nous sommes juste un peu en dehors du centre hyper-touristique, tout près de la rue du Midi. Impossible de réserver ici, il faut donc arriver tôt ou faire la queue. Et je n’aime pas vraiment les files d’attente. Il s’avère que Nuetnigenough ouvre très tôt, alors je demande à Carlo s’il aimerait manger un jambon comme collation. Il est probablement le seul de mes amis à pouvoir répondre favorablement à ce genre de demande. 17h10, nous sommes attablés. A notre gauche, un touriste américain prend une photo de sa bouteille de bière. A droite, un Japonais. Bon sang, nous ne sommes pas les premiers. Le moment où nous commandons un Saint Lamvinus de Cantillon (6 € le verre) et bavons un peu devant la carte, il est 17h26 et nous sommes déjà neuf au restaurant. Je ne vais pas prolonger le suspense : à 17h52 c’était complet et à 18h15 la file d’attente commençait.
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Dans l’assiette
Revenons au sujet. Au menu, des petites choses à partager autour d’un verre puis des entrées, des plats et des desserts. Et l’équivalent d’un annuaire téléphonique est la liste des bières. On sirote notre Cantillon avec de parfaites croquettes de porc effiloché sauce BBQ (11 € les 4) et des rillettes de porc façon Zinnebier (9 €). De l’acide pour décomposer les graisses, je sais que d’un point de vue chimique ça n’a aucun sens mais niveau goût, c’est quelque chose. Pour l’entrée, on joue au bras de fer. Je perds, mais je choisis quand même (je fixe les règles) : gaufre stoemp au brocoli, saumon fumé et crème épaisse (18 €). La gaufre est un peu sèche à notre goût et aurait mérité plus de crème. Mais vu l’allure des plats qui arrivent, lorsqu’il s’agit de crème, on va être servi.
Carlo a donc pris le jambon glacé à la sauce miel-moutarde (28 €), sorte de petite montagne dodue, dont la chair se détache toute seule et qui frétille de la croupe au milieu d’une bassine de sauce moutarde. J’ai choisi un pain de veau rôti sauce Jack Pepper (26 €), un beau gros lingot de pain de viande ultra moelleux qui trône comme une île oblongue au milieu d’un océan de sauce très bien poivrée. Tout cela est délicieusement régressif et réconfortant. Et surtout très bien exécuté. Les cuissons et les assaisonnements sont si précis qu’on peut se concentrer sur l’essentiel, à savoir accompagner chaque bouchée d’un maximum de sauce, mais sans s’en remplir la poitrine. Tout le bol de frites (fraîches) y va et le charmant serveur nous propose spontanément une seconde tournée. Nous aurions pu avoir un stoemp ou des légumes en accompagnement, mais nous sommes de l’équipe « bœuf blanc passion ». Des gummies verts également pour la mayonnaise, faite maison, et la salade, qui n’est pas là pour décorer : grand bol de crudités fraîches servi avec un cornichon aux graines de moutarde.
Toujours dans l’espoir que l’acide dégrade les graisses, nous vous conseillons un Blond Sour, Phi des brasseries Alvinne (6,50 €). Nous le buvons lentement tout en apprenant à nos voisins espagnols l’art de manger des feuilles d’artichaut. Les guides de voyage conseillent évidemment de venir à Nuetnigenough tôt, à 18 heures et d’ailleurs, nous sommes les seuls locaux sur scène. Et même si la file se forme devant le restaurant, personne ne semble pressé que nous quittions la table pour les suivants. Et ça tombe bien car Carlo et moi récupérions juste un peu avant de partager un dessert, et pas le plus léger de la carte : le kouign-amann (11 €). Un petit truc aérien de Bretagne, composé de 40% de pâte, 30% de beurre et 30% de sucre. Celui-ci vient de Callier, une boulangerie à Uccle, et est servi avec une glace au caramel. On regrette qu’il ne soit pas frais ce jour-là, sans que cela gâche le plaisir.
Verdict
C’est donc à l’heure de l’apéritif que l’on quitte cette institution bruxelloise, le plein de nourriture. En dehors du circuit ultra-touristique, où l’on vous saute dessus en proposant des menus à 24 € (listériose parfois incluse), le Nuetnigenough est un endroit où il fait bon se détendre avec une des meilleures cartes de bières de la ville et un service vraiment au top. Et si tout n’est pas parfait dans l’assiette, le reste de l’expérience justifie totalement que l’on recommande d’aller casser le gras avec un peu d’acide.
Ou ? 25 rue du Lombard, 1000 Bruxelles, nuetnigenough.be
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