Entre ambition artistique et controverses culturelles

Entre ambition artistique et controverses culturelles
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Mardi dernier, les cinémas Megarama de Casablanca ont accueilli l’ouverture des « Nuits du cinéma saoudien », un événement étalé sur trois jours, du 24 au 26 de ce mois. Les organisateurs ont sélectionné le film « Al-Hamour HA » du réalisateur Al-Qurashi pour inaugurer ces soirées cinématographiques.

Ce long métrage, qui évoque chez les spectateurs des souvenirs vieux de près de vingt ans, trouve son inspiration dans une histoire authentique qui a circulé dans la société saoudienne au début du nouveau millénaire, sous le titre « HamourSawa ». Il raconte l’histoire d’un jeune homme qui parvient à accumuler une fortune colossale en jouant sur des cartes de recharge pour téléphones portables, trompant ainsi un grand nombre de personnes et finissant finalement derrière les barreaux.

Il est important de noter que « Al-Hamour HA » avait été présélectionné pour représenter l’Arabie Saoudite aux Oscars 2024, mais n’a malheureusement pas eu l’opportunité de continuer après avoir été exclu de la liste finale des films en lice pour le prix.

Il s’agit du film le plus ambitieux de l’histoire du cinéma saoudien, en raison de la complexité de son sujet. En effet, l’histoire du film retrace le parcours d’un agent de sécurité qui réussit à accumuler une fortune estimée à environ un milliard de riyals en un temps record. Il était donc important de montrer au public les différentes manières dont cet argent est dépensé, depuis les fêtes somptueuses et les événements sociaux jusqu’à la disponibilité d’argent liquide, de voitures de luxe et de palais. De plus, le grand nombre de lieux de tournage a également contribué à augmenter les coûts de production, avec plus de 160 lieux utilisés pour le tournage.

Le film s’appuie sur la voix narrative, racontant l’histoire du point de vue de Hamid (Fahd Al-Qahtani), mettant l’accent sur l’évolution progressive de son personnage. La notion de richesse rapide n’a pas changé sa nature fondamentale, mais plutôt son environnement matériel.

Il est à noter que le film mise beaucoup sur la nostalgie narrative, notamment avec l’apparition du premier téléphone portable équipé d’une caméra et son utilisation à cette époque. Nous sommes ici dans une période de plus de vingt ans, où le monde a connu de grands changements, même en ce qui concerne la musique, la mode et les tendances. Le film se concentre particulièrement sur le début du nouveau millénaire.

Au début du film, le recours au narrateur et un montage approfondi visent à accélérer les événements et à raccourcir de longues périodes, une stratégie théoriquement appropriée puisque le film donne l’impression de raconter une biographie massive et aux multiples facettes. Cependant, si le montage, sur le plan technique, était l’un des points forts du film, il ne justifiait pas les sauts dans le temps et les multiples montages, ne contribuant pas suffisamment à l’épanouissement du personnage principal. On est ainsi confronté à une série de scènes où le protagoniste raconte son histoire avec un montage qui condense les événements, entrecoupé de scènes faiblement interprétées révélant la confusion du texte et montrant un manque de cohérence entre le texte et le montage. De plus, la durée excessive du film, qui atteint près de deux heures, est due à de nombreuses scènes de remplissage illustrant la vie luxueuse du protagoniste, ainsi qu’à des angles de caméra ostentatoires, sans véritable objectif.

En marge des critiques :

Même si le film cherchait à explorer de nouvelles approches cinématographiques et à remettre en question les normes du public saoudien, il ne pouvait éviter de recourir aux clichés et aux images stéréotypées associées au Maroc dans le Golfe arabe. Une scène en particulier, que j’ai personnellement trouvée superflue et humiliante pour le pays hôte des « Saudi Cinema Nights », montre Marrakech choisie par les compagnons du protagoniste pour célébrer la conclusion d’un nouvel accord, suggérant que c’est le lieu idéal pour une vie sauvage et des soirées festives, le tout accompagné d’une mise en avant d’une danseuse à moitié nue dans l’une des discothèques.

Nous ne sommes pas favorables à la censure ou aux gardiens des intentions, mais nous sommes catégoriquement opposés à la stigmatisation d’une image controversée de notre pays, qui accueille l’événement à bras ouverts. Il est important de rappeler que sa civilisation s’étend sur des siècles et est l’une des nations les plus anciennes de l’histoire, avec une continuité culturelle, politique et dynastique remarquable et rarement observée… Il est déplorable qu’elle soit réduite à une scène désobligeante dans le film, dont profite ni le visiteur ni l’hôte.

Par Hassan Habibi

 
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