Trois pistes pour (enfin) éliminer la maladie qui tue 500 000 enfants par an

Trois pistes pour (enfin) éliminer la maladie qui tue 500 000 enfants par an
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Malgré les progrès enregistrés, la « fièvre des marais » continue de tuer plus de 600 000 personnes chaque année. La grande majorité des victimes du paludisme, transmis à l’homme par les piqûres de certains moustiques, se trouvent sur le continent africain.

« 76 % des victimes sont des enfants de moins de 5 ans, ce sont eux qui paient le plus lourd tribut », rappelle Sylvie Manguin, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), rattaché à l’université. de Montpellier. En cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, 20 minutes revient sur les trois principales pistes pour éliminer cette maladie également appelée paludisme.

Moustiquaires imprégnées

Comme les moustiques transmetteurs du paludisme piquent la nuit, les moustiquaires sont de puissantes alliées contre la maladie. « Dans les années 1980, le Français Pierre Carnevale a eu l’idée d’imprégner les moustiquaires avec des insecticides à base de pyréthroïdes », se souvient Sylvie Manguin qui ajoute « cette idée a sauvé beaucoup de vies ». Entre 2019 et 2022, le projet New Nets a livré des millions de moustiquaires imprégnées de deux insecticides pour lutter contre la résistance de certains moustiques au pyréthrinoïde.

« Ce sont des moustiquaires avec un type d’insecticide en haut de la fibre et un autre en bas de la fibre afin de tuer même les moustiques résistants à l’un de ces produits », explique le directeur de recherche. Selon les promoteurs du projet New Nets, cette initiative a permis d’éviter environ 13 millions de cas et près de 25 000 décès en trois ans. « Les technologies ont beaucoup évolué, constate Sylvie Manguin. Avant, nous avions des tablettes et des seaux d’eau et nous y trempions les moustiquaires. Aujourd’hui, au cœur même de leur fibre, ils renferment des molécules insecticides. » De quoi permettre à toujours plus de personnes de se protéger des piqûres de moustiques.

En route vers la vaccination

Mais pour se protéger, rien ne vaut les vaccins. « Cela fait cent ans qu’on parle d’un vaccin contre le paludisme mais on est parvenu à le concevoir très récemment », souligne Sylvie Manguin. En 2021, le tout premier vaccin contre le paludisme, « RTS, S », est enfin recommandé par l’OMS. Puis fin 2023, l’organisation a donné son feu vert à un deuxième vaccin « sûr et efficace » pour les enfants, le R21/Matrix-M. « En tant que chercheur sur le paludisme, je rêvais du jour où nous disposerions d’un vaccin sûr et efficace contre le paludisme. Maintenant, nous en avons deux », s’est émerveillé le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

D’autant que “ces deux vaccins ont des niveaux d’efficacité très satisfaisants, autour de 75%”, se félicite Sylvie Manguin. Il est cependant difficile d’imaginer éliminer le paludisme en s’appuyant uniquement sur ces injections. « La capacité de production est relativement limitée pour le moment. De plus, les enfants doivent recevoir trois doses chacun puis un rappel », note le directeur de recherche. De quoi ralentir la couverture vaccinale optimale. D’autant que “avoir un vaccin, c’est bien”, ce n’est pas “la panacée” pour autant, rappelle Sylvie Manguin. “On l’a vu avec le Covid-19, les gens n’adhèrent pas forcément à la vaccination”, glisse-t-elle.

Éduquer pour mieux soigner

Alors que presque chaque minute, un enfant meurt du paludisme dans le monde, la prévention reste essentielle. Pour administrer le vaccin, il faut évidemment travailler à obtenir l’adhésion de la population. « La confiance, la religion… Pour mille raisons différentes, de nombreuses personnes refusent de se faire vacciner ou de faire vacciner leur enfant », rappelle Sylvie Manguin.

Cependant, de nombreux pays africains sont très impliqués. En mars, onze d’entre eux se sont engagés à « mettre fin aux décès dus au paludisme » d’ici 2030. Fin janvier, le Cameroun, l’un des pays les plus touchés, a mis en œuvre la première campagne mondiale contre le paludisme. vaccination à grande échelle. « J’ai travaillé en Angola et ce sont les adultes qui dorment sous des moustiquaires, pas les enfants, même si ce sont eux qui risquent de mourir », se souvient Sylvie Manguin. Ils estiment qu’il faut se protéger des piqûres de moustiques pour éviter de tomber malade et ainsi continuer à travailler. »

Il est donc essentiel de sensibiliser la population alors que « près d’un demi-million d’enfants meurent chaque année en Afrique subsaharienne, leur système immunitaire n’étant pas assez développé pour combattre le parasite », rappelle-t-elle. Le directeur de recherche de l’IRD souligne cependant les progrès réalisés depuis plusieurs années : « Algérie, Argentine, Belize… Depuis 2015, treize pays ont été certifiés sans paludisme par l’OMS ! » L’organisation espère réduire le fardeau mondial du paludisme de 90 % d’ici 2030.

 
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