Trois maisons pour Tous à Montpellier accueillent cette semaine le spectacle itinérant du Théâtre des 13 vents. En adaptant sa pièce « Juliette et Roméo sont morts » dans des salles qui ne sont pas forcément destinées au théâtre, Céline Champinot rend plus accessible la création théâtrale contemporaine.
Même s’il existe un parking accueillant, un lieu tout aussi accueillant, et une navette qui attend devant le Multiplex Gaumont, franchir les portes du Centre Dramatique National de Montpellier, théâtre des 13 vents, peut paraître compliqué pour quelques. . L’itinérance d’une pièce créée spécialement pour s’adapter au plus grand nombre de lieux possible, jouée chaque année, enlève quelques excuses à ceux qui refusent de voir le théâtre contemporain.
En 2023, c’est Combats d’Adrien Béal qui a tourné dans les lycées et lieux polyvalents après Un Hamlet de moins des patrons du CDN, Nathalie Garraud et Olivier Saccomano. C’est encore Shakespeare qui nourrit la création choisie pour 2024 : Juliette et Roméo sont morts, de Céline Champinot. Près d’une dizaine de représentations ont déjà eu lieu, du lycée Champollion de Lattes, à la Maison pour Tous (MPT) Albert Camus, en passant par celle de Frida Kahlo. Cette semaine, les trois comédiens joueront dans trois MPT à Montpellier. “Je n’aurais certainement pas écrit la même pièce si je n’avais pas su à l’avance que nous allions jouer devant un public qui serait exclusivement composé de lycéens” confie Céline Champinot qui souligne, dans le MPT, une audience “hétérogène, ce qui n’est pas toujours le cas au théâtre”.
« Le carrefour d’une petite maison funéraire et d’un petit théâtre élisabéthain »
La scénographie de la pièce dialogue avec les lieux. Il s’agit de fournir un « une théâtralité assez élevée dans des endroits où on ne s’y attend pas » précise le réalisateur. Le public est accueilli en petit nombre. Il se déroule au plus près de l’espace scénique, conçu comme « le carrefour d’une petite maison funéraire et d’un petit théâtre élisabéthain ». Sur une petite estrade, trois cadres montrent les visages de trois adolescents que l’on voit adultes, en chair et en os. Ils racontent ici leurs souvenirs du club de théâtre du lycée, lorsqu’ils ont été exposés à la célèbre pièce Roméo et Juliette. Mais les acteurs iront jusqu’à s’imaginer à la retraite. Trois temporalités pour interroger l’intensité des tout premiers temps et l’intensité possible des derniers temps, lorsque la passion amoureuse rejoint la peur de la mort. Cette dernière fois fait référence à la vieillesse ainsi qu’au suicide dont il est question dans la pièce de Shakespeare et qui est évoqué dans le journal intime d’une des adolescentes. “Ce que je recherche, c’est ouvrir des mystères, poser des questions qu’on ne s’est pas posées” explique Céline Champinot. L’une de ces questions est la suivante : « Qu’est-ce qui, quand vous l’avez, rend les heures plus courtes ? ». On a le temps d’y réfléchir avant d’aller au spectacle.
