« J’ai directement vu le potentiel de ces machines »

« J’ai directement vu le potentiel de ces machines »
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Que ce soit lors de compétitions de ski, de cyclo-cross ou encore de sports mécaniques, vous avez peut-être déjà été surpris par la qualité des images filmées avec un drone. Ces caméras volantes peuvent-elles devenir indispensables à la production d’événements sportifs ?

Les sports qui l’utilisent déjà ont tous un point commun : la notion de mouvement. Le drone permet de suivre très rapidement les sportifs, il est donc plus judicieux de l’utiliser dans les sports où il y a du mouvement, surtout s’il est spectaculaire. Anthony Forestier, directeur de Paris-Nice, confirme : «Nous suivons des coureurs que nous n’avons jamais suivis à de telles vitesses. Pour moi, ce sont les sports en mouvement qui nécessitent le drone.»

C’est en 2015 qu’un drone est utilisé pour la première fois lors de la Coupe du monde de ski alpin… mais cela aurait pu être la dernière. Lors de la descente de Marcel Hirscher à Madonna di Campiglio, un drone s’est écrasé sur la pente à quelques centimètres du skieur autrichien. Le dispositif a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années pour des raisons évidentes de sécurité. Avant de réapparaître il y a deux ans avec des règles plus strictes. “On ne se permet jamais d’être au dessus du sujet qu’on va filmer mais on pourrait être au bord de la piste avec une zone de sécurité» explique Martin Bochatay, pilote de drone professionnel.

Spectaculaire : un drone s’écrase tout près du skieur Marcel Hirscher ! (VIDÉO)

Quelle nouveauté cela apporte-t-il ?

Pour ce fournisseur d’images à couper le souffle, la qualité première de ces machines est l’immersion : «Nous emmenons le spectateur avec le sujet que nous filmons. En ski alpin par exemple, on est à la hauteur des skieurs, on ressent davantage ce que vit l’athlète dans les moments chauds.»

Anthony Forestier évoque la sensation de vitesse : «J’ai entendu quelques cyclistes en parler et il semble qu’on soit très proches des sensations des coureurs sur leur vélo. Nous sommes encore plus conscients des performances grâce à ces drones. Je trouve qu’en terme de sensations et de subjectivité ce sont des outils très intéressants.»

Si ces petits bijoux technologiques équipés d’une caméra apportent une perspective différente, ils permettent aussi de moderniser certaines disciplines selon Martin Bochatay : «Ce sont des sports qui sont filmés depuis 30 ou 40 ans de la même manière. La technologie a évolué et nous rajeunissons la manière de filmer.»

Le commentateur de cyclisme et de ski sur Eurosport, Guillaume Di Grazia, va dans le même sens. “Le drone apporte quelque chose à l’image et à la manière de raconter le sport.»

Une autre qualité importante du drone est son aspect écologique. Martin Bochatay explique en quoi cette arrivée est positive : «Il y a des compétitions où un hélicoptère vient pendant cinq heures filmer les skieurs dans la montagne. Sur les drones, il y a des batteries au lithium et on sait très bien que ce n’est pas le matériau le plus écologique mais on a quand même réduit l’impact.»

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Tout n’est pas rose

Guillaume Di Grazia est commentateur pour Eurosport. ©Eurosport

Le drone a beau présenter de nombreux avantages, il a aussi des contraintes auxquelles il faudra s’adapter. Guillaume Di Grazia parle de la météo. “Pour certains sports, je prends l’exemple de la F1 ; s’il pleut trop, la course sera annulée. Nous avons déjà des problèmes de météo sans drone. En cyclisme, il arrive que l’avion relais ne puisse pas décoller, donc on est privé d’images de l’hélicoptère

Autre pierre d’achoppement : les autorisations. Martin Bochatay explique : «C’est un peu un bémol de la discipline pour les professionnels. Les démarches pour obtenir ces autorisations varient d’un pays à l’autre et nous coûtent beaucoup de temps. Il peut arriver que nous ne puissions pas nous retourner. Les organisateurs d’événements comme la F1 s’intéressent aux drones. Peut-être que ces entités pourront aider les professionnels dans leurs démarches.« Depuis 2021, il existe une réglementation européenne appliquée par tous les membres de l’UE. Pour voler dans d’autres pays, vous devez contacter l’aviation civile locale.

Si l’hélicoptère est plus polluant, il peut voler plus longtemps. Pour Guillaume Di Grazia, le drone doit être entouré d’autres caméras : «Il n’a pas l’autonomie d’un hélicoptère donc on ne peut pas imaginer demain une course cycliste réalisée entièrement par des drones.»

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Quel avenir pour le drone ?

Le drone n’est pas encore parfait mais il est considéré comme un objet d’avenir dans le secteur audiovisuel. Guillaume Di Grazia fait partie des commentateurs enthousiastes. “C’est le début du drone et il ne s’arrêtera pas. Cela fait partie des différentes innovations qui ont révolutionné l’histoire de la télévision et aujourd’hui du numérique. Nous n’y retournerons pas. Il y a encore des progrès à faire en termes d’image mais cela va progresser très vite.»

Jean-Charles Vankerkoven est réalisateur TV, notamment pour TF1. ©DR

Le but du drone n’est pas de remplacer les caméras mais d’offrir un autre point de vue, un autre angle, comme l’explique le réalisateur belge Jean-Charles Vankerkoven : «Pour la compréhension et le confort du spectateur, nous garderons les fondamentaux. Il y aura toujours une base conventionnelle à laquelle s’ajouteront des outils disponibles en production qui rendront l’expérience plus complète.

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Le football devra attendre

S’il semble indéniable que le drone apporte une valeur ajoutée aux sports en mouvement, les sports collectifs comme le football ou le rugby peuvent-ils espérer bénéficier de ses bienfaits ? Guillaume Di Grazia, est dubitatif : «Il y a des sports qui en bénéficieront moins car ils ont déjà des clichés super intéressants. Je n’imagine pas un drone au milieu d’un terrain de football à cinq mètres des joueurs. Un peloton, on sait où il va donc s’il y a une perte de balle, il y a un changement de direction.»

Jean-Charles Vankerkoven compare plutôt le drone aux spidercams (caméras aériennes) : «La spidercam est principalement utilisée lorsque le ballon est à l’arrêt, avant un penalty, un corner ou un changement de joueur. Lorsque le ballon est en circulation, il n’est pas beaucoup utilisé. Je pense qu’avec le drone ce sera à peu près la même chose.»

A Anderlecht, comme dans de nombreux clubs belges et européens, le drone est utilisé depuis cinq ans… lors des entraînements et de certains matchs amicaux : «C’est vraiment utile pour l’analyse tactique. Avoir une vue du ciel permet de voir où se trouve l’espace et de voir comment les joueurs sont positionnés.nous explique le club.

Le drone ne sera donc pas d’emblée un titulaire indiscutable dans les stades de football mais il est déjà un élément incontournable dans de nombreux autres sports.

Voici la répartition pour le titre de Pro League : un hélicoptère, deux podiums, un trophée et 60 médailles pour trois candidats.

Martin Bochatay, pilote de drone FPV : « J’ai directement vu le potentiel de ces machines »

Si le drone a le vent en poupe ces derniers temps, il ne serait rien sans ses pilotes qui travaillent dans l’ombre.

S’il y a une chose qui compte pour Martin Bochatay, c’est que la différence est faite entre un drone classique et un FPV (vue à la première personne). Il explique la distinction entre les deux machines : «Le drone FPV vole en immersion. Le pilote a les lunettes sur les yeux et voit ce que voit le drone. Quand je filme toutes ces disciplines, mon esprit est tourné vers les athlètes. J’en parle à la première personne, je fais croire à ma tête que j’y suis.»

Formation autodidacte

La difficulté d’être pionnier dans un domaine, c’est qu’il n’y a pas de formation. Le Français raconte comment il a appris à piloter des drones FPV : «C’était un entraînement intense. J’ai roulé tous les jours pendant deux heures dans des endroits très restrictifs comme les forêts. J’ai essayé de pousser mes réflexes au maximum tout en effectuant des mouvements souples afin de cadrer. Je me suis auto-formé en tant que pilote pendant près de deux ans.»

Le chauffeur travaille pour différents sports, que ce soit le ski, le VTT ou encore les sports mécaniques. La notion de mouvement est toujours présente mais Martin Bochatay imagine le drone dans d’autres disciplines. “Nous pourrions mettre le FPV dans l’athlétisme ou dans les skateparks. Les sports collectifs sur terrain me semblent plus compliqués. Tennis ? Je ne sais pas si ce serait vraiment intéressant. Le stade est déjà équipé de caméras dans toutes les directions.»

Spectaculaire : un drone s’écrase tout près du skieur Marcel Hirscher ! (VIDÉO)

Des appareils impressionnants

Pour suivre des athlètes aussi rapides que des skieurs ou des pilotes, il faut des machines performantes. “Nous essayons de toujours rester en dessous de deux kilos. Certains peuvent atteindre 200 km/h en moins de deux secondes. Il y a un rapport puissance/poids complètement fou. De ce fait, nous avons un temps de vol beaucoup plus limité. Les drones conventionnels peuvent voler environ 30 minutes, les nôtres durent quatre à six minutes.»

Derrière un drone qui nous apporte des images uniques, il n’y a pas qu’un pilote mais toute une équipe. Martin Bochatay revient en coulisses : «Il y a un deuxième pilote avec moi qui est mon « observateur ». Ce sont mes yeux au sol, il a toujours le drone en vue. Pendant le vol, nous sommes en contact et il me donne des informations sur ce qui se passe autour, notamment les obstacles. Le troisième membre est un technicien. Il prend en charge le signal vidéo pour que les images parviennent sans problème à la salle de contrôle vidéo et que les images soient parfaites. Une équipe dont le travail de l’ombre est essentiel.

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