De la Les Français chez les New-Yorkais : l’invitation n’est pas si anodine, d’autant plus que ces Les Français-il y a particulièrement mal connu des Américains. Certainement amateurs fous de peintres impressionnistes et surréalistes, ils connaissent peu l’importance de période après la Seconde Guerre mondiale pour l’art français, de naissance ou d’adoption.
Il faut le dire, on respire Thomas Schlessercommissaire invité de l’exposition, que « les États-Unis ont tout fait dans les limites Années 1950-1960 pour le faire disparaître au profit de leurs artistes nationaux. Ce n’est pas surprenant, car la guerre froide était aussi une guerre culturelle, conduisant même la CIA à soutenir et à promouvoir activement les artistes expressionnistes abstraits – comme l’emblématique Jackson Pollock -, avant le pop Art pousse son premier cri et marque de son empreinte l’art des années 1960.
Une période oubliée
Pourtant, des artistes aussi importants que les Français Georges Mathieu Et Pierre Soulagesle Portugais Maria Helena Vieira da Silval’Allemand loups ou le franco-norvégien Anna-Eva Bergman, tous dotés d’immenses talents, ont su passer sous le radar des amateurs d’art américains, hier comme aujourd’hui. Tous appartiennent à ça Nouvelle Ecole de Parisqui tire son nom du critique Charles Estienne et de son constat du fort dynamisme qui régnait à Paris en 1952la ville attire toujours des artistes du monde entier, qu’ils soient peintres ou sculpteurs, figuratifs ou abstraits.
L’exposition a donc été construite grâce à divers prêts, auprès de collectionneurs privés ainsi que de la Fondation Gandurce qui a permis au conservateur de construire un panorama complet de cette période, illustrant différents styles« gestuelle, tachiste, calligraphique, matérialiste… » : « Je voulais qu’on puisse faire venir à New York des artistes emblématiques de la New School de Paris, comme Soulages Et Zao Wou-Kiet des noms peu connus, voire totalement inconnus, comme Terry Haass Ou Geneviève Assé. » Tout cela, afin de dresser un portrait complet ; mais pas tout à fait neutre…
Les femmes à l’honneur
L’exposition s’est en effet construite autour d’une mission : mettre en valeur les femmes qui a agi au cœur de l’aventure de la Nouvelle Ecole de Paris. « J’ai voulu montrer les actrices féminines de cette Nouvelle Ecole de Paris », poursuit le commissaire. Mais quand je parle de ces actrices, ce n’est pas tant le artistes femmes (même s’il y en a quatre) que les galeristes Et Commentaires des femmes qui ont construit, soutenu, promu ce moment de l’histoire de l’art. »
Le parcours est ainsi séquencé en cinq chapitresqui portent tous le titre d’une citation d’une critique : « Un rêve qui paraît ambitieux, inhumain peut-être » (Marie Raymond), « L’esprit d’un ordre nouveau » (Madeleine Rousseau), « Un tableau redevenu chanson. » (Suzanne Tenand)… Et se termine par le portrait de trois galeristes, Lydia Conti, Colette Allendy Et Myriam Prévot, dont les adresses rue d’Argenson, rue d’Auteuil et rue Saint-Honoré ont marqué cette période de l’art d’après-guerre. Chacun a tenu à mettre en valeur des artistes tels que Hans Hartungle groupe Cobra Ou Serge Poliakoffet de s’investir pleinement dans leur défense – Myriam Prévot, très attristée par l’échec de deux expositions Hartung aux Etats-Unis, étant allée jusqu’à se suicider de tristesse en 1977.
Un point de départ ?
« Grâce à une collaboration exceptionnelle avec les Archives de Critique d’Art et au travail de documentation de Fondation Hartung-Bergmans’enthousiasme le commissaire (directeur de la fondation précitée), on expose lettres, photographies et magazines d’époque extraordinaire, unique, sans précédent. Nous redonnons une cohérence, un visage et surtout leur voix intellectuelle et conceptuelle à des personnalités comme l’historienne et critique d’art Madeleine Rousseau ou la galeriste Myriam Prévot. »
Thomas Schlesser, également auteur du roman Les yeux de Mona chez Albin Michel, immense succès de librairie, termine en évoquant le documentaire de 52 minutes co-réalisée avec Stanislas Valroff sur le sujet : « C’est donc une exposition où il y a beaucoup de matériel historique et, en même temps, une créativité curatoriale que j’espère audacieuse. En tout cas, les choses se mettent en place pour lancer une grande exposition muséale sur ce thème aux Etats-Unis ! » Parole aux sages…
La Nouvelle École de Paris à travers ses femmes pionnières (1945 – 1964)
Du 13 avril 2024 au 23 mai 2024
notice.perrotin.com
Perrotin – New York • 130 Orchard Street • 10002 New York
www.perrotin.com
Par Thomas Schlesser
Éd. Albin Michel • 496 p. • 22,90 €