« nous devons économiser notre alimentation et protéger nos enfants » prévient un chercheur nutritionniste

« nous devons économiser notre alimentation et protéger nos enfants » prévient un chercheur nutritionniste
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l’essentiel
Ancien directeur de recherche à l’Inrae, originaire du Tarn et Garonne, le nutritionniste Christian Rémésy vient de publier aux éditions Thierry Souccar « Sauvons notre alimentation : à la table des citoyens », une réflexion passionnante sur nos choix politiques et alimentaires et sur la nécessité d’une « nutriécologie ». Entretien

En 180 pages d’une histoire puissante, vous racontez l’histoire de la nutrition humaine pour montrer comment l’avènement de l’agro-industrie a alimenté le désastre à la fois pour le consommateur et pour l’agriculteur. Comment êtes-vous passé de chercheur à lanceur d’alerte ?

Mes parents étaient agriculteurs près de Saint-Antonin-Noble-Val et j’ai grandi à la ferme. Après des études scientifiques à Toulouse, j’ai intégré l’Institut National de Recherche sur l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (Inrae) à Clermont-Ferrand où j’ai fini par devenir directeur de recherche, spécialiste de la nutrition. humain. J’ai donc été témoin d’un changement sans précédent dans l’histoire de l’humanité. L’agriculture a cessé de produire des aliments non transformés ou peu transformés distribués sur les marchés locaux et a commencé à produire des matières premières pour l’industrie. Ces dernières en ont fait des aliments trop ou mal transformés. Résultat ? Cela a déséquilibré l’ensemble de l’alimentation humaine. Et le problème c’est qu’avec la complicité de la grande distribution, l’industrie agroalimentaire a pris le contrôle de notre alimentation.

« Les aliments trop transformés privent le microbiote intestinal des fibres et des constituants végétaux dont il a absolument besoin.
PC – Pierre Challier

Mais vous expliquez qu’elle ne nourrit pas son homme, pour ainsi dire…

Dans l’histoire de l’humanité, la chasse et la cueillette ont façonné notre système digestif, puis, il y a environ 10 000 ans, l’apparition de l’agriculture et de l’élevage a assuré l’approvisionnement en calories végétales et animales, grâce à une nouvelle disponibilité d’aliments naturels. Depuis des millénaires, le microbiote intestinal d’Homo sapiens joue un rôle déterminant dans la survie humaine. Cela lui permettait notamment de manger des produits végétaux peu énergétiques. Or, ce microbiote – qui joue un rôle clé pour notre santé comme l’ont démontré les scientifiques – a été façonné par la diversité des aliments naturels constitués de matrices végétales complexes, issues des céréales, des légumineuses, des légumes et fruits, des graines et des plantes diverses. A l’inverse, une consommation élevée d’aliments trop transformés le prive des fibres et constituants végétaux dont il a absolument besoin et elle perturbe le comportement alimentaire de nos contemporains… Un milliard de personnes souffrent d’obésité dans le monde, sans compter le diabète, les maladies cardiovasculaires : l’humanité c’est apprendre à ses dépens qu’on ne met pas n’importe quel « carburant » dans un moteur, notamment dans notre corps, qu’il vaut mieux des huiles vierges plutôt que raffinées, des farines complètes plutôt que trop blanches. En 50 ans, le phénotype humain a en effet davantage changé qu’au cours des millénaires précédents et il s’agit donc désormais de protéger également nos enfants.

Une histoire puissante.
DR – DR

Que préconisez-vous pour sortir de la logique actuelle ?

Le besoin de manger avec de vrais aliments doit plaire à tous et c’est pourquoi je propose un « menu citoyen », simple, accessible à tous et respectant les besoins quotidiens afin de réduire la proportion d’aliments inutilement transformés. Un menu citoyen « de bon sens », avec ses crudités, ses légumes, ses féculents, ses produits d’origine animale, et autrement citoyen. Parce que ce qui est bénéfique pour votre santé l’est aussi pour les revenus agricoles, cette production de qualité implique en effet de revenir à des exploitations de polyculture à taille humaine, proches du client. Changer ses habitudes d’achat alimentaire devrait donc permettre l’émergence d’une nutri-écologie qui bénéficiera autant aux consommateurs qu’aux agriculteurs ou à l’environnement.

« Sauvons notre nourriture. » Éd. Thierry Souccar, 192 pages, 15 €.

 
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