Il était une fois… dans les montagnes

Il était une fois… dans les montagnes
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Le réalisateur français Gilles Perret retrace 50 ans de vie d’une ferme laitière de montagne à Quincy, en Haute-Savoie.

Les Bertrand, une famille d’agriculteurs de Haute-Savoie dont la saga s’étend sur cinquante ans devant la caméra de Gilles Perret. © Filmcoopi

Les Bertrand, une famille d’agriculteurs de Haute-Savoie dont la saga s’étend sur cinquante ans devant la caméra de Gilles Perret. © Filmcoopi

Publié le 16/04/2024

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Connu pour ses documentaires engagés mettant en lumière les luttes sociales, par exemple la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale (Walter, retour à la résistance2009) ou le mouvement des gilets jaunes (je veux du soleil, 2019), Gilles Perret revient avec un film plus personnel. Le cinéaste entend parler de ses voisins, les Bertrand, une famille de producteurs laitiers de montagne à Quincy en Haute-Savoie.

En 1997, alors qu’il est jeune journaliste, Gilles Perret prend une caméra et filme les Bertrand, trois frères célibataires qui exploitaient une ferme dans son hameau, alors qu’ils transmettaient leur domaine à leur neveu Patrick et son épouse Hélène. Caméra au poing, le réalisateur filme le quotidien des agriculteurs et réalise son premier documentaire : Trois frères pour une vie.

Vingt-six ans plus tard, Gilles Perret revient filmer la famille Bertrand avec laquelle il vit toujours. Cette fois, ce sont les robots de traite qui révolutionnent le travail à la ferme. Le cinéaste compare ses nouvelles images avec celles tournées en 1997 et complète le tout avec des images collectées en 1972 dans le cadre de l’exploitation lors d’un reportage télévisé. Sous son regard attentif défilent 50 ans de la vie d’une ferme de montagne. Entretien.

Vous êtes né et avez grandi dans ce hameau de montagne. Comment était la vie en 1972 ?

Gilles Perret : À cette époque, les gens gardaient encore leurs vaches dans les maisons. Il y avait une dizaine de fermes. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un. C’est donc assez emblématique de l’évolution de l’agriculture… Sauf que dans nos montagnes l’agriculture est prospère car c’est une zone d’appellation d’origine protégée (on y fabrique du reblochon, ndlr) où l’on fait du protectionnisme avec des règles de production spécifiques. Si TV s’est intéressée aux frères Bertrand en 1972, c’est parce qu’ils furent les premiers à construire une étable moderne à stabulation libre.

En 1997, vous avez pris une caméra pour filmer ces trois frères. Pour quoi?

Je ne viens pas du monde de la culture, je suis allé au cinéma pour la première fois à 13 ans (rires). Après un diplôme en électronique dans une école d’ingénieur, j’ai commencé à travailler à la télévision locale. Je me suis formé sur le tas comme on dit. Je voulais donner la parole aux gens mais sans avoir une perspective analytique. Je connaissais les Bertrand depuis longtemps et je savais que derrière leur voyage se cachait une belle histoire, presque romantique. Je décide de les filmer alors qu’ils prennent leur retraite. C’était un geste assez naïf, mais le film a remporté quelques prix dans des festivals de documentaires, ce qui a lancé ma carrière.

“Même si nous avons grandi ensemble sur des tracteurs, c’est toujours difficile d’aborder des sujets intimes”
Gilles Perret

Filmer ses voisins, c’est naturel ou compliqué ?

En termes d’organisation et de coûts de production, c’est simple. En revanche, lorsqu’il faut aborder des sujets compliqués, par exemple le fait qu’aucun des trois frères n’a pu fonder de famille, c’est moins évident. Même si nous avons grandi ensemble sur des tracteurs, il est toujours difficile d’aborder des sujets intimes.

Votre film sort dans un contexte agricole troublé, en France et en Suisse. Pourtant, cela montre une paysannerie qui se porte bien… Vous a-t-on reproché d’embellir la réalité ?

Il existe en effet des régions où la production laitière est devenue quasiment impossible. Les gens là-bas nous ont dit que La ferme Bertrand cela ressemblait presque à une fable. C’est vrai que ce film est un rayon de soleil… Mais je l’accepte. Si ça marche dans nos montagnes, c’est parce qu’il y a des règles qui protègent les agriculteurs. Et si nous voulons continuer à produire notre propre nourriture, nous devons aussi protéger les agriculteurs des plaines. C’est un peu mon message d’espoir.

Les écologistes reprochent aux agriculteurs de ne pas prendre soin de la nature… Ces deux mondes sont-ils conciliables ?

Mon film se situe précisément entre les deux. Je pense qu’on peut réconcilier les deux camps même s’il est vrai que rien n’a été fait pour y parvenir. Même les agriculteurs qui pratiquent correctement l’agriculture se sentent attaqués. En fait, il existe de nombreux types d’agriculture différents et on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. Ce n’est juste ni d’un côté ni de l’autre.

Un film de Gilles Perret.

Durée : 1 heure 29 minutes

Âge : 8/8

A voir à Fribourg, Bulle, Payerne.

Notre avis : 3 étoiles

 
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