Louise a parfois honte d’avoir un cancer, comme si elle avait une maladie qui devrait être cachée. Elle estime pourtant que cela l’aiderait d’en parler, de briser ce tabou. L’assumer, en quelque sorte. Elle se demande comment surmonter ce paradoxe. Sophie Lantheaume, psychologue clinicienne de la santé à l’hôpital privé Drôme Ardèche, la conseille.
Sophie Lanthéaume : La maladie est en effet souvent associée à un sentiment de honte. Elle peut avoir plusieurs origines.
C’est peut-être la honte de perdre le contrôle de son propre corps. Un sentiment qui peut parfois s’accompagner de pensées stigmatisantes et fausses selon lesquelles, si l’on a développé un cancer, c’est parce qu’on n’a pas fait assez attention à soi ou qu’on a quelque chose qui ne va pas.
La honte peut aussi être liée au regard des autres. Même si le cancer est de plus en plus évoqué dans les médias, les patients rapportent toujours avoir des difficultés à se confronter à ces « autres » : les bien portants. Comme s’ils portaient en eux quelque chose de mauvais. Ce sentiment est d’autant plus important que le cancer et ses conséquences sont visibles. Cela peut conduire certains patients à se replier sur eux-mêmes, augmentant ainsi leur sentiment d’isolement et de solitude.
Pour accueillir ce paradoxe, vous pourriez, dans un premier temps, partager ces sentiments. Cela peut se faire au sein d’un groupe de patients qui vivent également l’épreuve du cancer, ou avec un psychologue. Vous pourriez ainsi parler des représentations que vous avez de cette maladie, discuter de votre honte de « révéler » cette partie de vous… Il y a peut-être d’autres sentiments, au-delà de la honte, dont vous pourriez avoir besoin. à exprimer par la peur de paraître vulnérable par exemple.
Ensuite, à votre rythme, vous pourrez vous confronter au point de vue de l’autre en suivant ce qu’on appelle en psychologie « l’exposition progressive ». L’idée est de procéder étape par étape. Vous pourriez commencer avec quelqu’un que vous ne connaissez pas ou que vous connaissez très bien. Il est en effet parfois plus facile de communiquer avec une personne avec laquelle il n’y a pas de problèmes émotionnels. Et, petit à petit, vous pourrez alors vous confier à des personnes plus proches de vous.
